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La reprise du MACBETH mis en scène par Frédéric Bélier Garcia ouvre la saison phocéenne

par Camillo Faverzani 3 octobre 2022
par Camillo Faverzani 3 octobre 2022

© Christian Dresse

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Ce Macbeth est une belle réussite pour l’ouverture de saison de l’Opéra de Marseille, avec une distribution de qualité et notamment une impressionnante Lady.

Entre Shakespeare et Fellini

Cette mise en scène du Macbeth de Verdi par Frédéric Bélier Garcia est bien connue du spectateur marseillais qui avait pu la découvrir en 2016. Cela n’a pas empêché la direction de l’Opéra de Marseille de la reprendre pour inaugurer sa saison 2022-2023 avec tous les honneurs et un public prestigieux : à l’entracte on a pu noter entre autres la présence de madame Christine Lagarde.

Se déroulant dans un décor unique, une grande salle de style Renaissance, plafond vitré aux carreaux cassés, l’action confère au lieu une nouvelle identité à chaque changement de situation. Lorsqu’il est censé représenter la forêt des sorcières, le délabrement des murs et la foule de figurants le font ressembler davantage à un asile de fous dont les costumes disparates évoquent quelque peu le célèbre défilé d’habits ecclésiastiques du film Roma de Fellini, même si les robes des principales intervenantes sont le plus souvent mal éclairées, donnant une impression d’inachevé. Une grande ouverture à l’arrière permet de recourir à plusieurs reprises aux ressources du théâtre dans le théâtre, notamment à l’acte III, quand les mêmes prophétesses s’y réfugient. Et c’est justement sur cette petite scène d’appoint, maintenant dans un environnement plus convenable, devant suggérer la demeure du couple Macbeth, qu’est tué le roi Duncano ; ce qui, pour rester chez Shakespeare, rapproche ce meurtre de celui que représentent les comédiens d’Hamlet dans L’Assassinat de Gonzague. Il est, en revanche, surprenant que ce même endroit n’accueille nullement l’apparition hallucinée des descendants de Banquo, l’un des moments les plus difficiles à rendre à la scène, tout comme les sorcières, que le réalisateur renonce d’abord à représenter, à l’acte II, et qu’il fait ensuite défiler de manière assez gauche, à l’acte III.

Les costumes de Catherine et Sarah Letellier renvoient essentiellement au XVIe siècle, alors que le mobilier, toujours très classique, mélange fauteuils Louis XV et Louis XVI, notamment à la scène du banquet du finale II.

Deux rivaux en constante progression

Sur le plan vocal, l’œuvre tarde quelque peu à se mettre en place. Sur le papier, Nicolas Courjal est un Banquo de luxe. Cependant, nous l’avons connu plus inspiré, même dans le répertoire verdien, et son personnage, initialement peu idiomatique, peine à se forger une identité et ce jusqu’à l’effroi du finale I où il s’épanouit enfin et bien davantage à la scène du complot de l’acte II où la profondeur de son interprétation et l’intensité du phrasé donnent tout son relief à la gravité de la situation.

De même, le Macbeth d’abord routinier de Dalibor Jenis, à ses débuts à Marseille, ne se révèle qu’à partir de la folie du finale II, très intense, son adagio de l’acte I n’inspirant pas tout à fait la peur. Et s’il est parfois à court de souffle, lorsqu’il revient chez les sorcières, son air de l’acte IV (« Pietà, rispetto, amore ») parachève une exécution en constante progression. 

Une Lady aux grandes ambitions

Tout change dès l’entrée de Lady Macbeth, incarnée par Anastasia Bartoli, aussi nouvelle dans la maison phocéenne que dans sa prise de rôle scénique, après un concert à Tokyo l’an dernier, même si la cantatrice se range résolument du côté belcantiste. Les intentions de Verdi quant à son héroïne diabolique sont bien connues, grâce à la fameuse lettre que le compositeur adressa à Salvatore Cammarano, lorsque son opéra allait être monté à Naples avec Eugenia Tadolini, la créatrice de son Alzira : Lady Macbeth doit être laide et méchante, et avoir une voix rauque, étouffée, caverneuse (la Callas y faisait des merveilles). Comme la Tadolini, la soprano italienne a une voix claire, limpide, puissante. Comme celle de la Tadolini, sa personne n’a rien d’inquiétant. Sa diction est exemplaire dès la lecture de la missive, ouvrant le récitatif de sa sortita, dont les aigus faciles sont admirablement placés et la rondeur des vocalises enchante, avant une cabalette s’inscrivant résolument dans l’héritage donizettien, surtout dans sa reprise. Royale dans un brindisi du finale II à l’accent arrogant, bien que dans le sillage d’une Lucrezia Borgia, voire d’un Maffio Orsini, elle campe un somnambulisme d’anthologie, au legato époustouflant.
Dans ses interventions aux côtés de son époux, on dirait même que l’émulation parvient à hisser ce dernier sur les mêmes cimes : tranchantes comme des dagues, ses « Follie » de l’allegro du premier duo laissent encore percevoir le décalage entre les deux chanteurs, cependant que la brève scène du début de l’acte II et le duo de l’acte III révèlent une plus grande complicité.
Sans polémique, si les “enfants de” ont parfois une ascension plus rapide dans le monde du spectacle, cela est moins vrai dans le milieu de l’opéra, sans concessions, et, franchement, ce soir notre interprète nous a bien démontré qu’elle n’a besoin de l’appui de personne pour percer. Nous ne pouvons que lui souhaiter une très belle carrière.

Associant une remarquable élocution et un physique avantageux, le Macduff de Jérémy Duffau, jadis Malcolm au Théâtre des Champs-Élysees en 2015, incarne un opposant très intériorisé, en particulier dans son air de l’acte IV, malgré quelques hésitations à peine perceptibles dans le haut du registre, agrémenté d’un allegro héroïque à souhait, grâce aussi au soutien du chœur et à la réplique que lui donne le Malcolm de Néstor Galván.

Sorcières et sicaires d’abord peu convaincants, c’est dans un « Patria oppressa ! » déchirant que le chœur donne libre cours à tout son talent, avant un finale radieux.

Paolo Arrivabeni est chez lui à Marseille où il a dirigé, toujours chez Verdi, Rigoletto dès 2006 et I due Foscari en 2015, et, s’il connaît le compositeur de Busseto sur le bout de sa baguette, il s’est également illustré dans Bellini et dans les Rossini et Donizetti français, ainsi que dans les répertoires allemand et russe. Malgré quelques tensions dans les cordes et une certaine lourdeur des cuivres, surtout pendant le prélude, il dirige la formation maison d’une main de maître, même si davantage d’éclat pourrait être attendu dans ce genre d’œuvre.

Les artistes

Macbeth : Dalibor Jenis
Banquo : Nicolas Courjal
Macduff : Jérémy Duffau
Malcolm Néstor Galván
Le Médecin/Une apparition/Le Serviteur de Lady Macbeth : Jean-Marie Delpas
Lady Macbeth : Anastasia Bartoli
Suivante de Lady Macbeth : Laurence Janot

Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Marseille, dir. Paolo Arrivabeni

Mise en scène Frédéric Bélier Garcia

 

Le programme

Macbeth

Melodramma en quatre actes de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei d’après Shakespeare, créé au Teatro della Pergola de Florence le 14 mars 1847 (version révisée de Paris, Théâtre Lyrique, 19 avril 1865).

Opéra de Marseille, samedi 1er octobre 2022

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Jérémy DuffauNicolas CourjalPaolo ArrivabeniDalibor JenisAnastasia BartoliFrédéric Bélier Garcia
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

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