À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Idomeneo à l’essentiel à Avignon

par Gilles Charlassier 28 mars 2022
par Gilles Charlassier 28 mars 2022
0 commentaires 0FacebookTwitterPinterestEmail
1,6K

Si Idomeneo n’a pas sur les scènes la fortune de la trilogie Da Ponte ou de la Flûte enchantée, il est cependant heureux que les salles tendent, ces dernières années, à lui redonner une place plus significative dans les programmations. Et cette saison se révèle fertile, avec pas moins de deux productions en deux mois. Après Metz, l’Opéra Grand Avignon propose une nouvelle mise en scène confiée à Sandra Pocceschi et Giacomo Strada, en résidence dans la maison vauclusienne pour deux saisons, et que l’on connaît – surtout pour le second – pour avoir longuement collaboré avec Romeo Castellucci. Le duo partage avec l’homme de théâtre italien cette sollicitation des arts plastiques pour façonner la narration et l’évocation dramatiques. De fait, les deux complices signent décors et costumes, rehaussés par les lumières tamisées de Giacomo Gorini, lesquelles n’interdisent pas cependant la lisibilité visuelle du plateau, avec quelques éléments vidéographiques ajoutés par Simone Rovellini.

L’argument de l’opéra de Mozart, dans lequel, au-delà de l’ancrage dans l’Antiquité hellénique, affleurent des motifs centraux chez le compositeur autrichien – en germe dans Lucio Silla déjà et qui trouvent un accomplissement ultime dans la Clemenza di Tito, tels la relation père-fils, le gouvernement par la bienveillance, l’importance du pardon – affirme une économie parfois délicate à traduire dans une véritable tension dramaturgique. La présente lecture a choisi de s’appuyer sur un remodelage permanent d’éléments scénographiques signifiants, avec un sens certain de la direction d’acteurs. Ainsi, la soirée s’ouvre sur un cercle symbolique, au centre duquel trône un canon rotatif autour d’un parterre de boulets : Ilia, Troyenne, reste en marge ennemie de cette enceinte grecque menée par Idamante. Si Idomeneo émerge des langes d’un tombeau, revenant d’une mort que l’on croyait certaine, la fureur divine à la fin du deuxième acte est condensée par l’image d’un volcan. Le tumulus éteint de ce cône sera le puits dans lequel plongera Idamante pour affronter le monstre, et dont ressortira un sac de toile percé par le roi. L’adversaire aura été vaincu. S’il n’explore sans doute pas de ressources inédites de l’ouvrage, le spectacle se signale par une appréciable cohérence.

Dans le rôle-titre, Jonathan Boyd assume un engagement certain. Sans renoncer à une intégrité mature du timbre et de la technique, il sait les subordonner à l’intelligence et l’intensité de l’expression. En Idamante, Albane Carrère se distingue par une homogénéité idéalement androgyne sans négliger par trop de placidité les tourments du personnage. Une semblable vie dans l’incarnation se retrouve dans l’Ilia de Chiara Skereth, au babil frémissant de sensibilité et de fraîche sincérité. Serenad Uyar, que l’on avait déjà applaudie à Metz, contraste par un timbre  plus sombre et une virtuosité caractérisant la vindicte désespérée de l’héroïne tragique, aux confins de la folie.

Principale victime des coupures dans la partition – on regrette entre autres l’absence de l’arioso accompagnato du troisième acte – l’Arbace d’Antonio Mandrillo ne démérite aucunement dans la position du confident royal enseigne de la paix avec le drapeau blanc en image finale, comme reddition des superstitions face à la Raison. On saluera le Grand Prêtre de Neptune bien projeté de Yoann Le Lan, ainsi que la puissance robuste de Wojtek Smilek dans l’intervention de la Voix, sans oublier les interventions des chœurs préparés par Aurore Marchand, et dont se détachent les apparitions de deux Crétoises – Ninon Massery et Clelia Moreau –  et deux Troyens – Julien Desplantes et Augusto Garcia. Il est heureux que les apparitions secondaires ne soient pas sacrifiées, contribuant à la consistance du plateau.

Dans la fosse, Debora Waldman fait respirer la vitalité et les couleurs dramatiques de la partition, par-delà quelques menues fragilités dans les pupitres d’un Orchestre national Avignon-Provence investi comme on ne l’avait pas entendu depuis un certain temps. Quant au continuo de Frédéric Rouillon, au clavecin, là où d’aucuns préféreraient les demi-teintes du pianoforte, il privilégie une efficacité qui ne prend pas le risque de variations bavardes. En somme, l’essentiel d’Idomeneo, qui a l’avantage d’une durée plus ramassée, propice peut-être à réconcilier le public avec une œuvre qui le mériterait.

Opéra Grand Avignon

Les artistes

Idomeneo Jonathan Boyd
Idamante Albane Carrère
Ilia Chiara Skerath
Elettra Serenad Uyar
Arbace Antonio Mandrillo
Gran Sacerdote di Nettuno (Grand prêtre de Neptune) Yoann Le Lan
La Voce (La Voix) Wojtek Smilek
Due Cretese (Deux Crétoises) Ninon Massery / Clelia Moreau 
Due Troiani (Deux Troyens) Julien Desplantes / Augusto Garcia 

Chœur de l’Opéra Grand Avignon – Direction : Aurore Marchand
Orchestre National Avignon-Provence

Direction musicale Debora Waldman

Mise en scène  Sandra Pocceschi et Giacomo Strada
Collaboratrice aux costumes Sofia Vannini
Assistante à la mise en scène Héloïse Sérazin
Lumières Giacomo Gorini
Vidéaste Simone Rovellini

Le programme

Idomeneo, re di Creta
Dramma per musica en trois actes, K 366, de Wolfgang Amadeus Mozart (1756 – 1791)
Livret de Giovanni Battista Varesco d’après ‘Idoménée’ d’Antoine Danchet
Création à Munich, Residenztheater, 29 janvier 1781

Nouvelle production de l’Opéra Grand Avignon 

Opéra Grand Avignon, France
Représentation du vendredi 25 mars 2022, 20h30

image_printImprimer
Chiara SkerathDébora WaldmanJonathan BoydSerenad Uyar
0 commentaires 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Gilles Charlassier

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Julie de Boesmans, huis clos à Nancy
prochain post
SOUTH PACIFIC, Rodgers – Hammerstein (1949) – dossier

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • antonio meneghello dans GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »
  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025