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L’elisir d’amore à l’Opéra Bastille : une mise en scène fonctionnelle

par Camillo Faverzani 29 septembre 2021
par Camillo Faverzani 29 septembre 2021
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Crédit photos : © Émilie Brouchon / OnP

Retour à l’affiche de L’ELISIR D’AMORE à L'Opéra Bastille

L’Opéra de Paris propose une reprise de L’elisir d’amore, dans la production bien connue de Laurent Pelly, avec Matthew Polenzani et Sydney Mancasola, qui fait ici ses débuts sur la première scène nationale. 

Dans le sillage des plus grands

Ce n’est qu’en 1987 que L’elisir d’amore fait son entrée dans le répertoire de l’Opéra national de Paris, dans une mise en scène d’Otto Schenk, venue expressément de Vienne pour accueillir le Nemorino de Luciano Pavarotti, l’une de ses incarnations majeures, sous les dorures du Palais Garnier, avec la complicité de Gabriel Bacquier en Dulcamara. Depuis 2006, la réalisation fonctionnelle de Laurent Pelly, coproduction avec le Covent Garden de Londres, a été reproposée pendant sept saisons, sans compter les représentations sur le sol britannique et l’annulation de 2020. Elle a vu se succéder des distributions prestigieuses, notamment le couple formé par Aleksandra Kurzak et un Roberto Alagna déclinant, et surtout, plus récemment, une Lisette Oropesa et un Vittorio Grigolo irrésistibles.

Campagne d’Italie

Dans le programme de salle, le metteur en scène semble presque récuser le décor qui s’est offert aux yeux des spectateurs pendant une quinzaine d’années (« Étrangement, tout le monde a vu dans cette campagne l’Italie des années 1960 »), en faveur d’une certaine universalité (« C’est un village perdu au milieu de nulle part »). Cependant, les uniformes des acolytes de Belcore évoquent bien la tenue des carabinieri dans les années 1950-1960, l’auberge s’appelle Bar Trattoria dell’incrocio, du carrefour, et surtout le rideau de scènes étale un patchwork de coupures de presse de journaux italiens faisant l’éloge des bienfaits du fameux élixir. D’ailleurs le réalisateur se contredit lui-même lorsque, plus loin, il fait allusion au cinéma néoréaliste italien. Ne nous trompons pas : ici nous ne sommes ni dans les marais pontins ni dans la Conca d’oro sicilienne mais bel et bien dans la Plaine du Pô des années 1950.

Bel canto

Malgré l’enchaînement de trois arie di sortita, airs de présentation, la partition de Donizetti ne connaît aucun temps mort et sait toujours tenir le public en haleine. Nemorino a la tâche ingrate d’ouvrir les hostilités. Même si les difficultés de sa prestation sont loin des embûches que doivent surmonter, dans une situation analogue, Pollione, le héros son contemporain de Norma (1831), ou, une quarantaine d’année plus tard, Radamès dans Aida (1871), Matthew Polenzani a quelques difficultés à entrer dans son personnage, sans doute à cause aussi d’un timbre peu avenant et d’un jeu scénique plutôt convenu. Cependant, son interprétation s’épanouit dès son premier duo avec Adina, où l’osmose entre les deux chanteurs donne immédiatement lieu à une complicité à toute épreuve, aboutissant à un allegro éclatant. Plus grande assurance que l’on perçoit également dans le duo suivant, avec Dulcamara, avant-goût du crescendo flamboyant du trio avec sa bien-aimée et son rival, et d’un a solo tout particulièrement émouvant dans le finale I. Mais c’est bien évidemment dans la romanza de l’acte II que le ténor parvient à enflammer la salle, notamment grâce à un pianissimo prodigieux.

Sydney Mancasola et Simone Del Savio semblent souffrir quelque peu du même handicap. Le trac de la première ? Il est vrai que pour la soprano il s’agit à la fois d’une prise de rôle et de ses débuts à l’Opéra national de Paris. La ligne hésitante de sa cavatine initiale rend presque inaudible, voire incompréhensible, sa première apparition mais la cantatrice prend vite son envol grâce à la virtuosité de ses interventions dans la cabalette de Belcore, en même temps que Nemorino et Giannetta. Par ailleurs, dans le duo avec Dulcamara, elle sait faire preuve d’un sens aigu de la nuance qui se renouvelle dans son dernier air (« Prendi ; per me sei libero »), prélude aux vocalises irrésistibles du finale II. La basse est, en revanche, un habitué de la première scène nationale et un fin connaisseur de l’œuvre, ayant à son actif tant le rôle de Belcore que celui de Dulcamara. Malgré un très beau legato, l’irruption de son sergent est légèrement en retrait par rapport à l’éclat que l’on attend généralement du personnage et la projection se perd presque dans le grand vaisseau de l’Opéra Bastille.

C’est un souci qui affecte en partie aussi l’entrée du Dulcamara de Carlo Lepore mais sa maîtrise du rôle et son admirable élocution imposent d’emblée un charlatan de fière allure qui nous donne également une extraordinaire leçon de chant dans le sillabato de la barcarole de l’acte II, avec Adina, et campe un retour désopilant dans le finale de l’œuvre. Giannetta percutante, Lucrezia Drei brille surtout dans l’ensemble de cette deuxième, voire troisième, scène de théâtre dans le théâtre où elle convoque les jeunes femmes du village afin de leur faire part de l’héritage que va bientôt toucher Nemorino.

À son tour débutant dans cette salle, Giampaolo Bisanti dirige l’Orchestre de l’Opéra national de Paris avec une grande compétence, bien qu’une certaine lourdeur se perçoive parfois dans les cuivres. Une note particulière pour les vents, surtout dans le prélude.

Melodramma en abyme ?

Suivant toujours les propos du réalisateur, le début de l’acte I constituerait une sorte de « mise en abyme » dans la mesure où « un chœur de spectateurs / voyeurs […] voient une scène qu’ils ne devraient pas voir ». C’est sans doute un peu excessif pour un melodramma qui reste néanmoins toujours giocoso, en digne héritier de l’opéra bouffe. Le genre penche par moment vers l’opera semiseria, l’opéra sentimental de demi-caractère, mais c’est toujours le côté joyeux qui triomphe : Adina accepte enfin d’épouser Nemorino, sans savoir que par son héritage prochain il va devenir socialement son égal ; toutefois, les apparences sont sauves ; il n’y aura pas mésalliance…

Les artistes

Adina : Sydney Mancasola
Giannetta :  Lucrezia Drei
Nemorino : Matthew Polenzani
Belcore : Simone Del Savio
Il Dottor Dulcamara : Carlo Lepore

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, dir.  Giampaolo Bisanti

Mise en scène Laurent Pelly

 

Le programme

L’elisir d’amore

Melodramma giocoso en deux actes de Gaetano Donizetti, livret de Felice Romani, créé au Teatro alla Cannobiana le 12 mai 1832.

Opéra Bastille, mardi 28 septembre 2021

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donizettiSydney MancasolaMatthew Polenzani
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

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