À la une
Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de Noël
Se préparer à Un ballo in maschera, Opéra de Paris...
Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté à l’Athénée
Le 36e Festival Présences rend hommage à Georges Aperghis
Se préparer à La Passagère, Opéra national Capitole de Toulouse,...
Bruxelles, NormaVoyage immobile et bel canto sous tension, ou « En...
LA CHAUVE-SOURIS  à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège –Entre opéra et Moulin...
Ça s’est passé il y a 100 ans : création...
TCE : le triomphe des Tenebrae dans un Messie de belle...
Se préparer aux Vêpres siciliennes – Festival d’Aix-en-Provence, 16 juillet...
Festival d’Aix 2026 : entre classicisme et modernité
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Assoupissante Somnambule au Théâtre des Champs-Élysées…

par Stéphane Lelièvre 18 juin 2021
par Stéphane Lelièvre 18 juin 2021

LA SOMNAMBULE - Compositeur : Vincenzo BELLINI - Mise en scene : Rolando VILLAZON - Scenographie : Johannes LEIACKER - Choregraphie : Philippe GIRAUDEAU - Costumes : Brigitte REIFFENSTUEL - Lumieres : Davy CUNNINGHAM - Avec : Pretty YENDE (Amina) - Francesco DEMURO (Elvino) - Annunziata VESTRI (Teresa) - Sandra HAMAOUI (Lisa) - Marc SCOFFONI (Alessio) - Orchestre de chambre de Paris - Choeur de Radio France - Maitrise des Hauts de Seine - Le 11 06 2021 - Photo : Vincent PONTET

0 commentaires 0FacebookTwitterPinterestEmail
1,9K

Crédits photos : © Vincent Pontet

Commençons par la bonne nouvelle : la présence, à la baguette, de Riccardo Frizza, un chef qui connaît et aime le bel canto (il est le directeur musical du festival Donizetti de Bergame). Pour la première fois à Paris depuis X années, nous entendons une œuvre de ce répertoire sans qu’elle soit défigurée par d’innombrables coupures, comme c’est presque toujours le cas le cas, y compris au Théâtre des Champs-Élysées, le seul de la capitale, pourtant, à défendre véritablement ce répertoire. Aucun chœur, aucune réplique, aucun air ne passe à la trappe ; aucune reprise n’est supprimée (les trois « Sovra il sen » sont bien là, avec variations !), la conclusion du duo Amina/Elvino est chantée dans son intégralité, la reprise de la cabalette de Rodolfo est maintenue… Un grand merci au maestro de croire en cette musique et de nous la restituer dans son intégrité. Riccardo Frizza souligne par ailleurs constamment toute la poésie de cette partition, sans en gommer pour autant les éclats dramatiques (finale du I), ni les couleurs quasi fantastiques de l’orchestre qui nimbent les scènes de somnambulisme. Une belle réussite !

Hélas, le reste du spectacle n’est guère à l’avenant. La mise en scène (Rolando Villazón) et la scénographie oscillent entre le déjà vu (plateau nu occupé non pas de chaises – pour une fois… – mais de bancs ; grands murs blancs percés d’une dizaine de portes – comme dans une production d’opéra sur deux aujourd’hui…), le ridicule (la chorégraphie façon Macarena pendant « Ah ! Vorrei trovar parole ») et le contre-sens : sous le prétexte qu’une fin heureuse « manquerait d’ambiguïté », Rolando Villazón, à l’encontre de tout ce que disent les mots et la musique, plonge Amina dans le désespoir : sa mère lui donne une valise et lui montre la sortie d’un air autoritaire, tandis que Lisa épouse Elvino… Le plus agaçant cependant reste cette manie d’encombrer l’intrigue de mille micro-événements : il n’est pas une scène qui ne soit parasitée par une péripétie (un enfant qui fait le pitre, Alessio et Teresa qui se disputent…), qui non seulement se révèle inutile, mais empêche de se concentrer pleinement sur la musique.

Le plateau vocal, malheureusement, ne permet pas de rattraper les choses… Si Alexander Tsymbalyuk est un Rodolfo noble et sobre, au chant assuré (surtout au second acte), le couple de jeunes premiers reste en-deçà de ce qu’on est en droit d’attendre d’une soirée de bel canto. Francesco Demuro triomphe après son air grâce à un aigu et un suraigu crânement assurés. Elvino, cependant, exige presque constamment une émisson di grazia dont le ténor est dépourvu, sa voix manquant absolument de la morbidezza indispensable au rôle : « Prendi : l’anel ti dono », « Tutto è sciolto », « Io più non reggo » devraient être des moments de pure poésie et de suavité, malheureusement empêchés par des voyelles excessivement ouvertes et une émission mal assurée (surtout dans l’aigu). Le cas de Pretty Yende est tout autre : la beauté du timbre n’est pas en cause, ni la technique (encore que les variations de « Ah, non giunge », au demeurant peu heureuses, ne soient pas parfaitement maîtrisées), ni même le format vocal : le médium et le grave sont consistants, bien plus que chez la plupart des voix « légères » (même si la chanteuse est vraiment inaudible dans le « Non è questa, ingrato core » du premier acte). Mais nous aurons rarement entendu une Amina à ce point inexpressive : que le personnage exprime l’allégresse, le désespoir, l’incrédulité, la couleur de la voix reste constamment la même, sans jamais s’éclairer d’un sourire dans les moments de liesse, ni s’assombrir ou, encore moins, se mouiller de larmes dans le sublime récitatif « Oh ! Se una volta sola… ». Dans ces conditions, le « Ah, non credea mirarti », auquel aucune nuance, aucun changement de couleur, aucun piano, aucun diminuendo, aucun crescendo, aucune messa di voce ne viennent donner vie, laisse complètement de marbre. Un comble pour une des pages les plus bouleversantes du répertoire…

Finalement, les seules vraies satisfactions vocales auront été apportées, outre Alexander Tsymbalyuk, par Sandra Hamaoui, qui dans le rôle modeste de Lisa, fait entendre un timbre mordant, richement coloré, porté par une technique solide lui permettant de délivrer un beau « De’ liete auguri » au second acte.

Je me dois de dire, pour terminer cet article, que tous les artistes, au rideau final, ont reçu un accueil enthousiaste, voire triomphal pour Pretty Yende : la critique étant par nature  subjective – et aucune critique n’étant par ailleurs parole d’évangile –, je ne saurais donc trop encourager les lecteurs à lire d’autres comptes rendus, ou, mieux encore, à aller se forger eux-mêmes leur propre opinion en assistant au spectacle, donné jusqu’au 26 juin.

Les artistes

Amina  Pretty Yende
Teresa  Annunziata Vestri
Lisa  Sandra Hamaoui
Rodolfo  Alexander Tsymbalyuk 
Elvino  Francesco Demuro 
Alessio  Marc Scoffoni

Orchestre de chambre de Paris, Chœur de Radio France , Maîtrise des Hauts-de-Seine, dir.  Riccardo Frizza
Mise en scène  Rolando Villazón

Le programme

La Sonnambula

Mélodrame en deux actes de Vincenzo Bellini, livret de Felice Romani, créé le 6 mars 1831 à Milan (Teatro Carcano)

Représentation du Jeudi 17 juin 2021, Théâtre des Champs-Élysées, Paris. 

image_printImprimer
Francesco DemuroRiccardo FrizzaPretty YendeRolando VillazonSandra Hamaoui
0 commentaires 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
DER FREISCHÜTZ, Weber (1821) – dossier
prochain post
ROUEN – Opéra de Rouen Normandie, une saison 2021/2022 foisonnante !

Vous allez aussi aimer...

Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté à l’Athénée

16 décembre 2025

Le 36e Festival Présences rend hommage à Georges...

15 décembre 2025

Bruxelles, NormaVoyage immobile et bel canto sous tension,...

14 décembre 2025

TCE : le triomphe des Tenebrae dans un Messie...

14 décembre 2025

Crémone, I puritani  : la jeunesse à l’assaut...

10 décembre 2025

Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de...

10 décembre 2025

« Gala lyrique à la française » salle Gaveau –...

9 décembre 2025

Au Maggio Musicale Fiorentino, la Passion selon saint...

8 décembre 2025

Al Maggio Musicale Fiorentino la Matthäus-Passion di Bach...

8 décembre 2025

Rome – Lohengrin, l’œuf et l’argent : la...

7 décembre 2025

En bref

  • Les brèves de décembre –

    11 décembre 2025
  • Les brèves de novembre –

    20 novembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • meyer frederic dans Aux confins du sublime et de l’abject : le « Requiem de Terezin » (Grand Amphithéâtre de la Sorbonne)
  • meyer frederic dans Ça s’est passé il y a 100 ans : création de Wozzeck
  • Don Giovanni, de Mozart – À Dom e-mots dans KOSTAS SMORIGINAS
  • Josy Santos dans L’Opéra de Liège inscrit le CHAPEAU DE PAILLE DE FLORENCE à son répertoire
  • STEFANI dans Le Chœur de Paris chante Schubert et Pergolesi

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté...

16 décembre 2025

Le 36e Festival Présences rend hommage...

15 décembre 2025

Bruxelles, NormaVoyage immobile et bel canto...

14 décembre 2025