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Les festivals de l’été –
Alessandro Scarlatti investit la chapelle de la Charité à Beaune

par Nicolas Darbon 15 juillet 2025
par Nicolas Darbon 15 juillet 2025
Photo Festival international d'opéra baroque de Beaune
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Scarlatti, Stabat mater, Festival international d’opéra baroque de Beaune, Chapelle de la Charité, dimanche 13 juillet 2025

À l’occasion du tricentenaire de la mort d’Alessandro Scarlatti, l’ensemble La Palatine et le Festival international d’opéra baroque de Beaune redonnent vie à son Stabat mater dans un nouvel espace de concert.

Un nouveau lieu pour le Festival : la chapelle de la Charité

En pleine évolution, le Festival international d’opéra baroque de Beaune souhaite animer désormais le centre-ville. Pour ce concert assez court, les festivaliers ont la joie de se rendre pour la première fois dans la chapelle de la Charité – l’église de l’Hôpital de la Sainte-Trinité –, de style baroque, dans le centre historique de la petite ville. Ce lieu de concert – certes un peu délabré ! – possède plusieurs atouts. Bien plus petit que la Basilique Notre-Dame, son acoustique est un peu moins réverbérante. Elle possède aussi une grille séparant le chœur de la nef à vaisseau unique, ce qui interpelle le public : les artistes vont-ils jouer derrière ? En effet, l’Hospice de la Charité, dédié aux enfants abandonnés et mendiants, accueillait des religieuses qui se plaçaient derrière la magnifique et grande grille composée de trois panneaux en fer forgé carrés, formés de volutes et feuillages, croix pattée, croix de la charité.

Les instrumentistes prennent place derrière, l’orgue-clavecin au centre, derrière un portillon ouvert, les chanteurs disposés devant. L’effet de voilement acousmatique est saisissant et si symbolique des mystères sacrés ! L’on discerne tout de même les deux violons et la basse continue constituée d’une contrebasse et du clavier de l’ensemble La Palatine dirigé par Guillaume Haldenwang.

Un bel hommage à Alessandro Scarlatti

Il ne faut pas confondre Alessandro Scarlatti (1660-1725), auteur de ce Stabat mater, qui a composé pas moins de 115 opéras, 150 oratorios et 600 cantates, avec son fils, Domenico (1685-1757), qui a longtemps vécu en Espagne, dont les clavecinistes et même les pianistes jouent les fameuses 555 sonates.
Pour commencer le concert, l’on entend dans la pénombre la mélodie du Stabat mater façon chant grégorien a cappella ; puis deux sinfoniae extraites de l’Œuvre du Napolitain : l’oratorio La Maddalena penitente ovvero Il Trionfo della Grazia (1685) et la cantate Mentre un Zeffiro arguto (1693) ; et un air tiré de la cantate Notte ch’in carro d’ombre ou Serenata (ca. 1685).

Le Stabat mater (1724), composé un an avant la mort de l’« Orphée italien », répond à une commande d’une confrérie de Franciscains pour le Carême. Le petit effectif (six musiciens) s’explique par la pauvreté des Chevaliers de la vierge des douleurs de l’église San Luigi de Naples. En 1736, douze ans après sa création, l’œuvre est remplacée, dans la confrérie, par un autre Stabat mater, celui de Pergolèse.

La composition tardive d’Alessandro Scarlatti, est, comme le dit Guillaume Haldenwang à la fin du concert, une œuvre « mosaïque » synthétisant le style de l’illustre compositeur. Le poème liturgique du XIIIe siècle est une lamentation sur la souffrance de la mère du Christ. En fonction des idées du texte latin, le compositeur change les textures musicales. Ce qu’accentue l’ensemble La Palatine, mais il le fait avec une certaine fluidité. Ainsi, un passage aux contrastes forts piano/forte, dupliqué par marche harmonique descendante, évoquant les paroles douloureuses « juxta crucem », survient-il entre deux longs silences dramatiques. Il s’oppose à une marche lente binaire, ondulante et modulante.

Les moyens musicaux et la forme sont donc variés et composites. Nous trouvons pêle-mêle de la mélodie accompagnée, du contrepoint, des effets d’écho… Le contre-ténor entonne avec conviction des récitatifs sur « Fac ut portem Christi mortem » et « Fac me cruce custodiri », lesquels sont suivis d’une aria au soprano ou d’un duo. Le compositeur ne se prive pas de chromatismes comme dans la vocalise de la soprano sur le mot « plangere » (aria « Virgo virginum praeclara »). Il s’agit d’une succession assez régulière de 18 pièces pour contre-ténor et soprano solo se finissant par un duo, le tout sur des tempos lents, oscillant entre adagio et andante, avec deux allegros seulement.

Une partition subtile rendue avec justesse

Rémy Bres-Feuillet, est un contre-ténor dont la voix assez ample et puissante, homogène, permet à l’auditoire de bien saisir les nuances du texte, s’appuyant sur une expressivité contrôlée. La soprano Marie Théoleyre cisèle un discours travaillé, recherche les contrastes avec des « soufflets » vocaux baroquisants, ce qui est certainement du grand art dans un contexte autre qu’une église, dont l’acoustique ne permet pas de saisir tous les pianissimos. Mais la Chapelle de la Charité est tolérante, surtout remplie d’un public nombreux, et l’ensemble des musiciens a réalisé de bout en bout non seulement une partition fidèle, mais lui ont donné vie. À noter qu’il pourrait être utile de fabriquer une petite estrade devant la grille afin que les chanteurs ne soient pas trop coincés.

Les jeunes violonistes Roxana Rastegar et Yuna Lee apportent, avec le continuo, tous les contrastes de modes de jeu, de nuances et d’effets sonores qu’Haldenwang souhaite ajouter à la musique de Scarlatti, pour lui donner des couleurs. Il faut reconnaître que le chef a de belles idées et saisit l’essence de cette pièce étonnante. Il est visiblement habité par une musique qu’il comprend et qu’il ressent.

La Palatine, qui a été applaudie avec enthousiasme, ne s’était jamais produite au Festival ; c’est une réussite prometteuse. Nous avons déjà eu la chance d’entendre Rémy Bres-Feuillet à Beaune dans l’Olimpiade de Vivaldi : il confirme son incontestable talent.

Nous retrouverons La Palatine dans la même œuvre au Festival d’Ambronay le 13 septembre. Les Beaunois pourront côtoyer les musiciens de l’ensemble puisqu’il effectue une résidence de création à Beaune pendant trois ans.

Les artistes

Marie Théoleyre, soprano
Rémy Bres-Feuillet, contre-ténor

La Palatine, dir. Guillaume Haldenwang

Le programme

Alessandro Scarlatti, Stabat mater

Festival international d’opéra baroque de Beaune, Chapelle de la Charité, concert du dimanche 13 juillet 2025

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La PalatineMarie ThéoleyreGuillaume HaldenwangRémy Bres-Feuillet
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Nicolas Darbon

Nicolas Darbon est maître de conférences (HDR) à Aix-Marseille Université. Avant sa carrière universitaire, il a été , il a été pendant plus de vingt ans professeur de musique en collèges-lycées. Spécialiste de la musique des XXe-XXIe siècles, il a organisé de nombreux colloques. Il coordonne le Groupe de recherche sur la musique (GRiiiM), encadre le Journal du GRiiiM et les journées d'études organisées aux Antilles. Parmi ses derniers livres Musique et Littérature en Guyane : explorer la transdiction, publié en 2018 chez Garnier Classiques ; ainsi que Les Musiques du chaos ; Dutilleux... du cristal à la nuée, Messiaen... les sons impalpables du rêve, Musica y Complejidad. Il contribue à l'Histoire de l'opéra français publié chez Fayard, à L'Avant-scène opéra, et rédige de nombreux articles sur l'opéra. Il est compositeur et président de Millénaire III éditions.

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