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Les festivals de l’été –
Rencontres musicales de Vézelay (Jour 4) : ce n’est qu’un au revoir !

par Nicolas Le Clerre 2 septembre 2024
par Nicolas Le Clerre 2 septembre 2024
© V. Arbelet
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Résurrection à la basilique de Vézelay

L’observation du cycle de la nature et la fréquentation des Saintes Écritures s’accordent au moins sur un point : il faut que tout meurt pour pouvoir renaitre à la vie. Les spectateurs des 24e Rencontres musicales de Vézelay ont vécu ce dimanche – non sans mélancolie – leur dernière journée de festivités musicales … jusqu’à l’année prochaine !

Bouquet final

© V. Arbelet

Après avoir eu le choix, comme activité dominicale matinale, entre la messe de clôture des Rencontres musicales célébrée dans la basilique Sainte-Marie-Madeleine ou une expérience de cantate participative à l’église Notre-Dame de Saint-Père, les festivaliers se sont retrouvés à seize heures, dans un sympathique brouhaha, au sommet de la colline de Vézelay, pour le septième et dernier grand rendez-vous des concerts payants de cette 24e édition.

Les chrétiens du monde entier célébrant chaque dimanche le Mystère de la résurrection du Christ : c’est sous ce vocable que François Delagoutte et Lionel Meunier ont choisi de placer le programme de cet ultime rendez-vous en réunissant dans un même concert l’Oratorio de Pâques de Bach et la Missa Paschalis de Zelenka.

Tout l’intérêt de la confrontation de ces deux partitions tient d’abord à leur presqu’exacte contemporanéité. Le dimanche de Pâques 1725, Bach fait chanter à Leipzig sa Cantate de la Résurrection (retravaillée en oratorio une dizaine d’années plus tard) tandis que l’année suivante, à la cour catholique de Dresde, Zelenka crée sa Messe de Pâques. On sait par ailleurs que les deux compositeurs se connaissaient et s’appréciaient mutuellement, ce qui rend encore plus stimulante l’écoute de leurs œuvres réunies dans un même concert.

Par respect pour la chronologie, Lionel Meunier, les musiciens et les choristes de l’ensemble Vox Luminis jouent d’abord la partition de Bach dont la joie pascale éclate et éclabousse le public dès les premières mesures entonnées par des trompettes rutilantes. Le chef se tenant modestement au milieu des choristes, les musiciens semblent imposer leurs tempi mais gardent constamment un œil sur Lionel Meunier qui, d’un sourire bienveillant, valide ou corrige les nuances de l’orchestre.

Dans l’écrin de la basilique Sainte-Marie-Madeleine, Vox Luminis sonne très exactement comme on aime que Bach soit interprété. Les cordes sont parfaitement à l’unisson, légèrement râpeuses pour leur donner cette couleur propre à l’esthétique baroque, tandis que la flûte et le basson dont Benny Aghassi joue alternativement démontrent une agilité hors pair dans les passages qui les placent au premier rang des autres instruments.

Côté voix, Vox Luminis maîtrise là aussi toute la grammaire exigée par l’interprétation des œuvres du Cantor de Leipzig et l’ensemble des cinq chœurs et arias qui forment l’Oratorio de Pâques sont autant de moments de grâce.

Dès le chœur introductif « Kommt, eilet und laufet », Vox Luminis laisse éclater une joie de chanter communicative, les pupitres de ténors bénéficiant d’une mise en avant qui permet d’apprécier leur virtuosité dans le chant fugué. Dans l’aria « Seele, deine Spezereien » c’est au tour de la soprano soliste Erika Tandiono de faire entendre un chant appliqué dont les arabesques s’entremêlent à celles de la flûte à bec.

« Sanfte soll meine Todeskummer » échoit ensuite au ténor britannique Kieran White : il y fait valoir une belle expressivité mais la projection de l’instrument, dans l’immense vaisseau de la basilique, s’avère un peu courte. La même difficulté se pose à l’alto néerlandaise Sophia Faltas ; malgré une émission un peu serrée, son timbre est suffisamment agile pour surmonter toutes les chausse-trappes de l’aria « Saget, saget mit geschwinde ».

Le chœur final « Preis und Dank » conclut l’Oratorio de Pâques par un ultime jaillissement de joie : chanteurs et musiciens de Vox Luminis, galvanisés par la direction discrète mais efficiente de leur chef, jettent toute leur force dans les dernières mesures et se montrent à la hauteur des exigences musicales propres à la musique de Jean-Sébastien Bach.

Enchainer sur la Missa Paschalis de Zelenka après un très bref entracte permet de mesurer combien sont proches les procédés d’écritures des deux compositeurs au point que le tonitruant « Kyrie » qui ouvre la messe ferait presque de l’ombre à Bach. Assez rapidement cependant l’oreille décèle sous la tonalité uniformément joyeuse de la Missa Paschalis des facilités harmoniques et des tics de composition qui relèguent évidemment Zelenka dans l’ombre de son génial contemporain.

Ne boudons pas notre plaisir, le savoir-faire du compositeur bohémien est solide et Vox Luminis le sert avec tout l’allant nécessaire : les trompettes du « Kyrie » sont rutilantes, le tempo tempétueux du début du « Gloria » fait courir dans tout le public un frisson d’aise et, au cœur du « Credo », la phrase « Et resurrexit tertia die » explose pour évoquer le jaillissement du Christ vivant hors du tombeau !

Est-ce l’effet de la fatigue ou le choix de tempi qui sollicitent exagérément les gosiers ? Toujours est-il que les solistes ont paru davantage émoussés dans la Missa Paschalis que dans l’Oratorio de Pâques. Si Lionel Meunier, Daniel Folqué et Jan Kullmann s’accordent idéalement pour entonner la phrase « Tu solus Sanctus, tu solus Dominus » à la fin du « Gloria », la soprano Zsuzsi Tóth donne à entendre dans le « Sanctus » une ligne de chant plus brouillonne en dépit d’un solo du premier violon éblouissant.

Au terme du concert, le public ne ménage pas ses applaudissements et fait à l’ensemble des artistes un véritable triomphe. Profondément ému, Lionel Meunier prend alors la parole pour dire sa fierté d’être bourguignon et rappeler qu’à défaut d’avoir pu fêter à Vézelay son 40e anniversaire pour cause de pandémie, il est heureux d’être présent à cette édition 2024 pour souffler les vingt bougies de son ensemble Vox Luminis.

Et maintenant, que vais-je faire ?

Ce concert du dimanche à peine achevé, le festivalier des Rencontre musicales de Vézelay est immédiatement saisi d’une sorte de Festival blues fait du bonheur des moments musicaux partagés pendant plus de 72 heures et du regret de devoir quitter cette colline où la voix a droit de cité.

En attendant d’y revenir du 21 au 24 août 2025 pour la 25e édition du festival, chacun gardera de cette parenthèse enchantée les images et les souvenirs sonores qui l’auront le plus touché. Les Rencontres musicales ne sauraient effectivement se réduire aux sept concerts dont Première Loge a rendu compte dans ces pages : du lever au coucher du soleil, la colline de Vézelay accueille en effet une succession ininterrompue d’activités qui mobilisent toutes un public nombreux. Qi gong en musique sur la terrasse de la basilique dans la lumière du soleil levant, petits déjeuners en musique, ateliers musicaux, concerts apéritifs et mises en oreille brillamment assurées par le musicologue Nicolas Dufetel sont autant de moments précieux qui ponctuent chaque journée et offrent l’occasion de partager la musique.

Vivre l’intégralité des Rencontres musicales est une aubaine sans pareille. Première Loge invite chacun.e à venir s’en rendre compte dès l’été prochain !

Les artistes

Vox Luminis
Direction : Lionel Meunier

Le programme

JEAN-SEBASTIEN BACH (1685-1750)
Oratorio de Pâques BWV 249

JAN DISMAS ZELENKA (1679-1745)
Missa Paschalis ZWV 7

 Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, dimanche 25 août 2024 – 16h00

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Kieran WhiteVox LuminisLionel MeunierNicolas DufetelErika TandionoSophia FaltasDaniel FolquéJan KullmannZsuzsi Toth
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Nicolas Le Clerre

C’est un Barbier de Séville donné à l’Opéra National de Lorraine qui décida de la passion de Nicolas Le Clerre pour l’art lyrique, alors qu’il était élève en khâgne à Nancy. Son goût du beau chant le conduisit depuis à fréquenter les maisons d'Opéra en Région et à Paris, le San Carlo de Naples, la Semperoper de Dresde ou encore le Metropolitan Opera de New-York. Collectionneur compulsif de disques, admirateur idolâtre de l’art de Maria Callas, Nicolas Le Clerre est par ailleurs professeur d’Histoire-Géographie, Président de la Société philomathique de Verdun, membre de l'Académie nationale de Metz et Conservateur des Antiquités et Objets d'Art de la Meuse.

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