À la une
CD – Psyché d’Ambroise Thomas ? Un joyau !
La Messe en ut selon Julien Chauvin au Théâtre des...
L’Écume des jours à l’Opéra de Lille : redécouvrir Denisov
Die Englische Katze à Munich : Minette prima donna
Les brèves de novembre –
Se préparer à ROBINSON CRUSOÉ, Théâtre des Champs-Élysées, 03-14 décembre...
CD – Die Nacht is vorgedrungen – Noël sans sucres...
Rouen – L’incomplétude d’un Voyage d’hiver
Se préparer à L’AMOUR SORCIER – Angers-Nantes Opéra, 8-15 novembre...
Se préparer à LA VIE BRÈVE – Angers-Nantes Opéra, 8-15...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduConcert

Il Trionfo del Tempo e del Disinganno aux Concerts d’automne de Tours, ou le Triomphe des voix – et des Accents de Thibault Noally

par Stéphane Lelièvre 12 octobre 2019
par Stéphane Lelièvre 12 octobre 2019
0 commentaires 0FacebookTwitterPinterestEmail
1,1K

Créé à Rome en 1707, Il Trionfo del Tempo e del Disinganno (Le Triomphe du Temps et de la Désillusion), mettant en scène l’allégorie de la Beauté ayant juré fidélité au Plaisir avant d’être vite rattrapée par la dure réalité du Temps qui passe et la Désillusion qui s’ensuit, est le premier oratorio d’un Haendel âgé d’une toute petite vingtaine d’années. D’une grande puissance expressive, doté d’une écriture vocale très virtuose, son exécution musicale ne souffre guère la médiocrité, et c’est peu de dire que les forces réunies par les Concerts d’automne se sont montrées à la hauteur du défi.

Principaux artisans de ce succès, l’ensemble les Accents et Thibault Noally ont offert une interprétation superlative de l’œuvre. Soulignant l’aspect dramatique de l’œuvre, jamais très éloignée de l’opéra (de par l’absence de narrateur mais aussi l’aspect « humain » des allégories, qui dialoguent entre elles et éprouvent des sentiments contrastés), ils mettent en œuvre un savant jeu de contrastes permettant de donner à chaque pièce son exacte couleur, de l’introspection à la violence, de la joute verbale à la résignation, tout en manifestant une rigueur stylistique de tous les instants. Les interventions de Rodrigo Gutierrez (hautbois), Thibault Noally et Charlotte Grattard en tant que violonistes (virtuosissimes dans le « Come nembo » chanté par le Plaisir) ou d’Elisa Joglar (violoncelle) ont particulièrement été appréciées.

L’équipe de chanteurs est au-dessus de tout éloge. L’enfant du pays Victor Sicard (le Temps) met son timbre clair au service d’une ligne vocale assurée et triomphe des périlleuses vocalises dont Haendel a émaillé sa partie, tout en offrant une caractérisation du Temps efficacement  dramatisée, vocalement et physiquement. La Désillusion « tombe » particulièrement bien dans la voix de Carlo Vistoli, et permet au contre-ténor de faire valoir les belles couleurs chaudes de son médium (superbe première phrase de « Se la bellezza » chantée a cappella) et de ses graves, dont certains sont efficacement poitrinés à des fins dramatiques. Sa grande maîtrise technique lui permet également de triller superbement et de délivrer de fort beaux piani aigus. Son interprétation de « Crede l’uom »,  faisant alterner émotion contenue et virulence de l’accent et de la projection (« Ma se i colpi… ») est  particulièrement remarquable.

Carlo Vistoli chante Haendel (Agrippina : « Lusighiera mia speranza« )

Rachel Redmond offre un portrait de la Beauté extrêmement convaincant : de la foi qu’elle accorde tout d’abord au Plaisir aux doutes qui l’assaillent, à la repentance et à sa résignation finale, l’évolution est très finement dessinée grâce à une voix qui sait se faire tantôt mutine, tantôt révoltée, tantôt pleine de douceur, notamment dans l’aria finale qui clôt l’œuvre tout en délicatesse, comme si le personnage allégorique, en renonçant aux frivolités et au plaisir, refermait délicatement la partition, quittait la scène sur la pointe des pieds et « éteignait » la représentation…

Anna Bonitatibus : « Lascia la spina« 

Le Plaisir d’Anna Bonitatibus, enfin, est un pur bonheur. Certes, le grain de la voix (si particulier avec son léger vibrato et ses couleurs chaudes qui la rendent tout de suite émouvante) et sa grande maîtrise technique y sont pour quelque chose. Pourtant, ce qui rend l’art d’ Anna Bonitatibus unique se situe ailleurs : dans cette émotion frémissante dont elle pare sa ligne de chant et dans l’attention constante portée aux mots. Son  interprétation de « Lascia la spina », avec une ultime reprise pianissimo, profondément recueillie, portée par un legato parfait, suscite une indicible émotion dans le public…

Un concert qui s’est achevé par un triomphe pour l’ensemble des interprètes, et dont on espère ardemment qu’il puisse un jour faire l’objet d’une reprise !

Les artistes
Le programme

Représentation du 12 octobre 2019

image_printImprimer
Carlo VistoliThibault NoallyAnna Bonitatibusles AccentsRachel RedmondVictor Sicard
0 commentaires 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Gala Mozart & Friends aux Concerts d’automne de Tours
prochain post
Elīna Garanča au Théâtre des Champs-Élysées, promenade musicale dans les jardins d’Espagne.

Vous allez aussi aimer...

La Messe en ut selon Julien Chauvin au...

9 novembre 2025

L’Écume des jours à l’Opéra de Lille :...

9 novembre 2025

Die Englische Katze à Munich : Minette prima donna

8 novembre 2025

Rouen – L’incomplétude d’un Voyage d’hiver

7 novembre 2025

Aux confins du sublime et de l’abject :...

7 novembre 2025

Vienne : une production de PELLÉAS ET MÉLISANDE magnifiée...

6 novembre 2025

LE VAISSEAU FANTÔME ou la rédemption par Asmik…

6 novembre 2025

FLORA MIRABILIS : passionnante redécouverte à l’Opéra national  de...

6 novembre 2025

À Bordeaux, le Purcell de Niquet… pas seulement...

6 novembre 2025

La magie invaincue d’Alcina à l’Opéra de Montpellier

5 novembre 2025

En bref

  • Les brèves de novembre –

    8 novembre 2025
  • Les brèves d’octobre –

    27 octobre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Stéphane Lelièvre dans FLORA MIRABILIS : passionnante redécouverte à l’Opéra national  de Grèce
  • Marc Dumont dans FLORA MIRABILIS : passionnante redécouverte à l’Opéra national  de Grèce
  • Renza dans La traviata conclude il fil noir della trilogia piacentina
  • Sabine Teulon Lardic dans Rigoletto trionfa a Piacenza e dà inizio a una trilogia popolare fedele all’originaria partitura
  • Renza dans Trovatore strepitoso a Piacenza, con una prodigiosa Teresa Romano come Azucena

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

La Messe en ut selon Julien...

9 novembre 2025

L’Écume des jours à l’Opéra de...

9 novembre 2025

Die Englische Katze à Munich : Minette prima...

8 novembre 2025