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Streaming – Cendrillon à la Komische Oper de Berlin : une représentation en tout point mémorable !

par Renato Verga 17 janvier 2021
par Renato Verga 17 janvier 2021

Crédits photos : © Monika Ritterhaus

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« Le bal est un champ de bataille! / Tenez-vous bien, / Ne perdez rien / De votre taille! / Pas de mouvements trop nerveux… » recommande Mme de la Haltière à ses filles Noémie et Dorothée alors qu’elles s’entraînent à la barre avec d’autres danseuses, certaines portant moustaches et barbe.

C’est peut-être de ces mots du livret d’Henri Cain que Damiano Michieletto s’est inspiré pour sa lecture particulière du conte de fées mis en musique par Massenet. Nous sommes en effet dans une salle de répétition de ballet et les « jeunes filles » en tutus bleu, dont de nombreux choristes masculins, doivent passer les sélections pour être choisies par un Prince Charmant dansant qui semble ne rien vouloir savoir, enfermé dans un spleen existentiel. Massenet avait initialement prévu un prologue joué par des acteurs, mais il n’a jamais été mis en scène pour ne pas affecter l’aspect féerique de l’œuvre (« Conte de fées », lit-on dans la partition) : à Berlin, Michieletto a imaginé un prologue, mais il est silencieux : on y voit une vieille femme entrer en scène et raccommoder de vieux chaussons de ballerine. Le ton féerique est ainsi remplacé par une atmosphère réaliste qui rend beaucoup plus émouvant le sort de la pauvre Lucette (c’est le nom de la Cendrillon de Cain/Massenet), ici immobilisée dans un lit d’hôpital à cause d’une fracture de la jambe provoquée par une chute sur scène. La dramaturgie de Simone Berger est pleinement acceptable et, secondée par la mise en scène de Michieletto et les décors de Paolo Fantin, elle fait de ce spectacle l’une de ces représentations mémorables auxquelles on a parfois la chance d’assister.

Cendrillon, une œuvre de la maturité de Massenet, a été créée à l’Opéra-Comique en 1899. Elle ne fait pas partie des œuvres les plus fréquemment jouées d’un compositeur de quelque 35 opéras qui, hors de France, est connu presque exclusivement pour Manon et Werther – cette Cendrillon constitue d’ailleurs une première sur les scènes de la Komische Oper. La musique est un savant pastiche de styles, du Versailles de Mme de la Haltière au trio néo-classique avec les filles, du galant au passionné. Les références littéraires s’ajoutent aux références musicales pour constituer une parodie intellectuelle raffinée et un peu froide, et le choix vocal, pour les protagonistes, rappelle Hänsel und Gretel de Humperdinck et Rosenkavalier de Strauss pour la prédominance des voix féminines, y compris pour certains personnages masculins. L’ensemble donne une couleur très particulière à cet opéra crépusculaire.

Cendrillon est une Nadja Mchantaf magnifique et intense, très sûre vocalement, une magnifique actrice, qui, de plus, met à profit ses études de ballerine au service d’une interprétation complète du personnage qu’elle incarne avec une urgence saisissante. Son prince charmant trouve dans le corps androgyne de la mezzo-soprano Karolina Gumos le partenaire idéal pour la voix et la présence en scène. Le père affectueux – une particularité au sein des différentes versions de Cendrillon ! – est joué avec une grande sensibilité par Werner van Mechelen tandis qu’Agnes Zwierko la belle-mère, incarne un savoureux maître de ballet russe. La fée aux coloratures impeccables est Mari Eriksmoen. Le reste de la troupe et les choristes participent à ce délicieux conte de fées avec beaucoup d’enthousiasme. Brillante et colorée est la direction de Henrik Nánási, le directeur musical du théâtre.

La scénographie de Paolo Fantin, les lumières de Diego Leetz et les costumes de Klaus Bruns font le reste : deux rideaux sur les miroirs suffisent à transformer la salle de répétition du ballet en chambre d’hôpital et vice versa. Pour le duo du troisième acte, ici transformé en pas de deux, des ailes en papier mâché descendent sur la scène pour créer un bosquet romantique, tandis que le brouillard est fait par les machinistes et que les projecteurs deviennent visibles, placés en évidence. Le théâtre est une fiction, la réalité n’est pas un conte de fées, mais l’immense amour que Michieletto porte au théâtre rend cet opéra encore bien plus beau qu’il ne l’est en réalité…

Lisez la version originale  italienne de cette critique ici !

Les artistes

Cendrillon   Nadja Mchantaf
Madame de la Haltière   Agnes Zwierko
Le Prince Charmant   Karolina Gumos
La Fée   Mari Eriksmoen
Noémie   Mirka Wagner
Dorothée   Zoe Kissa
Pandolfe   Werner van Mechelen
Le Roi   Carsten Sabrowski

Chœurs et orchestre de la Komische Oper de Berkin, dir. Henrik Nánási

Mise en scène   Damiano Michieletto

Le programme

Cendrillon

Conte de fées en 4 actes de Jules Massenet, livret d’Henri Cain, créé le 24 mai 1899 à l’Opéra-Comique de Paris.

Enregistré le 12 juin 2016 à la Komische Oper de Berlin.
Disponible jusqu’au 20 janvier 2021. Sous-titres en allemand et en anglais.

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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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