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Un Ludovic Tézier au zénith retrouve son Simon Boccanegra à l’Opéra national de Paris

par Camillo Faverzani 14 mars 2024
par Camillo Faverzani 14 mars 2024

© Vincent Pontet - ONP

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Simon Boccanegra, Opéra Bastille, 12 mars 2024

Reprise de la mise en scène de Calixto Bieito

Un bateau en guise de cerveau-maison

S’il est un rôle que tous les barytons rêvent de pouvoir incarner un jour, c’est bien celui de ce premier doge de Gênes aux allures shakespeariennes avant la lettre, père et tyran à la fois, magnanime et impitoyable, écrasé en quelque sorte par le fardeau de l’humanité. Et s’il est un baryton qui de nos jours parvient à revêtir magistralement toutes les facettes de cette complexe psychologie, c’est bien Ludovic Tézier, autour duquel avait été conçue la mise ne scène de Calixto Bieito, en coproduction avec la Deutsche Oper de Berlin, à l’automne 2018. Elle revient à l’Opéra Bastille en même temps que l’entrée au répertoire de la première scène lyrique nationale de The Exterminating Angel de Thomas Adès dont le réalisateur espagnol est aussi le maître d’œuvre.

Ce spectacle étant déjà bien connu du spectateur parisien, ne nous attardons pas outre mesure sur la production. Bornons-nous à rappeler sa dimension maritime – comment pourrait-il en être autrement pour un tel titre ? – que résume la coque d’un navire tournant, en guise de décor unique assez minimaliste (Susanne Gschwender), évoluant néanmoins de la ligne de flottaison pour la première partie (prologue et acte I) à la carcasse du pont pour la seconde (acte II et III), le ventre du bateau, créant une sensation de mouvement continu, à l’image des vicissitudes encourues par les personnages. Ce cerveau-maison freudien, nous rappelle le metteur en scène dans le programme de salle, « Un espace mental, un refuge, qui […] permet d’échapper à son chagrin, aux zones obscures de son âme, et de retrouver le sentiment de liberté autrefois procuré par la mer ».

L’utilisation de la vidéo (Sarah Derendinger) se focalise surtout sur le héros et sur sa fille, apparaissant principalement sous les traits de sa mère, Maria Fiesco, rôle muet du cru du réalisateur, interprété par la comédienne Annie Lockerbie Newton, rongée par les rats à l’entracte. Elle s’étend quand même à Gabriele Adorno, ennemi juré du père, aimant la fille et héritier en devenir, lors du trio de l’acte II, de façon à préparer l’avènement de la nouvelle génération. Les costumes contemporains d’Ingo Krügler évoquent aussi bien les adversités du grand large (blousons et imperméables en cuir) que la fonction officielle du protagoniste (costume-cravate). Les projections permettent d’ailleurs de suivre la mutation de ce dernier, de corsaire en chef d’état, enfourchant ses lunettes, gominant ses cheveux. Un Boccanegra omniprésent, donc, se couchant à l’avant-scène dès le premier tableau, imposant sa personne même en son absence.

Boccanegra et Fiesco ouvrent et congédient la pièce

D’une certaine manière, Boccanegra et Fiesco ouvrent et congédient la pièce. Dans le rôle de l’antagoniste, Ludovic Tézier retrouve un Mika Kares des grands jours, comme déjà en 2018. L’intensité de leur premier duo ne vient que confirmer la fluidité du phrasé que la basse finnoise déploie dès sa précédente sortita, la romanza « Il lacerato spirito », malgré quelques notes légèrement tendues dans le duo avec Gabriele, à l’acte I. Tandis que Boccanegra se permet des modulations enivrantes, se renouvelant dans les pleurs du duo de l’acte III, puis dans un quatuor final tirant littéralement les larmes. Déchirant dans le duo de la reconnaissance, le baryton français réendosse l’habit du père verdien à quelques semaines de son triomphal Germont dans les non moins glorieuses représentations de La traviata.

Jouant d’un souffle sans fin, il donne la réplique à une Nicole Car en prise de rôle et se marie à la perfection à un timbre fragile seulement en apparence, ne creusant que davantage la gravité du moment. Leur complicité se renouvelle au finale I où le récit de la jeune femme se singularise notamment par un aigu percutant, cependant que l’apostrophe du géniteur n’est que plus émouvante, avant un anathème en tout point bouleversant. Faisant un sort à chaque mot, Ludovic Tézier taille même ses récitatifs dans un délicat travail d’orfèvrerie et retrouve le couple d’amants dans un trio de l’acte II dont la tension atteint son paroxysme.

Dès son air de présentation, la soprano australienne caractérise son Amelia/Maria par une très belle ligne et une lecture très stylée du personnage. Elle trouve en Charles Castronovo un Gabriele Adorno quelque peu introverti, associant à une élocution de grande classe une force d’interprétation de premier ordre. Le ténor américain revient à l’Opéra Bastille à plus de cinq ans d’écart de ses derniers Alfredo de La traviata et nous sommes ravis de ces retrouvailles avec un artiste accompli qui mène une carrière très cohérente, certes loin des feux de la rampe des mondanités, mais assurément des plus respectables. Malgré quelques limites dans l’aigu, savamment bien gérées, surtout perceptibles dans son premier duo avec sa bien-aimée, il sait superbement varier ses interventions dans leur scène de l’acte II. Son précédent air est d’ailleurs le seul moment où le public parvient à esquisser un applaudissement au cours d’un ouvrage qui n’en appelle pas et que la direction de Thomas Hengelbrock s’attelle à ne pas interrompre, même dans les transitions entre le prologue et l’acte I, puis entre les actes II et III.

En attendant Boccanegra…

Lui aussi à ses débuts dans le rôle, Étienne Dupuis donne vie à un Paolo Albiani de grande noblesse, malgré la noirceur du personnage. Son accent à la projection facile dans l’introduction sait doser une certaine retenue dans l’échange avec Boccanegra, puis s’allier aux belles intonations du Pietro d’Alejando Baliñas Vieites, pour devenir impressionnant dans le duo de l’acte I avec Fiesco. En attendant sans doute Boccanegra, dans quelques années…

Intervention vaillante des Chœurs de l’Opéra national de Paris, surtout lors de l’élection, à la fin du prologue, puis grandiose dans le finale I de la malédiction. Impeccables, comme à l’accoutumée.

Pour son premier Verdi in loco, Thomas Hengelbrock mène en professionnel qu’il est les phalanges de la maison dont nous apprécions tout particulièrement la maîtrise des vents et la solidité des cordes.

Les artistes

Simon Boccanegra : Ludovic Tézier
Maria Boccanegra (Amelia Grimaldi) : Nicole Car
Jacopo Fiesco : Mika Kares
Gabriele Adorno : Charles Castronovo
Paolo Albiani : Étienne Dupuis
Pietro : Alejando Baliñas Vieites
Un capitano dei balestrieri : Paolo Bondi
Un’ancella di Amelia :  Marianne Chandelier
Maria Fiesco (rôle muet) : Annie Lockerbie Newton

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, dir. Thomas Hengelbrock et Alessandro Di Stefano
Mise en scène : Calixto Bieito
Décors : Susanne Gschwender
Costumes : Ingo Krügler
Lumières : Michael Bauer
Vidéo : Sarah Derendinger

Le programme

Simon Boccanegra

Melodramma en un prologue et trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave, modifié par Arrigo Boito, créé au Teatro La Fenice de Venise le 17 mars 1857 (seconde version : Teatro alla Scala de Milan, 24 mars 1881).
Opéra National de Paris Bastille, représentation du mardi 12 mars 2024.

 

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Ludovic TézierEtienne DupuisThomas HengelbrockCalixto BieitoNicole CarAlejandro Baliñas VieitesCharles CastronovoMika Kares
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

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