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DON GIOVANNI –
En provenance de Salzbourg, via Berlin, retour du chef-d’œuvre de Mozart dans la première salle lyrique nationale

par Camillo Faverzani 14 septembre 2023
par Camillo Faverzani 14 septembre 2023

© Bernd Uhlig - Opéra national de Paris

© Bernd Uhlig - Opéra national de Paris

© Bernd Uhlig - Opéra national de Paris

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© Bernd Uhlig - Opéra national de Paris

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Don Giovanni, Opéra Bastille

Pour ouvrir sa nouvelle saison, l’Opéra national de Paris a eu la très bonne idée de proposer un nouveau spectacle.

La forêt, ce lieu de la scène satyrique dans le théâtre antique

S’il a mis une petite dizaine d’années avant d’entrer au répertoire de l’Opéra Bastille, Don Giovanni en est vite devenu l’un des piliers, titre repris à un rythme presque annuel, retrouvant parfois le Palais Garnier, comme pour les deux premières séries de la mise en scène sans doute un peu figée d’Ivo van Hove. Pour ouvrir sa nouvelle saison, l’Opéra national de Paris a eu la très bonne idée de proposer un nouveau spectacle, à défaut de nouvelle production, la quatrième en tout cas depuis bientôt vingt-cinq ans. Inédite pour le spectateur parisien, la conception de Claus Guth, absent de l’institution depuis cinq ans[1] (Bérénice de Michael Jarrell à Garnier), est bien connue du mélomane voyageur : faisant partie d’un cycle Mozart-Da Ponte s’étant étalé sur la période 2006-2009 et repris dans son ensemble en 2011, elle a vu le jour au Festival de Salzbourg 2008, avant de revenir à maintes reprises à Berlin, Staatsoper Unter den Linden.

C’est bien à la première du 13 septembre que nous avons assisté, précédée toutefois d’une avant-première donnée le 9 pour le jeune public (- de 28 ans). Pendant l’ouverture, admirablement défendue par Antonello Manacorda, dont on retient tout particulièrement des modulations des cordes en demi-teinte, un trou dans un écran noir laisse apercevoir les coups infligés par Don Giovanni au Commendatore, ce dernier réagissant en le blessant grièvement d’une balle de révolver. C’est ce qui l’amènera en dernier lieu jusqu’à sa mort. C’est l’une des deux idées maîtresses de la mise en scène, cette mutilation poussant le héros à vouloir assouvir « ses derniers instincts de prédateur avant de mourir », nous dit-on dans le programme de salle, la seconde étant le décor sylvestre, en arrière-plan dès ces premières images qui défilent à la manière d’un film du milieu du XXe siècle que vient corroborer un savant jeu de lumières suggérant la projection d’une pellicule usée. C’est le lieu de la scène satyrique dans le théâtre antique, nous rappelle à son tour Isabelle Moindrot dans l’un des textes de présentation.

Le festin se mue ainsi en pique-nique bucolique

Lorsque l’action commence véritablement, apparaît un Leporello évoquant quelque peu le Papageno à venir, alors que son maître copule avec une Donna Anna entièrement consentante, dont les paroles sonnent quelque peu en contradiction avec ses gestes. Cela n’empêche nullement son père de rejouer la même pantomime que pendant l’ouverture à l’encontre du violeur. L’action se poursuit dans un abribus en tôle, au cœur de la forêt ou sur une route de campagne. Donna Elvira, dans un tailleur des années 1950-1960, y attend quelqu’un, visiblement son volage d’époux. Le mariage entre Zerlina et Masetto se mue donc en noces champêtres, tandis que Donna Anna et Don Ottavio reviennent à la scène dans une sempiternelle voiture, idée sans doute originale il y a quinze ans, devenue quelque peu un poncif de nos jours. À l’issue de la tentative de séduction de la part du protagoniste, la robe de mariée de Zerlina se tache d’un rouge sang : est-ce la blessure du suborneur qui saigne ou la virginité perdue de la jeune fille ? La prise de vue cinématographique du début clôt le premier acte.

Très efficace est l’inversion des rôles entre le maître et son valet, n’était la différence de taille non négligeable entre les deux interprètes. Bandée, Donna Elvira consomme ainsi ce qu’elle croit être ses retrouvailles avec son mari. C’est une constante du personnage tel qu’il est perçu par la production, puisqu’elle se déshabillera à nouveau au cours de son dernier air. Suite aux vicissitudes et quiproquos qui ont failli lui coûter la vie, Leporello se shoote vraisemblablement à l’héroïne, avant de se confronter à de nouvelles frayeurs, lorsque surgit la statue du commandeur, en épouvantail préfigurant ostensiblement la mort. Le festin devient alors un pique-nique bucolique, sous la neige néanmoins. Leporello ceint Don Giovanni de la couronne en carton du jour des rois, cependant que le Commendatore creuse la fosse de son meurtrier.

Une fin sans lieto fine

Pour l’avoir incarné dans les plus grandes salles, notamment dans trois des séries de la mise en scène de Michael Haneke entre Garnier et Bastille, Peter Mattei est un libertin impénitent aux multiples facettes, notamment dans les récitatifs. Il surjoue parfois mais c’est sans doute la production qui le veut, ce qui lui vaut de rares baisses de niveau dans l’articulation. Alex Esposito est un Leporello qui sait conjuguer une étendue vocale bien portante, une présence scénique enjouée et un chant soigné. Son air du catalogue lui vaut un triomphe, déjà entrecoupé d’applaudissements en son beau milieu de la part d’un public plus indiscipliné que d’accoutumée. Adela Zaharia est une Donna Anna d’envergure : très intelligible dès l’introduction, elle aborde son premier air de manière à la fois stylée et dramatique, enrichi de variations bienvenues, même si sa voix se voile quelque peu au fil de la représentation. À ses débuts à l’Opéra de Paris, Ben Bliss est un Don Ottavio aérien, quoique pas toujours idiomatique. Jadis Zerlina pour Michael Haneke, Gaëlle Arquez, sauf erreur en prise de rôle, est une Donna Elvira en devenir. À la Zerlina d’aujourd’hui, Ying Fang confère un joli timbre claironnant pour une interprétation tout en nuances. Guilhem Worms est un jeune Masetto à la santé vocale certaine, malgré quelques incertitudes sur le plan de l’élocution. John Relyea met sa voix caverneuse au service des répliques surnaturelles du Commendatore. Il a aussi la tâche de conclure l’opéra, puisque l’actuelle production renonce au lieto fine, ce sextuor édifiant dont la suppression pourrait faire penser à la production viennoise du 7 mai 1788, bien que rien ne soit moins sûr que cette dernière modification ait vraiment été portée à la scène…

————————————————————

[1] Si ce n’est pour une reprise de Rigoletto en octobre 21.

Les artistes

Don Giovanni : Peter Mattei 
Leporello : Alex Esposito 
Donna Anna : Adela Zaharia  
Don Ottavio : Ben Bliss 
Donna Elvira : Gaëlle Arquez 
Zerlina : Ying Fang
Masetto : Guilhem Worms 
Commendatore : John Relyea

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, dir. Antonello Manacorda

Mise en scène : Claus Guth

 

Le programme

Don Giovanni

Dramma giocoso en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart, livret de Lorenzo Da Ponte, créé au Stavovské divadlo de Prague le 29 octobre 1787.

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Guilhem WormsGaëlle ArquezAlex EspositoAntonello ManacordaClaus GuthPeter MatteiAdela ZahariaBen BlissJohn RelyeaYing Fang
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

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