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Georges Dandin ou les cauchemars du Paysan Mal Marié

par Cartouche 6 janvier 2022
par Cartouche 6 janvier 2022

© Marcel Hartmann

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2,1K

Georges Dandin : la première comédie-ballet de Molière et Lully à l’Opéra Royal de Versailles

L’Opéra Royal de Versailles inaugurait mardi soir son « Cycle Molière 400 ans » en cette année qui marque les 400 ans de sa naissance par une série de cinq représentations de Georges Dandin ou le Mari Confondu, première comédie-ballet de Molière et Lully. Dans le livret distribué aux spectateurs de la fête du Grand Divertissement Royal de Versailles le 18 juillet 1668, Molière leur explique que par la volonté du Roi, amoureux fou de danse, ils vont assister à « une espèce de Comédie en musique et Ballet », genre hybride encore peu répandu dont le lointain ancêtre est sans doute le Ballet Comique de la Reine de 1581 où Balthazar de Beaujoyeulx se vante d’avoir « fait parler le Ballet et chanter et résonner la Comédie » et « contenté en un corps bien proportionné, l’œil, l’oreille et l’entendement. »

Avec cette œuvre hybride Molière prend le risque de mécontenter les amateurs de comédie comme ceux du ballet. Il propose en effet une pastorale chantée et dansée qui raconte les amours contrariés de bergers improbables dans laquelle s’enchâsse la comédie grinçante d’un paysan parvenu qui, grâce à sa fortune, s’offre la fille d’aristocrates désargentés et un titre de noblesse, mésalliance dont il sort cocu, battu et prêt à se jeter dans les bras de Bacchus. Contrairement au Bourgeois Gentilhomme de 1670, où musique et comédie sont parfaitement intégrées, il est difficile ici de voir les liens entre la pastorale et la comédie, même si le livret précise que la première danse des Bergers qui suit l’Ouverture interrompt les rêveries du Paysan Marié et si une Bergère entretient Dandin du désespoir des amants après leur dispute à la fin de l’acte I et puis de leur sauvetage à la fin de l’acte II. Sauf qu’au monde idéal de l’amour partagé de la pastorale, où même Amour et Bacchus viennent à pactiser, s’oppose la vénalité de ce mariage forcé avec un vieux barbon, la morgue imbécile des parents et la rouerie diabolique du tendron pour échapper à sa nuit de noces et s’attacher un jeune amant, comédie d’où nul, les maîtres comme les valets, ne sort épargné.

Michel Fau, qui signe la mise en scène, élimine tout lien entre pastorale et comédie. En grande forme, il tire son Dandin du côté du tragique et l’arbre aux branches noueuses qu’il place au centre de son décor dit assez le cauchemar poisseux dans lequel s’empêtre son protagoniste pathétique auquel, au bout du compte, va notre sympathie. Philippe Girard, Monsieur de Sotenville, est superbe en père paterne et patelin dans son duo avec Anne-Guersande Ledoux, son épouse hystérique à la coiffe médiévale. Armel Cazedepats compose en Clitandre un petit marquis convaincant de fatuité qui met en valeur l’Angélique d’Alka Balbir, Sainte Nitouche voilée qui émerge de la niche gothique qui domine le décor, redoutable d’habilité dans le mensonge. Heureusement les bouffonneries du couple des domestiques, la Claudine de Nathalie Savary et surtout le Lubin de Florent Hu, formidable de bêtise et de sensualité brute dans son costume d’homme des bois échappé des Très Riches Heures du duc de Berry, provoquent les rires francs du public, longs à venir vu le climat oppressant de la comédie.

Ce même climat contamine la pastorale où, malgré la richesse et la beauté des costumes de Christian Lacroix, le maquillage outrancier et les plumes des deux couples de Bergers ne fait que prolonger l’impression de cauchemar. Le programme mis à la disposition du public ne précise ni l’identité des personnages ni quel chanteur assure quel rôle aussi il est difficile de féliciter nommément Climène et Cloris, Tircis et Philène pour leur prestation. Gaétan Jarry dirige avec entrain et souplesse une partition pleine de charme et de vivacité depuis son clavecin. Dommage que les musiciens de son Ensemble Marguerite Louise, placés en fond de scène et sans doute sonorisés, couvrent parfois les chanteurs. Hélas, de ballet, point. Si les acteurs de la comédie viennent prêter leur voix au dernier ensemble qui rassemble le parti de l’Amour et celui de Bacchus, il manque au spectacle ce dernier intermède de ballet qui aurait pu en faire un final splendide. Qu’importe, vu la noirceur affichée de la comédie, ces réjouissances chorégraphiques auraient semblé bien incongrues.

Les artistes

Angélique Alka Balbir
Clitandre Armel Cazedepats
George Dandin Michel Fau
Monsieur de Sotenville Philippe Girard
Lubin Florent Hu
Madame de Sotenville Anne-Guersande Ledoux
Claudine Nathalie Savary

Sopranos Cécile Achille, Juliette Perret
Ténor  François-Olivier Jean
Baryton David Witzcak

Ensemble Marguerite Louise
Direction et clavecin Gaétan Jarry
Mise en scène Michel Fau
Costumes Christian Lacroix
Décors Emmanuel Charles
Lumières Joël Fabing
Maquillage Pascale Fau

Le programme

Georges Dandin ou le Mari Confondu

Comédie-ballet de Jean-Baptiste Molière et Jean-Baptiste Lully (1668)

Opéra Royal de Versailles, représentation du mardi 4 janvier 2022. Et aussi les  mercredi 5, jeudi 6 et vendredi 7 janvier, 20h, samedi 8 janvier 19h

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Opéra Royal de VersaillesMolière
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Cartouche

Premier baryton de la troupe Eratori, dédiée à la défense de l’œuvre lyrique de Claude Terrasse, Cartouche est agrégé d’anglais et l’auteur d’une thèse sur les opéras de Benjamin Britten, de nombreux articles sur son oeuvre et celle de Ralph Vaughan Williams et du rapport texte et musique, XIXe-XXe. Il a échappé de peu au supplice de la roue et coule une retraite active après avoir officié à l’université de Caen.

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