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Eugène Onéguine au Théâtre des Champs-Élysées – C’est comme les épinards…

par Romaric HUBERT 12 novembre 2021
par Romaric HUBERT 12 novembre 2021

Eugène Onéguine - Théâtre des Champs-Élysées ©Vincent Pontet

Eugène Onéguine - Théâtre des Champs-Élysées ©Vincent Pontet

Eugène Onéguine - Théâtre des Champs-Élysées ©Vincent Pontet

Eugène Onéguine - Théâtre des Champs-Élysées ©Vincent Pontet

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Eugène Onéguine - Théâtre des Champs-Élysées ©Vincent Pontet

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Eugène Onéguine - Théâtre des Champs-Élysées ©Vincent Pontet

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Il en va des soirées d’opéra comme des épinards. On aura appris à dire bien poliment qu’on n’aime pas alors qu’en fait, ce n’est pas bon.

Pourtant, à feuilleter le livre de recettes, pardon, le magnifique programme de salle du Théâtre des Champs-Élysées, on s’attendait à passer une excellente soirée pleine de générosité, de plaisirs et d’émotions. On les connait pourtant bien les bonnes recettes de maintenant. Celles qui veulent nous donner du croquant, du gourmand, du fondant, de la mâche, de l’acide, du sucré et qui, une fois réalisées, nous font d’ingrédients bien choisis un plat fade et sans saveur.

Sur le papier, il faut dire que tout s’annonçait bien pour cette nouvelle production d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski. L’écrivain et essayiste Dominique Fernandez nous suggérait la possibilité d’amours impossibles entre Lenski et Onéguine. Le metteur en scène Stéphane Braunschweig nous vendait un drame de l’intime entre temps qui passe, nostalgie, regrets et remords. La cheffe Karina Canellakis se proposait de faire de l’orchestre un miroir permanent des sentiments des personnages. Rien de bien nouveau certes mais les ingrédients étant supposément de bonne qualité, on s’attendait sinon à être transporté, du moins à ne pas rester sur notre faim. Nous sommes pourtant sortis du Théâtre des Champs-Élysées le ventre vide et le cœur bien sec.

Visuellement, l’assiette est digne d’un repas d’hôpital un lendemain de gastroplastie : d’une tristesse ennuyeuse. Du vert, du gris, du noir, du blanc, du mat, du terne… Et des chaises, encore des chaises qu’on bouge et qu’on rebouge… Et la chambre de Tatiana qui apparait et qui disparait… Une chambre petite, étriquée avec des meubles de chambre d’enfant pour qu’on comprenne bien que la jeune fille est enfermée dans un monde trop étroit et conformiste pour elle. Ah ! Qu’on aime quand un metteur en scène se sent en devoir de bien nous montrer visuellement l’état psychologique des personnages, au cas où le spectateur en manque d’expériences de vie aurait des difficultés à bien comprendre leur solitude, leur enfermement, leurs tourments. Donnez-nous des champs de blé, des salons dorés et des forêts de bouleaux enneigées, donnez-nous du beau et laissez donc notre imaginaire travailler !!!

Applaudissons tout de même les lumières parfaitement réussies de Marion Hewitt totalement en adéquation avec cette vision écrémée bien loin du drame de Pouchkine. Passons sur les beaux costumes de Thibault Vancraenenbroeck qui nous font voyager dans les époques et les classes sociales sans qu’on en comprenne toujours pourquoi. Trop de subtilités peut-être…

Comment alors faire vivre des personnages dans un tel univers visuel surtout quand la réussite musicale n’est pas au rendez-vous ? La cheffe d’orchestre Karina Canellakis fait ronfler un Orchestre National de France en grande forme, peut-être trop d’ailleurs. Loin d’un miroir des tourments de l’intime, nous voilà face à un déferlement de lignes musicales grasses dessinées au feutre large mais sans tension dramatique et surtout sans poésie. La scène de la lettre de Tatiana sera à cet égard un long tunnel d’ennui et de fadeur. Louons quand même la qualité du pupitre de violoncelles de l’ONF même si son investissement presque extraverti flirte parfois avec le bord de la justesse.

Pour compléter ce tableau bien terne, il nous faudra bien admettre avec déplaisir que ce n’est pas du côté des chanteurs que nous trouverons les ingrédients suceptibles de faire prendre la sauce. Jetons un voile pudique sur le prestation de Gelena Gaskarova en Tatiana. Que nous ne lui trouvions pas la voix du rôle est un avis tout personnel. Qu’elle peine à faire vivre la romantique jeune fille et la femme volontaire est un juste constat. Faisons preuve de bienveillance et mettons ces faiblesses sur le compte des effets du trac d’un soir de première. Jean-Sébastien Bou est un bel Onéguine aussi bien visuellement que vocalement et nous lui pardonnerons facilement une petite faiblesse dans le duo final tout occupé (ou gêné) qu’il était à ramasser quelques feuillets inutiles sur scène. Pas de tensions sexuelle ou amoureuse face à Lenski à attendre dans ce portait du héros désabusé et pris à son propre piège mais avouons que cet ingrédient n’est pas forcément indispensable.

Jean-François Borras est un Lenski bien chantant; seul personnage à apporter un peu d’émotion au cours de cette morne soirée mais qu’on demande à réentendre dans d’autres circonstance où son talent sera plus confortablement utilisé. Alisa Kolosova une Olga jouisseuse à la santé et à l’opulence vocale appréciable. On a également beaucoup de plaisir à retrouver Mireille Delunsch et Delphine Haidan en Madame Larina et Filippievna nostalgiques et complices. Jean Teitgen est un Grémine à l’humanité poignante même si on a senti le chanteur sur la réserve. Les prochaines représentations devraient lui donner l’occasion de déployer plus librement sa belle voix de basse. Marcel Beekman est un Monsieur Triquet impeccablement caractérisé vocalement même si un peu effacé scéniquement. Les Capitaine et  Zaretski de Yuri Kissin sont intelligemment campés.  Le Chœur de l’Opéra National de Bordeaux est appliqué et impliqué même s’il ne peut éviter quelques légers décalages avec l’orchestre lors de la scène du bal de l’acte II. 

Stoppons ici la métaphore culinaire servant uniquement à masquer une déception profonde face à un spectacle pourtant si prometteur et portons nos pas vers d’autres étoiles plus gourmandes, intenses et nourrissantes.

Les artistes

Madame Larina Mireille Delunsch 
Tatiana Gelena Gaskarova 
Olga Alisa Kolosova 
Vladimir Lenski Jean-François Borras 
Eugène Onéguine Jean-Sébastien Bou 
Prince Grémine Jean Teitgen
Filippievna Delphine Haidan 
Le Capitaine / Zaretski Yuri Kissin 
Monsieur Triquet Marcel Beekman 

Mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig 

Chorégraphie Marion Lévy 
Costumes Thibault Vancraenenbroeck 
Lumières Marion Hewlett

Chœur de l’Opéra National de Bordeaux, dir. Salvatore Caputo
Orchestre National de France, dir. Karina Canellakis 

Le programme

Eugène Onéguine

Opéra en 3 actes et 7 tableaux de Piotr Ilitch Tchaïkovski
Livret de Constantin Chilovsky et du compositeur, inspiré du roman Alexandre Pouchkine
Création à Moscou le 29 mars 1879.

Théâtre des Champs-Élysées, représentation du mercredi 10 novembre 2021, 19h30

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Romaric HUBERT

Licencié en musicologie, Romaric Hubert a suivi des études d’orgue, de piano, de saxophone et de chant. Il a chanté dans plusieurs chœurs réputés, ou encore en tant que soliste. Il est titulaire d’une certification qualifiante professionnelle d’animateur radio délivrée par l’Institut National de l’Audiovisuel, et a fait ses premiers pas au micro sur France Musique. Il a fondé la compagnie Les Papillons Electriques avec sa complice Jeanne-Sarah Deledicq et est co-créateur du site Première loge.

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