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MADAMA BUTTERFLY à Monte-Carlo… ou une étoile est née!

par Hervé Casini 23 novembre 2021
par Hervé Casini 23 novembre 2021
© Alain Hanel
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Révélation à Monte-Carlo : Alexandra Marcellier triomphe en Butterfly

Le forfait de dernière minute d’Aleksandra Kursak, souffrante, permet de découvrir la jeune soprano française Alexandra Marcellier en Cio-Cio-San : un choc tant scénique que vocal.

Le triomphe qui a suivi « Un bel dì vedremo », le « tube » de l’opéra de Puccini, et qui, au rideau final, a accompagné les saluts de cette bouleversante interprète, est la preuve tangible que d’authentiques chanteurs-acteurs français attendent encore leur heure et…leur consécration. La scène monégasque a eu ô combien raison de faire confiance à une jeune chanteuse française, déjà Butterfly en début de mois à l’Opéra de Saint-Etienne, mais néanmoins quasi ovni dans la « lyricosphère » !

Une production sans surprise…

Bien connue des globe-trotteurs de l’art lyrique, puisque déjà vue à l’Opéra Grand-Avignon puis aux Chorégies d’Orange, la production de Mireille Larroche – célèbre créatrice de la Péniche Opéra – sous-tendue par le décor de Guy-Claude François composé comme il se doit de panneaux coulissants, de par son caractère totalement fonctionnel et sans surprise, invite indirectement les interprètes à se concentrer sur leur chant. Ici, les attentes de la metteuse en scène vont à l’essentiel et les personnages sont bel et bien ceux que le public connaît et aime depuis qu’il vient applaudir Madama Butterfly dans les théâtres du monde entier ! La sobriété de cette production, sans japonisme appuyé, permet, de fait, à des artistes fort différents dans leur psychologie des personnages de pouvoir rapidement entrer dans le spectacle: pour cette dernière représentation, cela n’aura pas constitué la moindre de ses qualités !

On retiendra, en outre, les très beaux jeux de lumière – signés Laurent Castaingt – tout aussi efficaces dans les scènes intimistes (duo d’amour du Ier acte) que dans la scène de l’attente du retour de Pinkerton, à la fin du II, avec sa terrasse en fleurs et ses lumières nocturnes dans les maisons du port de Nagasaki. Sans doute le moment le plus émouvant de cette production.

Un orchestre philharmonique des grands jours

Est-il besoin d’écrire que Puccini, loin d’être un « faiseur » comme nombre de ses détracteurs eurent longtemps l’habitude de l’écrire, est un musicien et un orchestrateur génial ? Toute la partition de Madama Butterfly est perlée de ces clairs-obscurs, de ces fulgurances dramatiques, de ces intonations déchirantes qui, après quelque trente ans d’audition, nous révèlent encore des splendeurs et nuances insoupçonnées. C’est justement en musicien à la recherche des beautés constamment renouvelées de cette partition que Giampaolo Bisanti, que l’on connaissait déjà comme un grand chef, aborde l’ouvrage. Aidé de la collaboration étroite d’un chœur préparé avec l’amour qu’il nourrit pour cette musique par Stefano Visconti – dont on précisera qu’il a œuvré sur les mêmes fonctions, pendant quinze ans, au festival Puccini de Torre del Lago -, le maestro Bisanti, à la tête d’une phalange particulièrement chauffée à blanc, dresse une évocation musicale somptueuse de l’héroïne probablement la plus bouleversante de la production lyrique du compositeur toscan.

Un plateau vocal dans lequel Alexandra Marcellier aura su s’insérer superbement

Massimo Cavalletti (© Alain Hanel)
Marcelo Puente (© Alain Hanel)

De seconds rôles tous impeccablement campés – dont on retiendra le Goro inquiétant à souhait de Philippe Do et l’oncle Bonzo sonore de Fabio Bonavita – à la magnifique prestation de Massimo Cavalletti, à la fois du strict point de vue vocal (un aigu particulièrement percutant !) que de celui d’une incarnation pleine d’humanité en Sharpless, le plateau vocal réuni pour cette ouverture de la saison ne déçoit pas. Si l’on a connu plus émouvante Suzuki qu’Annalisa Stroppa – malgré une voix solide -, le Pinkerton de l’argentin Marcelo Puente emporte l’adhésion tant du point de vue d’une interprétation nuancée que de la vocalité d’un rôle qui convient parfaitement à ses moyens de ténor lyrique. Dans les passages les plus exposés du duo du Ier acte, sa voix passe sans problème le mur du son de l’orchestre et se marie merveilleusement à celle de sa Cio-Cio-San d’un après-midi…

Une Cio-Cio-San d’exception

Après de nombreuses années d’écoute et de parcours de scènes lyriques, entendre des ouvrages du grand répertoire tels que Traviata, Tosca ou Butterfly ne peut plus recouvrer de complet intérêt que si l’on se retrouve face à des artistes d’exception,  de celles et ceux qui vous prennent par la main pour vous faire « réentendre » les œuvres en question. Sans nul doute, en sortant de la salle Garnier, c’est ce sentiment qui nous accompagnait…et qui n’a pas fini de le faire, de nombreuses heures après la fin de la représentation !

Arrivée la veille après-midi et n’ayant fait qu’une « répétition » le soir, c’est à un véritable remplacement au pied levé que nous aurons eu droit, en cette matinée, avec la Cio-Cio-San d’Alexandra Marcellier mais c’est, surtout, à la naissance d’une grande artiste, de celles de la trempe des authentiques artistes-chanteuses faites pour chanter Puccini, que nous aurons eu le privilège d’assister.

 Alors qu’elle gravit la colline pour atteindre la maison de Pinkerton, la voix de la jeune soprano perpignanaise, ancienne élève de Maryse Castets puis, désormais, de Florence Guignolet, est déjà souple et assurée, le legato somptueux, le souffle – si important dans cette scène – ne manquant pas ! Le duo d’amour viendra le confirmer avec magie : on est bien face à une véritable soprano lyrique dont l’aigu est sain, plein (c’est si rare !) et vaillant. Dramatiquement, si l’école des Renata Scotto et autres Raina Kabaivanska, ici, pourra encore être mise à profit, le personnage campé par Alexandra Marcellier est, par sa simplicité même, d’une grande force interprétative et bouleverse le spectateur. Le geste est beau et le regard de cette artiste, particulièrement dans les scènes les plus émouvantes de l’ouvrage – avec Sharpless, avec son fils, souvent sur scène dans cette production –  est l’un de ceux que l’on n’oublie plus.

Certes, nous aurions été heureux de découvrir Aleksandra Kurzak dans ce « rôle des rôles ». Nous avons été subjugués par l’assurance d’Alexandra Marcellier à le faire sien, d’un seul coup. De maître.

Les artistes

Madame Butterfly (Cio-Cio San) : Alexandra Marcellier (21/11)
Suzuki, sa servante : Annalisa Stroppa
Kate Pinkerton : 
F.B. Pinkerton : Marcelo Puente
Sharpless, consul : Massimo Cavalletti
Goro, le marieur : Philippe Do
L’Oncle Bonzo : Fabio Bonavita

Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo (Stefano Visconti), dir. Giampaolo Bisanti.

Mise en scène : Mireille Larroche
Décors : Guy-Claude François
Costumes : Danièle Barraud
Lumières : Laurent Castaingt

 



Le programme

Madama Butterfly

Tragédie japonaise en trois actes de Giacomo Puccini (1858-1924), livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa d’après la pièce de David Belasco Madam Butterfly, basée sur une nouvelle de John Luther Long (1898), créée au Teatro alla Scala, Milan, le 17 février 1904.

Représentation du 21 novembre 2021, Opéra de Monte-Carlo.

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pucciniMarcelo PuenteAlexandra Marcellier
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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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