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CD – SIGISMONDO D’INDIA, Lamenti & sospiri

par Stéphane Lelièvre 9 juin 2021
par Stéphane Lelièvre 9 juin 2021
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1,4K

Il n’y a guère, Magdalena Kožená incluait quelques pages de Sigismondo d’India dans ses Lettere amorose (DG, 210) ; plus près de nous, le contreténor Raffaele Pe a fait de même dans son Medici castrato (Glossa, 2014), ou encore Roberta Mameli dans le très bel album Anime amanti (Alpha, 2017). Mais les CD ou, plus encore, les concerts exclusivement consacrés à ce compositeur restent trop rares pour qu’on ne prête pas une oreille attentive à ces Lamenti & sospiri, d’autant qu’ils sont gravés par la Cappella Mediterranea, placée bien sûr sous la houlette de Leonardo García Alarcón, dont l’excellence dans le répertoire du Seicento n’est plus à démontrer.

Alors que l’opéra vient tout juste de naître (l’Euridice de Peri est créé en 1600, l’Orfeo de Monteverdi en 1607), d’India publie son premier livre de madrigaux (1606), et c’est précisément dans ce genre ou dans celui de la monodie accompagnée qu’il se fera surtout connaître – même si on sait qu’il composa également quelques œuvres destinées à la scène, notamment à l’occasion de  divertissements princiers. Très vite oublié des historiens de la musique, Sigismondo d’India ne fut réapprécié qu’assez récemment, et ce double album contribue de façon particulièrement bienvenue à sa redécouverte.

Composés pour l’essentiel sur des poèmes empruntés aux siècles précédents (le Cinquecento, voire le XIVe siècle avec quelques poèmes de Pétrarque), les madrigaux et monodies ici enregistrés évoquent tous les joies ou les tourments de l’amour, chantés tantôt par une voix anonyme, tantôt par une héroïne célèbre, née de l’imagination de l’Arioste (Olimpia abandonnée par Birène, sur un poème de d’India lui-même) ou de celle de Virgile (Didon abandonnée par Énée). Les pièces retenues permettent ainsi l’expression d’une belle variété de sentiments, même si la tonalité générale de l’album est finalement assez mélancolique, voire sombre : étonnant « Mentre che’l cor », ponctué d’accords secs et glaçants et accompagné des sonorités funèbres de l’orgue ; poignant Lamento d’Olimpia (superbement chanté par Mariana Flores, comme toujours très attentive à la pureté du style et à la puissance expressive des mots) qui, plus encore qu’une adresse au lâche Bireno, constitue une saisissante introspection, un long moment de temps suspendu (à l’exception d’une courte section, véritable scène de furie en miniature) conduisant lentement, inexorablement à la mort. Le second CD se fait malgré tout plus souriant, avec quelques pièces enjouées d’inspiration possiblement populaire, telle la réjouissante « Pallidetta qual viola ».

 

Les artistes ici réunis rivalisent de talent pour rendre justice aux pièces retenues par Leonardo García Alarcón. Le choix des deux sopranos, notamment, est particulièrement heureux, tant leurs timbres se différencient et se complètent agréablement, celui de Julie Roset étant plus juvénile, plus pur (même si la voix sait parfois, à des fins expressives, se couvrir d’un léger voile sur certains pianissimi, comme dans le beau « Mercè ! grido piangendo »), celui de Mariana Flores plus incarné, plus dramatique. Nous avons eu à plusieurs reprises l’occasion de dire tout le bien que l’on pense de la voix et du chant de la jeune Julie Roset, et l’on se réjouit que lui soient ici confiées des pièces où elle puisse donner libre cours à son talent, notamment l’étonnant « Odi quel rosignolo » qui, avec ses allusions à des lignes musicales tantôt tendres, tantôt brèves, soutenues, retenues, liées, déliées, murmurées, claires, graves, vibrées, tendues, constitue un véritable art du chant en actes !

Les musiciens de la Cappella Mediterranea établissent un dialogue complice avec les chanteuses, et posent avec raffinement un cadre tantôt enjoué, tantôt poétique, tantôt dramatique aux états d’âme en miniature que constituent les différentes pièces qui composent cet album.

Un disque à découvrir pour mieux connaître celui qui fut le quasi contemporain de Monteverdi, mais dont la musique et la personnalité artistique sont, à bien des égards, sensiblement différentes de celles de son illustre compatriote…

Les artistes

Mariana Flores, Julie Roset, sopranos
Cappella Mediterranea, dir. Leonardo García Alarcón

Le programme

Sigismondo d’India, Lamenti & Sospiri

2 CD Recercar, 01:32:08′ (juin 2021)
Textes en français.

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Sigismondo d'India
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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