À la une
Se préparer au REQUIEM de Verdi / TEREZIN –Grand Amphithéâtre...
Les brèves d’octobre –
Vienne : Une Nuit à VeniseJoyeux anniversaire, Johann !
À la Fenice, un Wozzeck d’autrefois, traduit en italien, anachronique…...
Il aurait 100 ans aujourd’hui : Luciano Berio
Mozart des grands soirs : Luxembourg fait un triomphe à Idomeneo
« Polimnia : l’opéra pour tous », un projet en...
Ça s’est passé il y a 300 ans : mort...
Polimnia: l’opera per tutti
CD – Véronique Gens, Les divas d’Offenbach
Elle aurait 100 ans aujourd’hui : Virginia Zeani
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo

par Jean-François Lattarico 4 juin 2025
par Jean-François Lattarico 4 juin 2025

© Christian DRESSE 2025

© Christian DRESSE 2025

© Christian DRESSE 2025

© Christian DRESSE 2025

© Christian DRESSE 2025

© Christian DRESSE 2025

1 commentaire 0FacebookTwitterPinterestEmail
1,2K

Superbe reprise de la production stéphanoise de Louis Désiré, en clôture des festivités du centenaire de l’institution phocéenne, dans une distribution en grande partie renouvelée, dominée par l’Azucena prodigieuse d’Aude Extrémo.

Venue de l’autre ville aux sept collines, la production de Louis Désiré joue la carte de l’austérité et du minimalisme scénographique, tout en conférant à cette vision d’une rare intensité une des clés de lecture dramatique de la pièce, célèbre pour sa complexité. Dominés par des tonalités sombres, les décors de Diégo Mendez-Casariego (qui signe également les beaux costumes finement stylisés), une combinaison de panneaux noirs à la Soulage, évoquent par leur mobilité les différents lieux de l’intrigue (palais, camp, forteresse) et donnent, en quelque sorte, le la chromatique aux autres couleurs présentes dans les costumes et les drapés (bleu céleste, blanc laiteux et rouge écarlate du voile qu’Azucena ne quitte quasiment jamais, ou encore l’orange de feu des champs de roseaux qui apparaissent dans l’ouverture du mur du fond, symbole du brasier constituant le fil rouge de l’opéra). Les contrastes qui en émergent sont ainsi magnifiés par les lumières théâtralement efficaces de Patrick Méeüs. Simple sans être simpliste, le dispositif, à forte charge symbolique, réussit ainsi le tour de force d’être à la fois intemporel et fidèle à l’ancrage historique de l’intrigue. La scénographie s’enrichit néanmoins d’un autre dispositif mécanique : une croix formée d’une poutre verticale et d’une poutre horizontale qui se rejoignent et dont la surface en miroir renvoie les personnages à leurs propres tourments. Le hiératisme de la scénographie est toutefois contrebalancé par des tableaux vivants : les chœurs d’homme encerclant le trouvère, les figurants au torse dénudé, la garde rapprochée du Comte, ou encore l’émotion perceptible qui sourd de la piété mariale du fameux « Miserere ».

Manrico, le trouvère, est incarné par le ténor (et poète) roumain Teodor Ilincăi, qui possède la vaillance requise du rôle (affirmée dès le célèbre madrigal chanté dans la coulisse), des graves solidement charpentés et des aigus déployés avec aisance que complète une présence scénique (notamment face au Comte) toujours pertinente. Légère déception pour la Léonore d’Angélique Boudeville (déjà présente à Saint-Étienne) : si le timbre brillant et cristallin fait merveille dans l’aigu, elle peine à s’imposer dans le registre medium et grave au point d’être à peine audible. Le Comte de Luna a les traits et la voix du baryton Șerban Vasile, qui possède l’autorité et la noirceur du personnage, y compris dans ses rares moments lyriques. Mais la révélation de cette reprise est sans conteste l’Azucena d’Aude Extrémo, absolument prodigieuse d’intensité, d’une amplitude vocale qui semble sans limites, sans faille, et d’un investissement dramatique et scénique rare : elle campe littéralement une Azucena d’anthologie. Les autres rôles sont tous tenus avec une grande justesse, que ce soit le Ferrando de Patrick Bolleire, à la belle voix de basse et à la diction impeccable, l’Inez touchante et idéale de Laurence Janot, le Ruiz imperial de Marc Larcher, tandis que le messager d’Arnaud Hervé et le vieux bohémien de Norbert Dol, artistes issus du chœur de l’opéra (en tous points excellent), complètent une distribution d’une grande homogénéité.

Dans la fosse, la direction vibrante de Michele Spotti rappelle à quel point l’orchestre est partie prenante du drame qui se joue sur scène. La précision du geste se conjugue à la fougue jamais excessive, construisant ainsi une architecture sonore aux milles nuances, ce qui a valu au chef italien une standing ovation amplement méritée.

Les artistes

Leonora : Angélique Boudeville
Azucena : Aude Extrémo
Inez : Laurence Janot
Manrico : Teodor Ilincăi
Il Conte di Luna : Șerban Vasile
Ferrando : Patrick Bolleire
Ruiz : Marc Larcher
Il messaggero : Arnaud Hervé
Un vecchio zingaro : Norbert Dol

Orchestre et chœurs de l’opéra de Marseille, dir. Michele Spotti
Chef des chœurs : Florent Mayet
Assistant direction musicale : Giorgio D’Alonzo
Mise en scène : Louis Désiré
Assistant mise en scène : Cyrille Cosson
Décors et costumes : Diégo Méndez-Casariego
Lumières : Patrick Méeüs
Assistante lumières : Nolwenn Annic

Le programme

Il Trovatore

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Salvatore Cammarano et Leone Emanuele Bardare, créé le 19 janvier 1853 au Teatro Apollo de Rome.
Opéra de Marseille, représentation du dimanche 1er juin 2025.

image_printImprimer
Șerban VasileAngélique BoudevilleMichele SpottiAude ExtrémoLouis DésiréTeodor Ilincăi
1 commentaire 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Jean-François Lattarico

Professeur des Universités en études italiennes à l'université Lyon 3 Jean Moulin, spécialiste de l'opéra des XVIIe et XVIIIe siècles. Il a publié l'édition critique des livrets de Busenello, ainsi qu'un ouvrage sur les animaux à l'opéra (Le chant des bêtes), tous deux parus chez Classiques Garnier.

1 commentaire

cecile PABA ROLLAND 12 juin 2025 - 15 h 07 min

Cher monsieur, nous partageons chacun des mots de votre analyse de la représentation du Trouvere . Manrico et le comte, magnifiques, leonora fragile, et Azucena extraordinaire ! Le chef ( déjà acclamé pour son requiem de Verdi) incarne la tragédie qui se joue. Bravo

Répondre

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Saison 25-26 du San Carlo de Naples : l’hégémonie de la langue italienne
prochain post
GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »

Vous allez aussi aimer...

Vienne : Une Nuit à VeniseJoyeux anniversaire, Johann !

27 octobre 2025

À la Fenice, un Wozzeck d’autrefois, traduit en...

25 octobre 2025

Mozart des grands soirs : Luxembourg fait un triomphe...

22 octobre 2025

Le Voyage de Komitas à Palaiseau : un...

19 octobre 2025

Fuoco di gioia 2025 au Festival Verdi de...

18 octobre 2025

JULIE M. ou l’insoumission baroque à l’Opéra de...

18 octobre 2025

Fuoco di gioia 2025: a “Festival Verdi”, un...

18 octobre 2025

KANDINSKY ET LA MUSIQUE DES COULEURS Philharmonie de...

17 octobre 2025

King Arthur de Purcell au TCE : comme...

17 octobre 2025

Naples – Double Mascherate pour Un Bal de...

16 octobre 2025

En bref

  • Les brèves d’octobre –

    27 octobre 2025
  • Les brèves de septembre –

    29 septembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Renza dans Polimnia: l’opera per tutti
  • Farquet dans Mairi, Marianna, Maria : les années grecques inconnues de la Callas : une image authentique de l’art de Maria Callas
  • Van de kerchove dans Aida revient à l’Opéra Bastille dans la mise en scène de Shirin Neshat
  • Sandra Bonazzi dans Fuoco di gioia 2025: a “Festival Verdi”, un eccellente concerto in nome della solidarietà
  • Renza dans Fuoco di gioia 2025: a “Festival Verdi”, un eccellente concerto in nome della solidarietà

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Vienne : Une Nuit à VeniseJoyeux anniversaire,...

27 octobre 2025

À la Fenice, un Wozzeck d’autrefois,...

25 octobre 2025

Mozart des grands soirs : Luxembourg fait...

22 octobre 2025