À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

CDMédiathèque

CD- Par amour, le chant racé et énamouré de Vannina Santoni

par Hervé Casini 24 mars 2025
par Hervé Casini 24 mars 2025
0 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
1,2K
Les artistes

Vannina Santoni, soprano
Albane Carrère, mezzo-soprano
Julien Dran, ténor

Orchestre National de Lille, dir. Jean-Marie Zeitouni

Le programme

Par Amour

Airs, mélodie et scènes extraits d’opéras d’Alfano, Catalani, Gounod, Massenet, Verdi, Puccini, Tomasi.

1 CD Alpha-Classics

Superbe album qui confirme le très grand talent d’une des meilleures représentantes actuelles du chant français.

Dans le cas d’un premier récital discographique, on parle souvent de disque « carte de visite » présentant un aperçu général d’airs souvent bien (trop !) connus, destinés à faire la promotion de l’artiste auprès des circuits autorisés. Comme on est bien loin de cela avec Par Amour, album à thème de Vannina Santoni, l’une des artistes incontournables du paysage lyrique actuel… et française qui plus est !

Déjà, parce que la soprano lyrique aux origines russo-corses compte, depuis déjà quelque quinze années de carrière, une trentaine de premiers rôles à son actif et se produit sur les plus grandes scènes européennes ; ensuite, parce que le programme qu’elle nous présente, accompagnée par l’orchestre national de Lille dirigé par Jean-Marie Zeitouni, fait preuve des plus belles audaces musicales et s’inscrit dans un véritable projet artistique qu’il convient de saluer avec enthousiasme.

On pourrait se dire que la thématique amoureuse, dans le domaine de l’Opéra, au disque, est tout de même passablement fréquentée par les grandes dames de l’art lyrique ? L’auteur de ces lignes en est peut-être le premier surpris mais, dès les premières minutes d’écoute, force est de reconnaître que la captatio benevolentiae que Vannina Santoni parvient à instaurer auprès de l’auditeur est du plus grand intérêt : amorçant son programme par l’une des scènes les plus dramatiques de la Giovane Scuola, extraite du Risurrezione d’Alfano, l’air de Katiusha, attendant avec anxiété, sur le quai d’une petite gare russe, l’homme qu’elle aime, nous donne un premier exemple de l’impact d’une voix qui, bien que foncièrement lyrique, sait mettre toutes les forces de son ambitus vocal au service de la vérité dramatique. Certes, à ce stade de la carrière, ce serait sans doute prématuré d’aborder ce type d’emploi sur scène, mais bien encadrée ici par un chef aux petits soins, c’est tout de même diablement efficace ! C’est la même impression que nous laisse l’écoute du célébrissime « Ebben ? Ne andrò lontana » de La Wally, même si, avouons-le, nous sommes personnellement ici moins saisis par l’air en soi – magnifique mais sans doute trop entendu ? – que par la palette de nuances insoupçonnées et ce soffio que la soprano arrive à y faire passer, performance que l’on retrouvera dès les premières phrases d’« O mio babbino caro » (Gianni Schicchi) chanté comme une authentique berceuse, à fleur de lèvres, avec un art consommé de la mezza voce dont on ne se souvient pas d’avoir entendu l’équivalent. On est, enfin, personnellement heureux d’entendre une nouvelle gravure de l’air d’Anna « Se come voi piccina io fossi », extrait du premier opéra de Puccini, Le Villi : Vannina Santoni y déploie une ligne de chant adamantine qui ne laisse planer aucun doute sur l’authentique puccinienne qu’elle est et sera encore dans ses futurs emplois.

Ce qui frappe d’emblée à l’écoute de la plupart des extraits réunis, c’est cette qualité de sincérité dans l’accent et une couleur de voix dont l’identité est rapidement reconnaissable : dans l’Air du saule puis l’Ave Maria de Desdemona (Otello), on retrouve cette intelligence de l’approche d’une scène qui réclame de l’interprète de pouvoir exprimer tous les degrés du sentiment de la mort qu’elle ressent prochaine. Particulièrement soutenue dans cette entreprise par le mezzo velouté de l’Emilia d’Albane Carrère, l’artiste côtoie ici les étoiles et nous émeut avec simplicité.

La partie française du récital est peut-être la plus passionnante : ici, Vannina Santoni joint à la richesse de la voix, une vision personnalisée du texte : passons sur la colorature de l’air d’entrée de Juliette (« Ah ! je veux vivre ») qui ne nous a pas totalement séduit pour insister davantage sur l’authentique tableau réaliste que peint devant nous la chanteuse dès les premières notes de son « Adieu, notre petite table » (Manon), petit bijou d’interprétation nostalgique. C’est pourtant, un instant auparavant, d’une voix glorieuse que notre soprano aborde le récitatif du même air, « Allons, il le faut », sans jamais perdre de vue le sens du texte : la phrase « Je ne suis que faiblesse et que fragilité » est ainsi admirablement ponctuée.

Avec un orchestre national de Lille vif argent et la présence luxueuse du ténor Julien Dran, ici particulièrement à son aise, le duo de St Sulpice (Manon) est sans doute l’un des moments les plus excitants d’un programme qui n’en manque pas : c’est là le Massenet que l’on aime, tout de passion et de raffinement dans l’écriture vocale et l’on comprend, avec ce duo, pourquoi cet album ne pouvait s’appeler autrement que « Par amour » ! Enfin, la sensualité provoquante et les nombreuses nuances de désespoir de l’Air du miroir de Thaïs trouvent dans le soyeux, soudain éclatant, de l’organe de Vannina Santoni un écrin idéal.

C’est non sans une certaine émotion que l’on écoute la conceptrice de ce fort bel album prendre congé de l’auditeur avec un hommage à ses origines insulaires corses et au grand Henri Tomasi – qu’il faudrait davantage défendre sur nos scènes – dont elle délivre une bouleversante interprétation d’« O Ciucciarella », berceuse extraite de Six mélodies populaires corses. Même si ce n’était que pour entendre la façon dont, dans ce dernier titre, l’interprète cisèle chaque mot de cette langue si chère à son cœur, ce disque serait à acquérir de toute urgence !

image_printImprimer
Vannina Santoni
0 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Le printemps montpelliérain éclot avec Elza van den Heever
prochain post
Tous en Cène à Versailles !

Vous allez aussi aimer...

CD – Horizons, mélodies françaises par Kitty Whately...

6 juin 2025

Et Célestine Galli-Marié créa Carmen

1 juin 2025

Gracias a la vida, Anne-Lise Polchlopek – La...

23 mai 2025

CD – Ernelinde, princesse de Norvège de Philidor...

18 mai 2025

CD- Rebelle : hommage à Célestine Galli-Marié

8 mai 2025

CD – Salome : ni Lolita, ni Terminator

2 mai 2025

CD – I puritani : une gravure de...

25 avril 2025

CD – Indomita, le premier album d’Eleonora Buratto

11 avril 2025

Osez les inconnus de BIZET !

3 avril 2025

CD – LIZA LEHMANN – A brillant destiny

28 mars 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Stéphane Lelièvre dans À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
  • HUBERT dans À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

CD – Horizons, mélodies françaises par...

6 juin 2025

Et Célestine Galli-Marié créa Carmen

1 juin 2025

Gracias a la vida, Anne-Lise Polchlopek...

23 mai 2025