La prochaine saison du Palazzetto Bru Zane ne déroge pas à la philosophie d’origine : il s’agit bien de faire (re)découvrir des pans entiers du répertoire romantique français oublié. Et le programme est alléchant, tant en musique vivante qu’en enregistrements annoncés.
Dans le cadre de Folies parisiennes, gloire à Hervé en son bicentenaire. Hervé (de son vrai nom Louis-Auguste-Florimond Ronger, 1825-1892) est donc à l’honneur avec son Petit Faust créé en 1869. Proposé du 16 novembre au 20 décembre à Tours, Reims et Paris dans une mise en scène parodique regardant vers le soap-opéra signée Sol Espèche, il permettra de raviver la rivalité d’époque avec Jacques Offenbach dont le Robinson Crusoé sera présenté au Théâtre des Champs Élysées du 3 au 14 décembre, dirigé par Marc Minkowski et mis en scène par Laurent Pelly.
Si l’on retrouve Louise de Gustave Charpentier (du Festival d’Aix en juillet de cette année à Lyon début 2026) ainsi que Carmen d’un certain Bizet (à Dallas en octobre avec Marina Viotti !), les raretés lyriques s’accumulent durant cette saison, avec Jean de Nivelle de Léo Delibes, donné en janvier à Budapest puis sur disque, La Belle au Bois dormant de Charles Silver, à entendre à Saint-Étienne dirigé par Guillaume Tourniaire en avril, au moment de la parution de l’enregistrement. Il y aura Mazeppa de Clémence de Grandval (que l’on pourra écouter en mars à Dortmund et dont la parution est également annoncée) ainsi que La montagne noire d’Augusta Holmes, donné à Bordeaux en mai et enregistré dans la foulée.
Parmi les nombreux artistes participant à cette aventure renouvelée, il y a la mezzo-soprano Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, présente à de nombreuses occasions, de Jean de Nivelle à La montagne noire ou pour une Médée de Cherubini donnée dans la version avec récitatif au Théâtre des Champs Élysées en février et enregistré par Le Concert de la Loge de Julien Chauvin. Signalons enfin la prochaine parution de mélodies de Jules Massenet, avec l’Orchestre de l’Opéra Normandie Rouen sous la direction de Pierre Dumoussaud.
Honneur aux femmes donc. Avec un coup de projecteur qui sera braqué sur Louise Farrenc, une enfant du siècle, croisant ses œuvres avec celles de quelques-uns de ses contemporains, et qui permettra d’entendre ses symphonies, sa musique de chambre… Mais aussi Zampa de Ferdinand Herold, qui fera également l’objet d’un enregistrement, beaucoup de Berlioz dont sa Damnation de Faust avec notamment Benjamin Bernheim, ou la version française de Lucia de Lamermoor de Donizetti, en avril à l’Opéra Comique, sous la direction de Speranza Scapucci.
Bien sûr, la saison se décline aussi en multiples concerts à Paris, mais également au Quebec, dans la continuation d’une collaboration canadienne qui en est à sa sixième année. Et logiquement Venise propose deux Festivals d’automne, puis de printemps, qui amèneront Les Folies parisiennes et Louise Farrenc sur la lagune.
Insistons sur la richesse et la diversité des publications de livres comme des partitions dans le cadre des Éditions musicales Palazzetto Bru Zane et sur l’existence de la radio.
Dans le contexte inquiétant des baisses drastiques de subventions publiques, fragilisant plus que jamais les artistes, la Fondation Bru Zane bénéficie d’une enveloppe budgétaire substantielle quoique secrète, permettant aux projets de se développer d’année en année – même si les conséquences du marasme qui se creuse pourraient avoir un impact sur les coproductions des saisons à venir. D’ici là, la nave va !