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GEORGE GAGNIDZE : « J’aborde Verdi avec vénération et le plus grand respect… »

par Camillo Faverzani et Stéphane Lelièvre 5 juin 2025
par Camillo Faverzani et Stéphane Lelièvre 5 juin 2025
© Dario Acosta
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Digne représentant de l’école de chant issue de Géorgie,  GEORGE GAGNIDZE triomphe en ce moment-même à l’Opéra Bastille dans le rôle-titre de Rigoletto. Très réputé pour ses interprétations verdiennes, ce baryton n’en possède pas moins un répertoire vaste et varié… Il fait avec nous un point sur sa carrière, ses projets… et ses envies !

Stéphane LELIEVRE : Vous êtes né en Géorgie et avez étudié au conservatoire de Tbilissi, tout comme la basse Paata Burchuladze, la mezzo Anita Rachvelishvili, ou encore la soprano Nino Machaidze. Il y a une forte tradition de chant classique dans votre pays natal ?
George GAGNIDZE : Oui, sans aucun doute. L’Opéra de Tbilissi, notre capitale, a été fondé en 1851, à la suite de l’Opéra impérial de Tbilissi, créé en 1801. 

Inauguration de l'opéra de Tiflis en avril 1851
Façade de l'Opéra national de Tbilisi - © Francisco Anzola

Depuis 1896, il est installé dans le magnifique théâtre de style oriental conçu par le célèbre architecte Viktor Schröter, qui a également conçu le Mariinsky à Saint-Pétersbourg et le théâtre municipal de Kiev. C’est dans ce théâtre qu’ont été créées les merveilleuses œuvres de notre compositeur national Zacharia Paliashvili, telles que Abesalom da Eteri ou Daisi. Mais le répertoire italien y a également toujours joué un rôle important, du belcanto à Verdi, Puccini et au vérisme. La passion pour l’opéra et le chant est donc profondément ancrée en Géorgie, mais le chant en général fait partie de notre culture. C’est quelque chose de naturel et de spontané. En Géorgie, on chante aussi à table après les dîners entre amis. C’est de cette façon que l’on a découvert ma voix : je chantais après ces moments conviviaux, jusqu’à ce qu’un ami de la famille me suggère de prendre des cours et me présente à mon premier professeur.
Par ailleurs, notre pays a une très ancienne tradition chorale. Le chant polyphonique géorgien est très célèbre et vraiment unique. Si l’on considère que la Géorgie compte moins de quatre millions d’habitants, il est surprenant de constater le nombre de chanteurs d’opéra géorgiens qui se sont produits – et continuent de se produire – sur les scènes internationales.

© Dario Acosta

S. L. : Vous parlez parfaitement italien et vous chantez fréquemment le répertoire italien : avez-vous poursuivi votre formation en Italie après vos études à Tbilissi ?
G. G. :
Après avoir quitté la Géorgie, je me suis installé en Allemagne, où j’ai d’abord fait partie de la compagnie permanente d’Osnabrück, puis du Théâtre national de Weimar. Mais c’est l’Italie qui m’a ouvert les portes des grands théâtres internationaux, grâce à ma victoire au concours « Voci Verdiane » en 2005. Depuis lors, je chante régulièrement en Italie, depuis près de 20 ans : de la Scala aux Arènes de Vérone, j’ai chanté dans presque tous les grands théâtres italiens. Et c’est grâce à cette présence constante que je parle la langue aujourd’hui. Le répertoire italien a toujours été la base de mon parcours, et pour l’interpréter de manière authentique, il est essentiel de bien connaître la langue.

S. L. : Vous voici de retour à Paris avec Rigoletto, un de vos rôles fétiches, avec lequel vous avez d’ailleurs fait vos débuts au cours de la saison 2008-2009 au Metropolitan Opera. Leonard Warren, Tito Gobbi, Piero Cappuccilli, Renato Bruson, Leo Nucci,… Nombreux sont les barytons célèbres à avoir marqué le rôle de leur empreinte. Y a-t-il certains de ces interprètes que vous admirez particulièrement et qui, peut-être, vous inspirent aujourd’hui ? 
G. G. :
Sans aucun doute tous ceux que vous avez mentionnés, auxquels j’ajouterais Aldo Protti, un excellent baryton dont on ne se souvient malheureusement pas autant qu’il le mérite. Parmi eux, je voudrais souligner Tito Gobbi, pour son extraordinaire vérité théâtrale et expressive, et Leo Nucci. J’ai beaucoup appris de Leo : il m’a donné de précieux conseils lorsque j’étais la doublure de son Rigoletto au Japon, et à nouveau il y a quelques mois, lorsque j’ai chanté le rôle sous sa direction. C’est un grand Rigoletto et une personne merveilleuse. Et puis, à plus de 80 ans, il parvient encore à chanter le rôle d’une manière incroyable. Un véritable phénomène !

Rigoletto, "Cortigiani, vil razza" (Atlanta Opera, novembre 2023)

Camillo FAVERZANI : Le soir de la première des Rigoletto parisiens, vous avez tenu à interpréter le rôle-titre alors que vous aviez fait annoncer que vous étiez indisposé. Comment affronte-t-on l’épreuve de la scène lorsqu’on n’est pas au mieux de sa forme ? 
G. G. :
Il faut se concentrer encore plus que d’habitude, si possible, et s’appuyer surtout sur la technique vocale. Ce soir-là, j’ai eu une crise allergique pendant la première partie de l’opéra. Avant la deuxième partie, j’ai pris des antihistaminiques et je me suis immédiatement senti mieux. Malheureusement, cela fait aussi partie de la vie d’un chanteur, cela peut arriver à tout le monde. Heureusement, dans mon cas, cela s’est produit très rarement. Dans toute ma carrière, je n’ai dû annuler que très peu de représentations.

C. F . : Au sein de votre répertoire, très vaste, il me semble que Verdi occupe une place centrale. A Paris, nous vous avons déjà entendu en Germont, Jago, Amonasro. Comment aborde-t-on le répertoire verdien ?
G. G. : 
J’aborde Verdi avec vénération et le plus grand respect – comme je le fais pour tout compositeur – mais en sachant que Verdi a fait quelque chose d’extraordinaire avec la voix de baryton, en lui fournissant plus de rôles principaux ou secondaires que n’importe qui d’autre. Dans l’écriture verdienne, la tessiture est souvent plus élevée que celle du baryton habituel, à quelques exceptions près. L’appropriation de ces rôles nécessite une technique très solide et une forte intensité interprétative – il est essentiel de trouver le juste équilibre entre rigueur technico-vocale et expressivité, entre la musique et la scène. Pour ne prendre que l’exemple de Rigoletto, j’ai chanté le rôle dans près de 150 représentations. Outre les rôles que vous avez mentionnés, j’ai également interprété Macbeth, Simon Boccanegra, Nabucco, Falstaff, Miller dans Luisa Miller, Posa dans Don Carlo et Renato dans Un ballo in maschera.

C. F. : Le répertoire italien de la fin du XIXe siècle est également très présent (Puccini, Giordano, Leoncavallo, Mascagni, Ponchielli, Zandonai), et on a pu vous y entendre à l’Opéra National de Paris. Est-ce un prolongement naturel après Verdi ?
G. G. :
Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un prolongement obligatoire après Verdi. Il y a – et il y a eu – de grands barytons qui se sont consacrés exclusivement à Verdi, chantant peu ou pas du tout Puccini ou le vérisme, et d’autres qui ont fait le contraire. Si une solide technique est essentielle dans tous les répertoires, dans le vérisme, on peut se permettre une plus grande liberté interprétative et scénique – toujours sans excès. Disons que dans le répertoire vériste et dans Puccini, le risque d’être submergé par l’émotivité est toujours à portée de main, surtout dans des opéras comme Tosca, où l’action scénique est particulièrement impliquante.

Tosca, "Te Deum" , Las Palmas Opera, février 2024

C. F. : Je vois aussi, dans votre galerie de rôles, le Rossini français de Guillaume Tell et le Grand Prêtre de Samson et Dalila. Avez-vous d’autres projets dans ce répertoire ?
S.L. :
Pas pour le moment. J’ai beaucoup aimé chanter les deux rôles. J’ai chanté Guillaume Tell au début de ma carrière, en 2008 à Weimar. C’est un très bel opéra et un très beau rôle ! Le Grand Prêtre est mon rôle le plus récent : je l’ai chanté avec beaucoup de plaisir à la Staatsoper de Berlin il y a trois ans, avec Elina Garanca et Brian Jagde. Pour l’instant, je n’ai pas d’autres projets dans le répertoire français, mais il ne faut jamais dire jamais ! Il n’y a pas beaucoup de rôles adaptés à ma voix, mais Hérode dans Hérodiade serait certainement intéressant… ou le rôle principal dans Henri VIII de Saint-Saëns ! Ce serait un beau défi. J’aime aussi beaucoup Thaïs, c’est peut-être mon opéra français préféré, et Athanaël est un rôle magnifique.

C. F. : Vous avez également abordé le répertoire russe…
G. G. :
Oui, surtout le rôle de Šaklovityj dans Chovanščina, qui m’a donné beaucoup de satisfaction dans les grands théâtres internationaux – du Metropolitan de New York aux BBC Proms, en passant par la Staatsoper de Berlin l’année dernière, dans une merveilleuse nouvelle production conçue par Claus Guth et sous la direction de Simone Young. Nous reprendrons cette production en novembre, et je m’en réjouis. Plus tôt dans ma carrière, j’ai également chanté Tomsky dans La Dame de pique. J’aime beaucoup la musique russe et j’aimerais la chanter plus souvent, notamment parce que je parle très bien la langue, ce qui est toujours une base importante.

C. F. : Et maintenant vous revenez à Wagner avec Der fliegende Holländer au Festival Oper im Steinbruch…
C’est un rôle extraordinaire que je n’ai joué qu’une seule fois, il y a exactement vingt ans, à Osnabrück. Après un si grand laps de temps, c’est presque comme un début. Je me prépare depuis des mois à cette importante production. Il s’agira d’une mise en scène spectaculaire, télévisée par l’ORF en Autriche. J’espère que ce Hollandais volant sera le début d’un voyage plus profond dans le répertoire allemand, qui me fascine tant. Outre Holländer, j’ai chanté Jochanaan dans Salomé il y a quelques années à Weimar. J’aimerais reprendre le flambeau et débuter dans le rôle de Barak dans Die Frau ohne Schatten. Après Holländer, j’aimerais interpréter Telramund dans Lohengrin. Et qui sait, peut-être un jour Wotan…. Ce serait le summum pour un baryton !

© Dario Acosta

C. F. : Vous reviendrez bientôt à Paris ?
G. G. : Pour l’instant je ne peux parler que des engagements déjà annoncés par les théâtres. Au cours de la prochaine saison, je ne chanterai pas à Paris, mais je ferai mes débuts au Teatro Regio de Turin avec Francesca da Rimini, puis je reviendrai avec Chovanščina à la Staatsoper de Berlin, et enfin je ferai mes débuts à la splendide Semperoper de Dresde, où j’interpréterai Germont dans Traviata. À Bonn, je donnerai une représentation de gala de Nabucco, et il y aura des représentations d’Aida, de Macbeth et de Tosca dans des théâtres que je ne peux pas révéler, car ils ne les ont pas encore annoncés officiellement. Mais je chante toujours avec grand plaisir à Paris : c’est un théâtre et une ville que j’aime beaucoup !

Per leggere la versione italiana di questa intervista, clicca sulla bandiera!

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George Gagnidze
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Camillo Faverzani et Stéphane Lelièvre

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