La Nouvelle Athènes à Malmaison
Clara Hugo, soprano
Coline Dutilleul, mezzo-soprano
Daniel Thomson, ténor
David Ghilardi, ténor
Arnaud Marzorati, baryton
Imanol Iraola, baryton
Alexis Kossenko, flûte Palanca
Masumi Nagasawa, harpe Naderman, 1815
Pernelle Marzorati, harpe
Eloi Orzaiz Galarza, Sebastian Bausch, Aline Zylberajch, piano carré Erard, 1806
Laura Granero, Luca Montebugnoli, Edoardo Torbianelli, piano Rosenberger, 1825
Francesco Romano, guitare romantique, 1827
Patrick Wilbart, serpent
Hortense, compositrice et son temps
De Adam, Dussek, Paisiello, Bellini à Schubert
Hortense de Beauharnais
Peu connue, point troublée
12 romances : 1. Partant pour la Syrie, Le beau Dunois ; 2. La complainte d’Héloïse au Paraclet ; 10. Quelle est cette femme éplorée ; 11. La Mélancolie
Guillaume-Pierre-Antoine Gatayès
L’amant délaissé
Giovanni Paisiello
Nel cor più non mi sento
Louis Adam
Sonate op. 7 n°3, Romance andantino grazioso
Ferdinando Paër
Polonaise favorite (La Placida Campagna)
George Onslow
Six pièces (1864) : 2. Andantino quasi allegretto ; 3. Allegretto con moto ; 4. Allegretto molto espressivo
Hélène de Mongeroult
Cours d’enseignement du pianoforte : 4. Etude pour la main gauche, précédée d’un prélude
Vincenzo Bellini
Sei Ariette : 6. Ma rendi pur contento
Jan Ladislav Dussek
Duo concertant pour harpe et piano, op. 73 : Larghetto espressivo
Johann Franz Xavier Sterkel
Douze romances avec accompagnement de pianoforte ou harpe, flûte ou violon : 9. Les oiseaux; 6. Plainte nocturne
Franz Schubert
Huit variations sur une mélodie française, op. 10, D. 624 [sur Le bon chevalier, d’Hortense de Beauharnais]
La Nouvelle Athènes à Malmaison
Clara Hugo, soprano
Coline Dutilleul, mezzo-soprano
Daniel Thomson, ténor
David Ghilardi, ténor
Arnaud Marzorati, baryton
Imanol Iraola, baryton
Alexis Kossenko, flûte Palanca
Masumi Nagasawa, harpe Naderman, 1815
Pernelle Marzorati, harpe
Eloi Orzaiz Galarza, Sebastian Bausch, Aline Zylberajch, piano carré Erard, 1806
Laura Granero, Luca Montebugnoli, Edoardo Torbianelli, piano Rosenberger, 1825
Francesco Romano, guitare romantique, 1827
Patrick Wilbart, serpent
1 CD Paraty (69′ 54), enregistré en mai 2024, à l’Orangerie du Château de Bois-Préau (Rueil-Malmaison)

Nouvel Appassionato Première Loge : pour l’originalité du programme, la qualité de l’interprétation, le courage du label !
Immédiatement, dès la première mélodie d’Hortense (1783-1837), fille de la future Joséphine de Beauharnais, le romantisme est là. Par les mots de la mélodie « Peu connue, point troublée » ; par le rythme Sturm und Drang qui bat dès les premières mesures évoquant « l’aquilon en fureur » ; par le passage insensible du si subtil piano carré, touché par Eloy Orzaiz Galarza, à la guitare de Fransesco Romano, puis par leur rare duo accompagnant la voix suave et incarnée de Clara Hugo.
Une atmosphère s’installe, celle du salon de l’éphémère Reine de Hollande qui ne régna que quatre années, de 1806 à 1810 et dont seules cinq de ses cinq cents mélodies sont ici retenues par différents interprètes. La part belle est donc laissée à d’autres compositeurs et voilà la soprano Clara Hugo détaillant les vocalises italiennes d’un facétieux Giovanni Paisiello, avant de laisser la place, au seul piano carré Erard 1806, à la douceur perlée d’une romance de Louis Adam. L’italien à la mode – n’oublions pas que c’étaient là les musiques préférées de Napoléon – se retrouve ensuite avec les mélodies de Fernando Paër ou Vincenzo Bellini dans la voix légère et fluide du ténor Daniel Thomson. Une partition d’Hélène de Montgeroult et deux de Georges Onslow mettent en valeur le piano Rotsenberg de 1825 que joue si poétiquement Laura Granero.
Puis c’est la voix si chaude de Coline Dutilleul qui vient conter de façon vibrante deux autres mélodies de la Reine Hortense, accompagnée par Aline Zylberajch sur l’Erard 1806, mettant un baume doré sur la Complainte d’Héloïse comme sur la Femme éplorée. Et l’on pense aux mélodies plus tardives d’un Georges Bizet que la mezzo a su récemment magnifier[1].
Lorsque Jan Dislav Dussek est convoqué, c’est pour une œuvre pour le moins originale puisque faisant dialoguer le piano Erard joué par Sébastian Bausch et la harpe Nadermann 1815 de Masumi Nagasawa. L’intelligence de la programmation saute aux oreilles, sachant ménager ce climat si particulier des salons de musique du tout premier XIXe siècle. Alors s’enchaînent deux mélodies charmantes de Johann Franz Xavier Sterkel où l’on retrouve Coline Dutilleul et Aline Zylberajch avec, à la flûte, un troisième complice, Alexis Kossenko. Et Schubert trouve logiquement sa place via ses Huits variations sur une mélodie française – mélodie signée Hortense de Beauharnais bien sûr – interprétées par les deux pianofortistes complices Luca Montebugnoli et Edoardo Torbianelli sur le Rosenberger. Puis se referme ce programme avec Les Lunaisiens d’Arnaud Marzorati pour deux dernières romances de la reine, où le serpent de Patrick Wibart ajoute une sonorité inattendue.
Enfin saluons le travail acharné de l’éditeur, un passionné pas comme les autres puisque le label Paraty est le paradis discographique créé par le claveciniste brésilien Bruno Proccopio qui s’autorise – par ces temps de disette culturelles et de chute des ventes du CD – de publier vingt-cinq enregistrements par an, dont ce petit bijou nimbé de simplicité trompeuse, de tendresse et de mélancolie…
Un regret toutefois : ce florilège passe si vite. Un deuxième CD n’eût pas été de trop pour laisser le parfum d’Hortense se répandre avec encore plus de bonheur.
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[1] Coffret Harmonia Mundi de 3 CD (2025)