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IL CORSARO de Verdi par Fabio Biondi : avis de tempête !

par Stéphane Lelièvre 30 octobre 2021
par Stéphane Lelièvre 30 octobre 2021
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2,1K
Les artistes

Corrado : Matheus Pompeu
Seid : Aleksey Bogdanov
Giovanni : Mateusz Stachura
Selimo, Eunuco, Schiavo : Paweł Cichoński
Medora : Ilona Mataradeze 
Gulnara : Karen Gardeazabal
 
 Europa Galante, Chœur de l’Opéra et de la Philharmonie de Podlasie, dir. Fabio Biondi.

Le programme

Il Corsaro

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave d’après Byron, créé le 25 Octobre 1848 au Teatro Grande de Trieste.

2 CD Institut Frédéric Chopin de Varsovie. Enregistré du 22 au 24 août 2019 au Grand Théâtre — Opéra National de Varsovie. Notice de présentation en polonais et en anglais. Durée totale : 91:38

 

Une chose est entendue : Il Corsaro n’est pas le meilleur des opéras du jeune Verdi, et la maigreur de sa discographie (un seul enregistrement en studio, pour Philips en 1975 !) est en cela très révélatrice – pour ne rien dire de l’extrême rareté de l’œuvre sur les scènes, notamment françaises : sauf oubli de notre part, aucun théâtre hexagonal n’a proposé l’œuvre en version scénique depuis sa création française à Nîmes en juillet 1986, à l’époque bénie où même un Verdi rarissime pouvait remplir sans difficulté  les arènes !

L’œuvre comporte certes de nombreuses pages conventionnelles – pour ne pas dire de nombreuses « recettes » –, les rythmes martiaux portés par une orchestration parfois simpliste s’enchaînent sans grande imagination, et l’on peine terriblement à s’attacher aux personnages dont le livret de Piave (d’après Byron) propose tout juste des silhouettes grossièrement esquissées. Pourtant, Carlo Bergonzi, José Cura,  Katia Ricciarelli, Barbara Frittoli ou Renato Bruson n’ont pas dédaigné ajouter les rôles de Corrado, Medora ou Seid à leur répertoire. C’est qu’aux côtés d’indéniables poncifs, on trouve également un merveilleux air pour soprano (le tendre et nostalgique « Non so le tetre immagini », immortalisé en 1969 par une Callas sans plus guère de voix mais merveilleuse de style et d’émotion), des cabalettes enflammées, un air d’entrée absolument électrisant pour le ténor, lequel se voit gratifié également d’une touchante « scène de prison », lointain souvenir des « scènes de prison pour ténor » belcantistes (telles qu’on peut en entendre dans l’Elisabetta de Rossini ou le Roberto Devereux de Donizettti), mais aussi des duos ou ensembles pleins de fougue et d’entrain…

Les enregistrements du Corsaire (CD ou DVD) de qualité technique correcte, on l’a dit, sont rares : outre deux DVD (Palumbo/ Michailov, Damat, Sburlati, Bruson, et Montanaro/ Ribeiro, Lungu, Salsi, Dalla Benetta – deux production données à Parme), on dispose donc d’une version studio dirigée par Lamberto Gardelli, avec une distribution prestigieuse sur le papier mais finalement assez peu convaincante : si Carreras possède la jeunesse fougueuse et mélancolique du héros byronien, Jessye Norman se montre un peu mal à l’aise en terres verdiennes (elle ne les fréquenta d’ailleurs qu’occasionnellement) et Caballé (Gulnara) fait regretter qu’on ne l’ait pas plutôt distribuée en Medora, où la douceur de son timbre et de son legato auraient sans doute fait merveille…

Aussi ne peut-on que saluer l’apparition de cette nouvelle intégrale, enregistrée en live mais dans des conditions techniques optimales. Vient-elle pour autant bouleverser la donne ? Pas tout à fait… Commençons par le point positif : on a trop souvent été déçu par certaines incursions de chefs « baroques » dans le romantisme italien (citons pour mémoire la déjà oubliée Aida gravée par Harnoncourt…) pour ne pas saluer ici la lecture enthousiasmante de Fabio Biondi : pour que les œuvres du jeune Verdi « fonctionnent », elles doivent impérativement être dirigées par des chefs qui ne leur font pas dire ce qu’elles ne disent pas (rien de pire que de chercher à les doter artificiellement d’une « profondeur » dont elles sont dépourvues), mais qui croient en elles et sont capables de leur conférer l’élan et la dynamique qui les font avancer dramatiquement et peuvent même, parfois, les rendre irrésistibles. Avec Fabio Biondi, dès les premières mesures, le vent souffle dans les voiles ! Gare aux rafales, aux embruns et aux coups de roulis : l’auditeur est immédiatement embarqué dans un bateau fouetté par les vagues, qui affronte vents et marées, tangue et balance – mais trace sa route efficacement, sans d’autres répits que ceux ménagés par le compositeur lui-même (les deux scènes de Medora, la scène 5 de l’acte 3…) au sein d’une partition fougueuse entre toutes. Nulle exagération cependant : l’esthétique reste toujours, à juste titre, celle du bel canto et ne lorgne jamais du côté des œuvres verdiennes « maritimes » plus tardives : les lignes sont claires, vives, nerveuses, admirablement dessinées par un orchestre (l’Europa Galante) dépourvu de cette sécheresse ou de cette ténuité que l’on déplore parfois chez certaines formations baroques lorsqu’elles s’aventurent en terres romantiques. Une lecture enthousiasmante, qui donne à l’opéra une trajectoire et une épaisseur dramatique qu’il est pourtant d’usage de lui dénier.

Vocalement, sans être nullement indigne, le plateau n’atteint malheureusement pas ce niveau d’excellence. Matheus Pompeu est un Corrado bien chantant et impliqué, mais sans grande personnalité. Karen Gardeazabal manque d’épaisseur pour rendre justice aux éclats de Gulnara, un rôle difficile à distribuer car nécessitant puissance vocale, coloratures di forza… et tendresse. Marina Rebeka, sans doute, y serait très convaincante… Ilona Mataradeze est une Medora touchante mais là encore on aimerait plus de personnalité dans la voix et l’interprétation, plus de velours et de rondeur dans le timbre également, pour que s’exhale pleinement toute la poésie de l’air du I. Le plus à son affaire, finalement, est sans doute Aleksey Bogdanov : Seid ne s’encombre guère de psychologie, et ce personnage, presque tout en muscles (c’est tout juste si sa scène 1 de l’acte III laisse entrevoir très ponctuellement la possibilité d’un amour tendre et sincère pour Gulnara..), s’accommode plutôt bien du timbre et du chant virils et franc du collier du baryton russo-américain.

Une version qui, sans être exceptionnelle, mérite donc amplement d’être écoutée pour le chef et l’orchestre !

POUR ALLER PLUS LOIN

  • Il Corsaro sera donné en version de concert à l’Opéra de Monte-Carlo en prochain.
  • Ci-dessous, Matheus Pompeu enregistre la cabalette de Corrado sous la direction de Fabio Biondi
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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