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Édito d’octobre –
« O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

par Stéphane Lelièvre 2 octobre 2025
par Stéphane Lelièvre 2 octobre 2025
Nuova Orchestra Scarlatti, dir. Bearice Venezi (photo : capture d'écran Youtube)
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Á l’occasion des remous provoqués par la venue du chef[i] Beatrice Venezi aux Opéras de Nice et Limoges en 2023, Bertrand Rossi, directeur de l’Opéra de Nice, avait souhaité calmer le jeu en déclarant : « Il est essentiel de séparer l’art de la politique ». On ne saurait mieux dire… sauf que ce précepte vaut aussi bien pour le public, toujours prompt à fustiger un interprète pour des raisons autres que musicales, que pour les responsables politiques et/ou directeurs de salles,  parfois tentés de nommer à des postes clés certains de leurs amis indépendamment de leurs compétences ou qualités artistiques. Des collusions maintes fois dénoncées par les partis d’extrême droite de divers pays… Mais pour que ce discours soit crédible, il faudrait à tout le moins que les représentants de ces mouvements politiques se démarquent eux aussi de cette tendance générale et donnent effectivement l’exemple de nominations basées sur le mérite et le talent des personnes, et non sur le jeu des affinités politiques. Ou, pour ne pas prêter le flanc aux critiques, nommer à ces postes des amis (pourquoi pas…) mais qui soient aussi reconnus pour leurs qualités professionnelles.

Or force est de constater que si le chef Beatrice Venezi, tout juste nommé directeur[i] musical d’un des plus prestigieux théâtres d’Europe (La Fenice), a fait récemment  parler de lui[i] dans la presse, c’est moins pour ses qualités professionnelles que pour sa proximité avec Giorgia Meloni, ou encore ses déclarations en faveur des valeurs dites patriarcales, des stéréotypes sexistes, ou ses prises de positions anti LGBT. Son parcours artistique et musical est en revanche des plus ténus : il a certes dirigé en Biélorussie ou en Argentine – il est chef principal invité du Teatro Colon, un poste obtenu après intervention de l’Ambassadeur d’Italie à Buenos Aires, d’après nos confrères de SlippeDisc). Il a aussi dirigé dans de petites villes de province (Limoges en France), et est ou a été programmé ces temps-ci dans de petites salles italiennes : Pise, Sassari, Trieste… Il n’a jamais dirigé à la Fenice.
Pis encore : certaines critiques fort peu élogieuses le concernant, publiées par des sites spécialisés bien avant la polémique de la Fenice, refont surface, ou encore les déclarations des musiciens de l’Opéra de Palerme, soulignant l’incompétence de ce chef ; ou bien celles des musiciens de l’Orchestre symphonique sicilien : à l’issue d’un concert donné sous la direction de Beatrice Venezi, ils avaient déclaré avoir assuré le succès de la soirée grâce à leur choix de regarder exclusivement la partition, sans presque jamais regarder le chef.

« Après les répétitions avec  l’orchestre, nous avons eu des problèmes avec le chef d’orchestre et nous avons convenu avec nos collègues de ne pas le regarder afin de pouvoir nous coordonner en nous concentrant uniquement sur l’écoute mutuelle : nous avons dû nous débrouiller seuls car les gestes de Venezi n’étaient pas cohérents avec l’exécution musicale. […] Même un novice peut conduire une voiture de Formule 1, mais quand il y a des virages, si le pilote n’est pas à la hauteur, il faut passer en mode pilote automatique. De la même manière, lors des changements de rythme et de tempo et dans les moments les plus critiques de la partition, un bon chef d’orchestre doit être capable de diriger l’orchestre. Or, ce n’est pas le cas de Venezi ».

Il semblerait donc que, contrairement à ce qu’écrivent nos confrères d’Il timone, Beatrice Venezi ne soit pas « coupable d’être blonde », mais que sa compétence très relative à diriger un orchestre soit tout simplement progressivement mise au jour…

Quoi qu’il en soit, il est sûr qu’après Muyng-Whun Chung – et la présence au pupitre de la Fenice de tant de chefs illustrissimes -, la nomination de ce maestro pour le moins inexpérimenté a de quoi surprendre… et mécontenter  les musiciens de l’orchestre de la Fenice, qui n’ont pas tardé à réagir, en envoyant notamment une lettre adressée au surintendant (Nicola Colabianchi, lui-même proche de Giorgia Meloni), publiée par plusieurs journaux italiens, dans laquelle les musiciens demandent la révocation immédiate de ce nouveau directeur qui « n’a jamais dirigé d’opéras ni de concerts symphoniques à l’affiche de la Fenice, ni ne s’est produit dans les grandes maisons d’opéra internationales ». Les musiciens ont également pris la parole devant le public ce 29 septembre, pour dire toute leur inquiétude devant cette situation, soulignant « la position unanime des musiciens de l’orchestre au sujet de cette nomination » et annonçant que « l’ensemble du personnel de la Fenice s’est joint à la demande de démission formulée par l’orchestre », d’autant que les modalités et la temporalité de cette décision n’auraient pas été respectées, ne permettant pas d’assurer ls transparence de cette nomination.

 Certains artistes prennent par ailleurs nommément la parole, telle la cheffe Silvia Massarelli qui, dans les colonnes de Il fatto quotidiano, déclare : «  Venezi à la  Fenice est un choix politique, qui humilie la musique ».

Voilà qui vient encore assombrir le tableau de la vie artistique en général et musicale en particulier de nos voisins transalpins : Riccardo Muti n’a-t-il pas tout récemment déclaré dans la Stampa (25 septembre) que dans son pays, « la musique est réduite à un simple outil de propagande », estimant que « l’Italie est en train de devenir le pays du passé musical » ? Et le chef de rappeler la suppression des orchestres historiques de la RAI, de Rome, Milan ou Naples…

« O, mia musica, si bella e perduta… »

Souhaitons à l’Italie – et au reste du monde – des jours meilleurs pour la musique, l’art, la culture.

—————————————————————

[i] Conformément au souhait de Beatrice Venezi, dont l’arrivée à la Fenice a été saluée sur les réseaux par un « Benevenuto Maestro », nous parlerons de ce chef au masculin.

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

1 commentaire

Guermantes 2 octobre 2025 - 11 h 47 min

Cher Rédacteur en chef,

Votre propos courageux et totalement objectif, j’ y souscris sans retenue !
Pour avoir assisté directement en salle à une prestation de ce chef ( donc…), je peux confirmer que l’ impression qui en ressort est pour le moins étrange…. et est loin de s’inscrire dans cette complicité entre une phalange et son(a) chef(fe) que.ressent très vite un spectateur éclairé en observant la fosse d’ orchestre ou le plateau.
Car, au final, malgré nos légitimes opinions, philosophies, éthiques, ce qui nous importent avant tout, dans nos colonnes et dans notre « rôle » d’ auditeur, c’est que le maestro ou la maestra réponde à un certain nombre d’ attendus et d’ exigences sur lesquelles il est inutile de revenir ici….les mêmes qui ont, sans doute, permis à leurs divers recruteurs de ne pas demander à Karajan, Schwarzkopf, Abbado ou, longtemps, Géorgie la nature de leurs idées politiques….!

En outre, même s’ils ne l’ exprimeront sans doute pas publiquement,.je peux personnellement témoigner qu’un certain nombre d’ artistes lyriques de renom ont également éprouvé ce sentiment d’ étonnement et de peu d’ intérêt artistique, à vrai dire, face à la battue de B. Venezi qui, si elle ne s’ était pas distinguée par toute autre chose que son apport direct à un projet artistique, n’ aurait sans doute pas mérité l’ encre des divers papiers qui, avec cette nomination vénitienne, fleurissent à nouveau sur sa compétence.
Tristes temps !

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