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Vienne : une production de PELLÉAS ET MÉLISANDE magnifiée par la direction incandescente d’Alain Altinoglu

par Jean-Christophe Branger 6 novembre 2025
par Jean-Christophe Branger 6 novembre 2025

© Michael Poehn/Wiener Staatsoper

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Pelléas et Mélisande, Staatsoper de Vienne, 2 novembre 2025

La direction incandescente et poétique d’Alain Altinoglu magnifie le chef-d’œuvre de Debussy, mis en scène avec finesse et intelligence par Marco Arturo Marelli.

Depuis sa première représentation en 1911, sous la direction de Bruno Walter, Pelléas et Mélisande (1902) a rarement été donné sur la scène de la Staatsoper de Vienne, malgré quelques représentations éclatantes dirigées par Karajan ou Abbado, respectivement en 1962 et 1987. Comme le rappelle Peter Dusek dans un article du programme de salle, l’opéra de Debussy dut attendre ensuite 2017 pour revenir dans une production de Marco Arturo Marelli qui, reprise en ce début de saison, dispose de solides atouts pour imposer l’ouvrage au répertoire de la célèbre salle autrichienne.

 Conçue autour d’un dispositif scénique unique en forme de bunker oppressant, traversé par une rivière souterraine, la mise en scène accorde une place centrale à l’eau qui submerge, au sens propre comme au sens figuré, tous les personnages, tel un fléau mortel ou une pieuvre dont les bras ondulants peuvent vous étrangler. Pierre Médecin avait usé d’un dispositif similaire plusieurs années auparavant à l’Opéra-Comique en 1998 : les personnages se démenaient constamment dans l’eau dont les jets éclaboussaient la scène. Mais le procédé scénique du metteur en scène suisse s’avère plus fouillé dans ses ramifications, des éléments reliées à cette image aquatique accompagnant diverses situations. Une barque sert notamment de leitmotiv scénique : elle véhicule naturellement Pelléas et Mélisande (puis Golaud) à la recherche de la bague de la jeune femme, ou encore le berger menant ses moutons à l’abattoir. Mais, retournée, elle sert aussi de support sur lequel se couche Mélisande pour chanter sa chanson, ou bien d’échelle à Yniold lorsque celui-ci tente d’apercevoir la jeune femme et Pelléas, sur l’injonction de Golaud. La direction d’acteur s’avère également efficace, d’autant qu’elle propose une lecture intelligente et fidèle du texte de Maeterlinck en soulignant par exemple le caractère prétendument enfantin de Mélisande ou de Pelléas, tous les deux régulièrement occupés à  jouer avec Yniold, préfigurant une réplique de Golaud : « vous n’êtes que des enfants… » La présence régulière du jeune fils de Golaud donne du poids à des rôles souvent négligés, comme ceux de Geneviève ou du père de Pelléas qui occupent constamment l’espace scénique, le second n’étant pourtant que simplement évoqué dans le livret. Ainsi, à la fin de l’ouvrage, le corps de Pelléas, placé dans un linceul, gît sur le lit de son père, désormais guéri, après avoir symbolisé visuellement, depuis le début de l’opéra, l’image de la maladie et du destin tragique qui frappe les personnages. Enfin, six servantes, auxquelles le livret fait rapidement allusion, alors que Mélisande est sur le point d’expirer, transportent le corps de la jeune femme. Placée dans la barque, Mélisande lève progressivement les bras vers le ciel avant d’entrer dans l’éternité, symbolisée par une belle lueur colorée qui s’entrouvre en fond de scène et tranche avec l’obscurité jusque-là dominante : image saisissante et inoubliable de Mélisande qui, soudainement auréolée, semble incarner avec ses longs cheveux une nouvelle Marie-Magdeleine. Marelli ne gomme cependant pas pour autant l’aspect réaliste ou la cruauté du livret en soulignant la violence de Golaud, qui malmène une Mélisande clairement enceinte, tout en soulignant ses fragilités : le rideau se lève et se baisse sur un homme au bord du suicide.

Cette belle réussite scénique s’accompagne malheureusement d’une distribution vocale inégale, voire contestable dans ses choix. Pourquoi avoir sollicité Rolando Villazón pour incarner Pelléas ? Certes, le rôle est écrit en clef de sol et les éditions Durand conservent une partition pointée pour ténor, sans que l’on sache avec certitude si Debussy l’a validée. De même, dans le sillage de Pierre Boulez qui privilégiait ce parti pris, de nombreux ténors s’emparent désormais du rôle de Pelléas. Mais, si Rolando Villazón peut se prévaloir d’une bonne maîtrise du français et se glisse aisément dans le costume d’un Pelléas joueur et enfantin, qui rappelle fugitivement sa célèbre incarnation de Nemorino (L’Élixir d’amour), les graves de la ligne vocale restent souvent inaudibles et les aigus émaillés d’éclats intempestifs. De même, le timbre de mezzo-soprano de Kate Lindsey ne convient pas au rôle de Mélisande, d’autant qu’il se confond ici beaucoup trop avec celui de Zoryana Kushpler (Geneviève). Malgré une diction qui reste perfectible, notamment dans les épisodes plus vifs, la chanteuse compose néanmoins une Mélisande subtile, à la fois naïve et enjôleuse, notamment lorsqu’elle déclame sa « chanson » avec une grande sensualité. Simon Keenlyside s’impose, en revanche, sans conteste comme un Golaud de premier plan : le phrasé, l’éloquence de la diction, associés à une tenue scénique exemplaire, s’avèrent en tout point remarquables. Face à lui, Jean Teitgen campe avec autorité le rôle d’Arkel et Hannah-Teres Weigl livre une excellente interprétation de celui d’Yniold, sans oublier Dohoon Lee (Le Médecin) ou Zoryana Kushpler (Geneviève), dont l’incarnation vocale dans la lecture de la lettre manque toutefois de souplesse.         

Mais le véritable héros de la soirée reste incontestablement Alain Altinoglu dont la direction, à la fois ductile et nerveuse, dramatique et poétique, fait merveille. Le chef français obtient de l’orchestre des sonorités diaphanes qui mettent en relief toutes les subtilités de l’alchimie orchestrale de Debussy. Rarement l’orchestre de Pelléas, dont les voix s’entrecroisent et chantent continuellement, n’aura aussi bien illustré la remarque de Debussy, en réponse à ses détracteurs qui lui reprochaient la pauvreté thématique de son opéra : « Pelléas n’est que mélodie. » Mais le chef d’orchestre souligne aussi les aspérités des épisodes plus tendus, magnifiquement rendues par un orchestre admirable, faut-il le rappeler : rondeur des cuivres, velouté des cordes. Largement ovationné par le public, comme par les musiciens, Alain Altinoglu saluait la veille, du haut d’un balcon du Musikverein, une exécution époustouflante de la Cinquième symphonie de Bruckner par le même orchestre, sous la direction de Christian Thielemann : bel hommage confraternel du chef d’orchestre français dont la prestation exemplaire a largement contribué au succès d’une production qui restera sans nul doute comme une date essentielle dans la réception de Pelléas en Autriche.

Les artistes

Pelléas : Rolando Villazón
Mélisande : Kate Lindsey
Arkel : Jean Teitgen
Geneviève : Zoryana Kushpler
Golaud : Simon Keenlyside
Yniold : Hannah-Theres Weigl
Le médecin : Dohoon Lee

Wiener Staatsoper, dir. Alain Altinoglu

Mise en scène, décors et lumières : Marco Arturo Marelli
Costumes : Dagmar Niefind

Le programme

Pelléas et Mélisande

Drame lyrique en 5 actes de Claude Debussy (1860-1918), livret de Maurice Maeterlinck d′après sa pièce de théâtre (1892), créé le 30 avril 1902 à l’Opéra-Comique (Paris).
Vienne, Staatsoper, représentation du dimanche 2 novembre 2025.


 

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Kate LindseyZoryana KushplerJean TeitgenRolando VillazonAlain AltinogluMarco Arturo Marelli
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Jean-Christophe Branger

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