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Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo

par Jean-François Lattarico 4 juin 2025
par Jean-François Lattarico 4 juin 2025

© Christian DRESSE 2025

© Christian DRESSE 2025

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Superbe reprise de la production stéphanoise de Louis Désiré, en clôture des festivités du centenaire de l’institution phocéenne, dans une distribution en grande partie renouvelée, dominée par l’Azucena prodigieuse d’Aude Extrémo.

Venue de l’autre ville aux sept collines, la production de Louis Désiré joue la carte de l’austérité et du minimalisme scénographique, tout en conférant à cette vision d’une rare intensité une des clés de lecture dramatique de la pièce, célèbre pour sa complexité. Dominés par des tonalités sombres, les décors de Diégo Mendez-Casariego (qui signe également les beaux costumes finement stylisés), une combinaison de panneaux noirs à la Soulage, évoquent par leur mobilité les différents lieux de l’intrigue (palais, camp, forteresse) et donnent, en quelque sorte, le la chromatique aux autres couleurs présentes dans les costumes et les drapés (bleu céleste, blanc laiteux et rouge écarlate du voile qu’Azucena ne quitte quasiment jamais, ou encore l’orange de feu des champs de roseaux qui apparaissent dans l’ouverture du mur du fond, symbole du brasier constituant le fil rouge de l’opéra). Les contrastes qui en émergent sont ainsi magnifiés par les lumières théâtralement efficaces de Patrick Méeüs. Simple sans être simpliste, le dispositif, à forte charge symbolique, réussit ainsi le tour de force d’être à la fois intemporel et fidèle à l’ancrage historique de l’intrigue. La scénographie s’enrichit néanmoins d’un autre dispositif mécanique : une croix formée d’une poutre verticale et d’une poutre horizontale qui se rejoignent et dont la surface en miroir renvoie les personnages à leurs propres tourments. Le hiératisme de la scénographie est toutefois contrebalancé par des tableaux vivants : les chœurs d’homme encerclant le trouvère, les figurants au torse dénudé, la garde rapprochée du Comte, ou encore l’émotion perceptible qui sourd de la piété mariale du fameux « Miserere ».

Manrico, le trouvère, est incarné par le ténor (et poète) roumain Teodor Ilincăi, qui possède la vaillance requise du rôle (affirmée dès le célèbre madrigal chanté dans la coulisse), des graves solidement charpentés et des aigus déployés avec aisance que complète une présence scénique (notamment face au Comte) toujours pertinente. Légère déception pour la Léonore d’Angélique Boudeville (déjà présente à Saint-Étienne) : si le timbre brillant et cristallin fait merveille dans l’aigu, elle peine à s’imposer dans le registre medium et grave au point d’être à peine audible. Le Comte de Luna a les traits et la voix du baryton Șerban Vasile, qui possède l’autorité et la noirceur du personnage, y compris dans ses rares moments lyriques. Mais la révélation de cette reprise est sans conteste l’Azucena d’Aude Extrémo, absolument prodigieuse d’intensité, d’une amplitude vocale qui semble sans limites, sans faille, et d’un investissement dramatique et scénique rare : elle campe littéralement une Azucena d’anthologie. Les autres rôles sont tous tenus avec une grande justesse, que ce soit le Ferrando de Patrick Bolleire, à la belle voix de basse et à la diction impeccable, l’Inez touchante et idéale de Laurence Janot, le Ruiz imperial de Marc Larcher, tandis que le messager d’Arnaud Hervé et le vieux bohémien de Norbert Dol, artistes issus du chœur de l’opéra (en tous points excellent), complètent une distribution d’une grande homogénéité.

Dans la fosse, la direction vibrante de Michele Spotti rappelle à quel point l’orchestre est partie prenante du drame qui se joue sur scène. La précision du geste se conjugue à la fougue jamais excessive, construisant ainsi une architecture sonore aux milles nuances, ce qui a valu au chef italien une standing ovation amplement méritée.

Les artistes

Leonora : Angélique Boudeville
Azucena : Aude Extrémo
Inez : Laurence Janot
Manrico : Teodor Ilincăi
Il Conte di Luna : Șerban Vasile
Ferrando : Patrick Bolleire
Ruiz : Marc Larcher
Il messaggero : Arnaud Hervé
Un vecchio zingaro : Norbert Dol

Orchestre et chœurs de l’opéra de Marseille, dir. Michele Spotti
Chef des chœurs : Florent Mayet
Assistant direction musicale : Giorgio D’Alonzo
Mise en scène : Louis Désiré
Assistant mise en scène : Cyrille Cosson
Décors et costumes : Diégo Méndez-Casariego
Lumières : Patrick Méeüs
Assistante lumières : Nolwenn Annic

Le programme

Il Trovatore

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Salvatore Cammarano et Leone Emanuele Bardare, créé le 19 janvier 1853 au Teatro Apollo de Rome.
Opéra de Marseille, représentation du dimanche 1er juin 2025.

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Angélique BoudevilleMichele SpottiAude ExtrémoLouis DésiréTeodor IlincăiȘerban Vasile
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Jean-François Lattarico

Professeur des Universités en études italiennes à l'université Lyon 3 Jean Moulin, spécialiste de l'opéra des XVIIe et XVIIIe siècles. Il a publié l'édition critique des livrets de Busenello, ainsi qu'un ouvrage sur les animaux à l'opéra (Le chant des bêtes), tous deux parus chez Classiques Garnier.

1 commentaire

cecile PABA ROLLAND 12 juin 2025 - 15 h 07 min

Cher monsieur, nous partageons chacun des mots de votre analyse de la représentation du Trouvere . Manrico et le comte, magnifiques, leonora fragile, et Azucena extraordinaire ! Le chef ( déjà acclamé pour son requiem de Verdi) incarne la tragédie qui se joue. Bravo

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