À la une
Se préparer à FLORA MIRABILIS – Opéra national de Grèce,...
Les brèves d’août –
Les festivals de l’été –À Bregenz, un FREISCHÜTZ version Fantasy...
LES DOSSIERS DE PREMIÈRE LOGE
OPERAFEST 2025 – LISBONNE & OEIRAS : Amours interdites !
Les festivals de l’été –Salzbourg : Schönberg – Webern –...
Les festivals de l’été –Vérone : reprise de la mise en...
Saison cinématographique 25/26 du Metropolitan Opera
Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di Georges Bizet...
À Prague, une MANON LESCAUT seule, perdue, abandonnée de tous...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

TREEMONISHA de Scott Joplin à l’Opéra de Bordeaux. De grandes espérances.

par Romaric HUBERT 26 mai 2024
par Romaric HUBERT 26 mai 2024
© Vincent Bengold
0 commentaires 4FacebookTwitterPinterestEmail
819

L’Opéra de Bordeaux met à l’honneur l’emblématique opéra Treemonisha de Scott Joplin, mis en scène par Claire Manjarrès, dans le cadre de la « Commémoration de la journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ». L’intention derrière cette production était noble et ambitieuse : lever le voile sur un pan souvent négligé de l’histoire de France tout en mettant en lumière une œuvre majeure du répertoire afro-américain et en explorant son pendant métaphorique.

La metteure en scène Claire Manjarrès a assurément investi une énergie considérable pour rendre justice à l’esprit de Joplin et sa note d’intention est un modèle du genre. Ses choix de mise en scène visent à tisser un lien entre les luttes du passé et les défis contemporains, offrant ainsi au public une réflexion poignante sur l’héritage de l’esclavage, les chemins vers l’émancipation et le rapport à l’altérité. La scénographie de François Menou, centrée autour de bottes de paille, si elle efface l’ancienne plantation d’esclaves où se joue l’intrigue originelle, permet de projeter le spectateur dans un espace aux lectures multiples où la paille sert de lien entre les états psychologiques des protagonistes. Les costumes de Marion Benagès tout en superpositions de vêtements symbolisent ainsi l’accumulation des expériences qui façonnent la personnalité mais effacent aussi parfois les individualités. Les chorégraphies de Laurianne Douchin apportent cette touche d’enthousiasme dansant que le sérieux des sujets abordés ici ne sauraient ôter à la musique aux riches influences de Scott Joplin. Cependant, malgré ces louables intentions, le résultat n’a pas tout à fait été à la hauteur des attentes. La mise en scène de Claire Manjarrès, bien que riche en symboles, manque parfois de clarté et de fluidité, certains tableaux semblant même diluer la force narrative de l’opéra. La représentation se déroule pourtant avec une énergie et une bonne humeur communicatives.

À la direction musicale, Salvatore Caputo, fidèle à lui-même, est attentif et précis tout au long de la soirée. Répondant toujours présent pour défendre les messages d’humanisme et d’espérance, il dirige un effectif instrumental réduit (un piano et quelques percussions) avec une justesse et une sensibilité remarquables, soutenant parfaitement les Chœurs de l’Opéra de Bordeaux et les solistes issus de cette même formation musicale. Sa gestuelle, à la fois énergique et nuancée, apporte une profondeur émotionnelle sans pareille à la musique de Joplin où percent déjà les accents des futures grandes comédies musicales américaines de Jérome Kern et George Gershwin.
Malgré les défis posés par la scénographie, Caputo réussit à maintenir une cohésion et une dynamique appréciables. Cependant, l’implantation du piano sous les bottes de paille, bien que visuellement intéressante, n’a pas totalement permis d’apprécier les qualités et la variété du jeu de Martin Tembremande. La participation marquante du percussionniste Alexis Duffeurre ajoute une texture rythmique essentielle enrichissant l’ensemble de la performance.

Les membres du Chœur de l’Opéra de Bordeaux démontrent une grande maîtrise vocale et un engagement émotionnel palpable. Leur interprétation des chœurs, véritables piliers de cette œuvre, a apporté une profondeur et une gravité bienvenues à cette histoire d’espoir et de résilience. Les solistes réussissent à transcender la partition de Scott Joplin et offrent des performances véritablement mémorables. Tous sont à citer mais saluons la prestation de Marjolaine Horreaux dans le rôle-titre.

Certes, cette production de Treemonisha à l’Opéra de Bordeaux, malgré des intentions louables et une exécution techniquement solide, ne réussit pas entièrement à capter l’essence vibrante et l’émotion brute de l’opéra de Scott Joplin : la mise en scène de Claire Manjarrès, bien qu’ambitieuse aurait gagné à être plus cohérente et percutante. Il convient cependant de saluer l’effort et l’audace de proposer une telle œuvre dans un cadre de commémoration, rappelant ainsi l’importance du souvenir, la nécessité de célébrer les luttes pour la liberté et la dignité humaine et la valeur culturelle et historique que représente cet opéra. L’engagement des artistes et de l’équipe de production mérite d’être salué et le public réserve un accueil plus qu’enthousiaste à cette représentation.

———————————————-

Retrouvez Salvatore Caputo en interview ici !

Les artistes

Marjolaine Horreaux, Treemonisha
Amélie De Broissia, Monisha
Maria Goso, Lucy
Olivier Bekretaoui, Remus
Mitesh Khatri, Andy, Cephus
Loïck Cassin, Ned
Jean-Pascal Introvigne, Ludd
Pierre Guillou, Simon
Simon Solas, Parson Alltalk
Jean-Philippe Fourcade, Zodzedrick

Chœur de l’Opéra National de Bordeaux

Martin Tembremande, piano
Alexis Duffaure, percussions

Salvatore Caputo, direction
Claire Manjarrès, mise en scène
Marion Benagès, costumes
François Menou, scénographie et lumières
Lauriane Douchin, collaboratrice chorégraphique

Assistant à la direction musicale, Alexis Duffaure
Assistante mise en scène, Celeste Combes
Chef de chant, Martin Trembremande

Régie générale, Gabrielle Laviale
Régie de scène, Isabelle Théode

Le programme

Treemonisha
Opéra de Scott Joplin en 3 actes écrit en 1911, créé en 1972 au Morehouse College d’Atlanta.

Nouvelle production Opéra National de Bordeaux Dans le cadre de la Commémoration de la journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Auditorium, Opéra de Bordeaux, vendredi 24 mai 2024, 20h

image_printImprimer
Salvatore CaputoScott JoplinClaire Manjarrès
0 commentaires 4 FacebookTwitterPinterestEmail
Romaric HUBERT

Licencié en musicologie, Romaric Hubert a suivi des études d’orgue, de piano, de saxophone et de chant. Il a chanté dans plusieurs chœurs réputés, ou encore en tant que soliste. Il est titulaire d’une certification qualifiante professionnelle d’animateur radio délivrée par l’Institut National de l’Audiovisuel, et a fait ses premiers pas au micro sur France Musique. Il a fondé la compagnie Les Papillons Electriques avec sa complice Jeanne-Sarah Deledicq et est co-créateur du site Première loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Une TOSCA nantaise moderne et dépouillée
prochain post
Édito de juin –
Le Festival d’Aix sauvé par un apport massif de subventions … et les autres ?

Vous allez aussi aimer...

Les festivals de l’été –À Bregenz, un FREISCHÜTZ...

17 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : Schönberg –...

16 août 2025

Les festivals de l’été –Vérone : reprise de la...

16 août 2025

Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di...

16 août 2025

À Prague, une MANON LESCAUT seule, perdue, abandonnée...

15 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : GIULIO CESARE,...

15 août 2025

Les festivals de l’été –NABUCCO pour célébrer un...

13 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : Hotel Metamorfosis,...

13 août 2025

Les festivals de l’été –Innsbruck : première représentation moderne...

11 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg : MARIA STUARDA, pas...

10 août 2025

Annonces

OPERAFEST LISBOA & OEIRAS 2025

En bref

  • Les brèves d’août –

    18 août 2025
  • Les brèves de juillet –

    17 juillet 2025

Humeurs

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Roberto Menozzi dans Triplice anniversario all’Arena di Verona, con CARMEN di Georges Bizet nella leggendaria produzione di Franco Zeffirelli
  • Luciano barilli dans Les festivals de l’été –
    Vérone : reprise de la mise en scène légendaire de CARMEN par Franco Zeffirelli
  • Stéphane Lelièvre dans LINDA DI CHAMOUNIX, Donizetti (1842) – dossier
  • Philippe BAZERIES dans LINDA DI CHAMOUNIX, Donizetti (1842) – dossier
  • meyer dans « Déesse d’or, entends nos voix ! »
    LÉO DELIBES au-delà de Lakmé

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Les festivals de l’été –À Bregenz,...

17 août 2025

Les festivals de l’été –Salzbourg :...

16 août 2025

Les festivals de l’été –Vérone : reprise...

16 août 2025