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Levallois : La Flûte enchantée – Quand la valeur n’attend pas le nombre des années !

par Stéphane Lelièvre 1 mai 2024
par Stéphane Lelièvre 1 mai 2024

© Stabilized Pictures

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Monter un titre mozartien célèbre quand on ne dispose pas des moyens alloués aux grandes salles, et proposer in fine un spectacle de qualité, respectueux de l’œuvre et du public, est-ce possible ? Après l’Atrium de Chaville, qui monta lui aussi La Flûte enchantée en décembre dernier, la salle Ravel de Levallois en apporte une nouvelle preuve, et montre que la conjonction du sérieux et de l’enthousiasme, chez des artistes peut-être moins aguerris que certains grands professionnels,  peut donner lieu à de fort belles réussites.

© Stabilized Pictures

On est tout d’abord agréablement surpris de la très bonne tenue de L’Orchestre Symphonique Maurice-Ravel : constitué de musiciens amateurs et d’élèves du 3e cycle du Conservatoire Maurice-Ravel de Levallois, il fait montre d’une belle maîtrise de la partition mozartienne, avec des pupitres aux qualités équilibrées et, ponctuellement, de beaux solos (jolies interventions de la flûte lors de la scène des épreuves ou pendant le « Wie stark ist nicht dein Zauberton » de Tamino). 

Sous la houlette de Vincent Renaud-Emeriau (par ailleurs directeur du Conservatoire Maurice-Ravel depuis 2020), dont les choix de tempi sont toujours pertinents – en dépit, à notre goût, d’un « Nun wohlan » de Paganeno un peu rapide ou, a contrario, d’un « Die Schönheit und Weisheit » final un peu lent), les musiciens mettent en œuvre la recette indispensable à la réussite de toute Zauberflöte : de la fluidité, beaucoup de poésie, et un soupçon de dramatisme quand les situations évoquées par le livret l’exigent.

Hélène Lascombes, responsable de la mise en scène, de la scénographie et des costumes, propose un spectacle fort sympathique dont la qualité première ne réside pas selon nous dans la transposition proposée, un peu trop vue ces derniers temps sur diverses scènes françaises ou européennes : l’action se déroule en effet dans un studio de cinéma lors d’un tournage. Tantôt, le texte résiste à cette lecture (de qui, de quoi Pamina est-elle prisonnière ? Quelle est la finalité des épreuves qu’on fait passer aux héros ? Pourquoi Papageno, censé être le régisseur du studio, se demande-t-il constamment où il se trouve et quelles sont les personnes qu’il croise ?) ; tantôt cela donne lieu à d’heureuses trouvailles, telle la Reine de la Nuit devenue une actrice déchue du cinéma muet, supplantée par sa propre fille, nouvelle star naissante. Et surtout, le jeu d’acteurs est parfaitement efficace, y compris dans les scènes parlées, traduites en français et « modernisées » tout juste ce qu’il faut, sans les habituelles facilités (voire vulgarités) auxquelles cet exercice conduit trop souvent. Belle idée, notamment, que d’avoir fait de Papagena, lors de sa première apparition, non pas une femme vieille et laide, mais une jeune fille dont la beauté n’apparaît à Papageno qu’après coup, après avoir chaussé les lunettes de sa bien-aimée !

La distribution est d’une très belle homogénéité. Bravo aux trois garçons (qui en l’occurrence étaient cette fois au nombre de six, et comportaient quelques filles !), aux deux frères d’armes Louis Dattin et Clément Labiau, et au chœur (Chœur d’enfants et Jeune Chœur d’Île de France), tous parfaitement en situation. Après quelques petits problèmes rythmiques lors de ses premières interventions, Dominique Ploteau prend ses marques et propose un Monostatos  moins caricatural vocalement et scéniquement qu’à l’accoutumée.
Olivier Gourdy
est un orateur à la voix noble et profonde, qui pourrait sans problème endosser les habits de Sarastro ; lequel Sarastro est incarné par un Olivier Bizot étonnamment jeune de silhouette et de voix pour le rôle. Il n’en délivre pas moins un « O Isis » et un « In diesen heil’gen Hallen » au legato soigné et aux graves assurés, à tel point qu’on regrette qu’il n’ait pas chanté le deuxième air dans son intégralité. Le trio des dames (Marie Petit-Despierres, Annouk Jobic, Marie le Normand) est de grande qualité, avec une belle fusion des timbres lors de leurs interventions conjointes (la voix de Marie le Normand se distingue particulièrement par ses couleurs chaudes et cuivrées). Pauline Nachman affronte crânement les coloratures et les aigus de la Reine de la Nuit, dont elle vient aisément à bout, contre-fa inclus. Imanol Iraola surprend dans un premier temps dans Papageno : la voix, inhabituellement claire pour le rôle, possède des couleurs quasi ténorisantes ; l’incarnation de l’oiseleur en devient pour le coup originale, fraîche, et surtout dépourvue, y compris scéniquement, de la truculence excessive – tirant parfois vers la trivialité – dont la lestent parfois certains interprètes. Un Papageno drôle mais avec sobriété – et touchant.

Anaïs Merlin - © D. R.
Abel Zamora - © D. R.

Restent les deux héros principaux : Anaïs Merlin fait entendre en Pamina une voix souple et suffisamment ample pour rendre justice aux élans lyriques qui émaillent la partition. Son « Ach, ich fühl’s », joliment phrasé, émeut. Enfin, Abel Zamora, lauréat du Fonds tutti 2024, membre de l’Académie de l’Opéra Comique (et dont nous avions remarqué le talent lors d’un récent concert au Bal Blomet) incarne quant à lui un Tamino plein de fraîcheur et de poésie. La voix est certes assez légère (pour l’instant du moins), mais, bien placée et bien projetée, elle est suffisamment puissante pour une salle de ces dimensions ; et surtout, le chant d’Abel Zamora est d’une élégance constante, et son style parfaitement adapté à l’écriture mozartienne. Un ténor qu’on espère entendre bientôt de nouveau dans ce répertoire – ou dans certains emplois d’opéras-comiques, qui devraient fort bien lui convenir.

La soirée se solde par un accueil plus qu’enthousiaste de la part d’un public venu nombreux, comportant beaucoup de jeunes – et sans doute aussi plusieurs néophytes. Des reprises sont programmées jeudi 2 et samedi 4 mai : à bon entendeur…

Les artistes

Tamino : Abel Zamora
Pamina : Anaïs Merlin
Papageno: Imanol Iraola
Sarastro : Olivier Bizot
Reine de la Nuit : Pauline Nachman
Première Dame et Papagena : Marie Petit-Despierres
Deuxième Dame : Annouk Jobic
Troisième Dame : Marie le Normand
Monostatos : Dominique Ploteau
Orateur : Olivier Gourdy
Hommes d’armes : Louis Dattin et Clément Labiau

Orchestre Symphonique Maurice-Ravel, dir. Vincent Renaud-Emeriau
Chœur d’enfants et Jeune Chœur d’Ile-de-France, dir. Francis Bardot et Pierre-Louis de Laporte

Mise en scène, décors et costumes : Hélène Lascombes
Vidéos : Elise Guihaumon et Chems Laroussi

Le programme

Die Zauberflöte (La Flûte enchantée)

Singspiel en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart, livret d’Emanuel Schikaneder, créé à Vienne en 1791.

Levallois, Salle Ravel, représentation du mardi 30 avril 2024.

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Olivier GourdyAbel ZamoraVincent Renaud-EmeriauHélène LascombesAnaïs MerlinImanol IraolaOlivier BizotPauline Nachman
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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