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À Zurich, un Turc en Italie monté avec verve et d’humour !

par Pascal Lelièvre 25 février 2022
par Pascal Lelièvre 25 février 2022
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Dans ce spectacle, tout fonctionne parfaitement, de manière fluide et amusante, sans que le metteur en scène ait besoin de surligner son propos par le comique gras et lourd qui plombe aujourd’hui tant de productions se voulant « drôles »…

C’est un excellent Turc en Italie que vient de proposer l’Opéra de Zurich. Musicalement et scéniquement.

L’œuvre (dont le livret qui, il faut bien le reconnaître, aligne un certain nombre de clichés…) laisse finalement assez peu de possibilités aujourd’hui entre une mise en scène traditionnelle avec costumes et décors à l’avenant, et l’inévitable et sur-sollicitée allusion à  #metoo. Or le metteur en scène Jan Philipp Gloger fait une autre proposition, originale et qui fonctionne parfaitement. L’action est transposée très habilement dans l’univers de la téléréalité, ce qui non seulement ne dénature pas l’esprit de l’œuvre mais respecte son esprit et son humour. Dans cette vision, le poète devient un journaliste (au look on ne peut plus ringard !) filmant tout ce qui se passe dans la petite copropriété où se déroule l’action : le dispositif scénique donne en effet à voir un décor tournant très bien utilisé, faisant apparaître trois appartements : celui de Fiorilla, celui du Poète et celui de Selim (qui vient tout juste d’emménager). C’est dans ces trois lieux que se déroule l’intrigue, et l’on doit dire que le dispositif apporte une nouvelle consistance à cette intrigue plutôt convenue, voire apporte une vraie crédibilité aux rencontres entre les personnages, souvent très artificielles dans le livret de Romani : il y a une « fête des voisins » qui finit mal (très bonne idée fonctionnant parfaitement !), des Turcs déjà présents sur les lieux lorsque Selim emménage (les Tsiganes du livret original), un homme de ménage en la personne de  Narciso (émouvant puis inquiétant, mais pas ridicule du tout ; on accepte qu’il colle des affiches xénophobes par dépit amoureux – le spectacle a été créé en 2019 pendant la campagne suisse sur l’initiative anti-burka, sans doute ce geste y fait-il écho) : tout fonctionne parfaitement, de manière fluide et amusante, sans que le metteur en scène ait besoin de surligner son propos par le comique gras et lourd qui plombe aujourd’hui tant de productions se voulant « drôles »…

On regrette seulement que le metteur en scène soit tellement conformiste dans le dénouement, avec un message politique visiblement destiné à provoquer les Zurichois… Quitte à vouloir forcément « dénoncer » quelque chose, il aurait sans doute mieux valu rester sur la thématique du voyeurisme du poète… Mais cela ne retire rien à la qualité d’un spectacle visuellement intéressant, distrayant et plein d’idées. Ajoutons à cela une vraie direction d’acteurs, tous les interprètes se révélant être d’ailleurs d’excellents comédiens.

Le chef Riccardo Minasi est surtout réputé pour ses interprétions de musique baroque. Il se glisse ici dans l’esthétique rossinienne avec une belle efficacité : tout au plus peut-on reprocher à l’orchestre d’être parfois un peu bruyant, mais l’équilibre et le dialogue avec le plateau ont en permanence été préservés. Petite déception en revanche avec les chœurs, franchement tonitruants et non exempts de décalages à partir du second acte.

Vocalement, la soirée réserve de belles surprises. Des rôles secondaires se distingue la jeune Chelsea Zurflüh, parfaite en Zaida. Narciso (Mingjie Lei), quant à lui, déçoit un peu : la voix semble couverte d’un voile et les aigus se font laborieux… Les trois rôles de basse sont en revanche d’un excellent niveau vocal et parfaitement distribués dans le rôle respectifs : Pietro Spagnoli (Prosdocimo) fait valoir tout le métier qu’on lui connaît, vocalement et scéniquement ; quant à Nahuel di Pierro (Selim) et Renato Girolami (Geronio), ils sont absolument parfaits de verve, de style et de technique !
On ne reprochera guère à Olga Peretyatko qu’un aigu un peu acide. Pour le reste, elle reste toujours une rossinienne parfaitement accomplie, avec une voix à la projection sûre et un chant stylé, agrémenté de aux coloratures aisées et élégantes. Comédienne plus qu’impliquée, elle s’énerve un peu trop contre un sac Coop qu’elle envoie malencontreusement d’un coup de pied dans la fosse d’orchestre… Les musiciens, sans rancune, le lui rendront bien volontiers aux saluts finals ! 

Les artistes
Selim : Nahuel Di Pierro
Don Geronio : Renato Girolami
Don Narciso : Mingjie Lei
Prosdocimo : Pietro Spagnoli
Albazar : Luis Magallanes
Donna Fiorilla : Olga Peretyatko
 
Zaida : Chelsea Zurflüh
 
Pianoforte : Andrea Del Bianco
Philharmonia Zürich, Zusatzchor des Opernhauses Zürich, dir. Riccardo Minasi
Mise en scène : Jan Philipp Gloger
Décors : Ben Bauer
Costumes : Karin Jud
 
Le programme

Il Turco in Italia

Dramma buffo en deux actes de Gioacchino Rossini, livret de Felice Romani, créé à la Scala de Milan le 14 août 1814.

Opéra de Zurich, représentation du jeudi 24 février 2022.

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Olga PeretyatkoRenato GirolamiRiccardo MinasiJan Philipp GlogerNahuel di Pierro
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Pascal Lelièvre

Fils d'un explorateur danois et d'une soprano vénézuélienne, Pascal Lelièvre est styliste et comédien. Il fréquente assidûment les théâtres lyriques de France et du monde depuis avril 1976, et a rejoint l'équipe de Première Loge en janvier 2021.

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