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Électrisant Otello de Rossini à Liège

par Stéphane Lelièvre 19 décembre 2021
par Stéphane Lelièvre 19 décembre 2021

Ensemble (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège (2)

M. MIRONOV - S. JICIA (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège

M. MIRONOV (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège

S. JICIA - J. BAILLY (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège (2)

S. JICIA - M. MIRONOV - S. ROMANOVSKY (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège

S. JICIA - S. ROMANOVSKY (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège

S. JICIA (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège (2)

S. JICIA (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège (3)

S. JICIA (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège (5)

S. ROMANOVSKY - S. JICIA (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège

S. ROMANOVSKY (c) J. Berger - Opéra Royal de Wallonie-Liège (2)

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Jauge (très) réduite, Otello aphone... et pourtant, une très belle réussite à l'Opéra de Liège !

L'Otello rossinien présenté par l'Opéra de Liège remporte un très beau succès, malgré la méforme de Sergey Romanovsky qui a dû laisser la place à sa doublure dès la fin de son entrée en scène.

Sergey Romanovsky malade... remplacé par Anton Rositskiy

Après Bruxelles (une très belle version de concert donnée à la Monnaie en 2012) et les représentations anversoises de 2014 dans la mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser (dans les deux cas, Gregory Kunde interprétait le rôle-titre), l’Otello de Rossini poursuit son tour de Belgique et s’arrête à Liège, avec une nouvelle production due à Emilio Sagi. 

On se réjouissait d’entendre dans le personnage éponyme Sergey Romanovsky, sans doute l’un des plus authentiques baritenori du moment, et l’un des très rares à pouvoir faire honneur au répertoire du légendaire Andrea Nozzari, créateur du rôle, célèbre pour l’étendue exceptionnelle de sa tessiture. Nous n’avons guère prêté attention au message disant qu’il était souffrant, habitués que nous sommes à de telles annonces, sans conséquences véritables sur la qualité des représentations. Hélas, dès que Sergey Romanovsky a ouvert la bouche, il a fallu se rendre à l’évidence : le ténor ne pourrait pas terminer la représentation (on se demande  même comment il a pu venir à bout de son redoutable premier air, même en transposant systématiquement les lignes trop aiguës à l’octave inférieure…). Très vite, un pupitre a été installé sur scène et sa doublure Anton Rositskiy est venue à la rescousse, Sergey Romanovsky se contentant de mimer le rôle sur scène. Nous souhaitons un très prompt rétablissement au chanteur et espérons l’entendre très vite dans ce rôle où il devrait exceller.
Anton Rositskiy a donc sauvé la représentation et a fait face avec aplomb et courage aux redoutables difficultés du rôle-titre. La voix est affectée d’un petit vibratello, guère gênant même s’il s’accentue dans l’aigu. Mais enfin la technique est maîtrisée, la tessiture meurtrière aussi (même si les graves n’ont pas l’aisance de ceux de son compatriote), et l’endurance est certaine, qui lui permet d’enchaîner sans encombre les actes II et III riches en colorature di forza et autres périlleux sauts de tessiture. En revanche, le timbre, de couleur très claire, ne permet pas le contraste que la voix plus sombre de Romanovsky présentait avec celle de Rodrigo/Maxim Mironov. Mais on ne saurait bien sûr en tenir rigueur au chanteur !

Une distribution équilibrée et stylée !

Maxim Mironov, précisément, est un très beau Rodrigo, aussi élégant scéniquement que vocalement. Le legato de « Ah! come mai non senti », dans sa section lente, est superbe, les vocalises de la partie rapide parfaitement maîtrisées, et il affronte vaillamment son partenaire dans le périlleux « Nel seno già sento risorger l’ardire ». Une prestation justement très applaudie. Le rôle de Iago, troisième ténor de la distribution, est plutôt ingrat : le chanteur n’a pas d’air, mais plusieurs scènes importantes (dont un périlleux et électrisant duo avec Otello au deuxième acte). Le poids dramatique du personnage empêche par ailleurs (ou devrait empêcher) qu’on confie le rôle à un fragile comprimario. La projection arrogante et le timbre corsé de Giulio Pelligra nous changent agréablement des tenorini parfois distribués dans le rôle, d’autant que, si la grammaire rossinienne n’est peut-être pas celle qui est la plus naturelle au chanteur (lequel a à son répertoire Alfredo, Rodolfo ou Henri des Vêpres siciliennes), la virtuosité du rôle est respectée de façon tout à fait satisfaisante.

Julie Bailly est une belle Emilia, à la projection ferme et assurée, et Salome Jicia trouve tout simplement en Desdémone un de ses meilleurs rôles : la ligne de chant, contrastée et nerveuse, arrache le personnage aux oies blanches plaintives et placides auxquelles certaines interprètes le cantonnent. Sa Desdémone est une femme qui aime, lutte, souffre, se révolte,…  Ce qui n’empêche nullement les tonalités lyriques ou élégiaques de se déployer avec bonheur, notamment dans un air du Saule extrêmement émouvant. La distribution est complétée par de solides seconds rôles, desquels se détache notamment le très beau gondolier de Pierre Derhet, dont la courte mais poignante intervention au début du dernier acte marque les esprits.

Une mise en scène sobre et efficace

La mise en scène d’Emilio Sagi nous a semblé simplement « fonctionnelle » au premier acte. Elle est, in fine, mieux que cela : préservant quelques beaux moments d’émotion (Desdémone regardant des photographies d’elle-même en compagnie d’Othello alors que le gondolier rappelle qu’ « «Il n’est plus grande douleur que celle de se rappeler, dans le malheur, les moments fugaces de bonheur… »), elle propose certains condensés dramatiques bienvenus, notamment lors du meurtre de Desdémone puis de la scène finale, si difficile à réussir en raison de son étonnante concision.

Bravo maestro !

Enfin, Maurizio Benini, secondé par un orchestre de l’Opéra Royal qu’on a rarement entendu aussi précis, est le principal artisan de la réussite musicale du spectacle. Combien de fois a-t-on déploré d’entendre le trio « Tra tante smanie e tante » dénaturé par le choix d’un tempo l’apparentant au mieux à une ritournelle insignifiante, au pire à une joyeuse danse ? Sous la baguette de Maurizio Benini, et sans que le chef ait besoin de recourir à des effets grandiloquents étrangers à l’esthétique rossinienne, ce trio devient un sommet de dramatisme, véritable tornade sonore dans laquelle semblent près de sombrer les trois personnages en présence. Respectant scrupuleusement la partition (jusque dans les indispensables reprises, jamais redondantes ici), il confère à l’œuvre une tension dramatique permanente, atteignant des sommets lors des finales des premier et deuxième actes. Bravo maestro !

Les artistes

Otello : Sergey Romanovsky
Rodrigo : Maxim Mironov
Iago : Giulio Pelligra
Lucio / Gondoliere : Pierre Derhet
Elmiro : Luca Dall’Amico
Il Doge : Xavier Petithan
Desdemona : Salome Jicia
Emilia : Julie Bailly

Orchestre et chœur de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, dir. Maurizio Benini

Mise en scène : Emilio Sagi
Décors : Daniel Bianco
Costumes : Gabriella Salaverri

Le programme

Otello, ossia Il Moro di Venezia

Opéra en trois actes de Gioachino Rossini, livret du Marquis Francesco Maria Berio di Salsa, créé à Naples (Teatro del Fondo) le 04 décembre 1816.

Opéra Royal de Wallonie-Liège, dimanche 19 décembre 2022

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OtelloMaxim MironovSalome JiciaSergey Romanovsky
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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