À la une
Salade russe à Lyon
Le Louvre célèbre DAVID, peintre et metteur en scène de...
L’Opéra Comique sous la direction de Louis Langrée : jeunesse,...
Florence : un Macbeth musicalement captivant au Teatro del Maggio...
Firenze: al Teatro del Maggio Musicale un Macbeth musicalmente convincente
Petite Messe solennelle à Fontainebleau : Hengelbrock rencontre Rossini
Festival Verdi 2025 – Falstaff : l’humour et la complexité...
LE VOYAGE DE KOMITAS : un spectacle pour rendre hommage au...
À Liège, Vincent Dujardin met platement en scène Così fan...
Pour ses 200 ans, l’Opéra d’Avignon invoque le mythe Don...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte rendu

Così fan tutte à Covent Garden : Don Alfonso chez les blondes

par Stéphane Lelièvre 17 juillet 2020
par Stéphane Lelièvre 17 juillet 2020
0 commentaires 0FacebookTwitterPinterestEmail
1,3K

Reprise de la production de COSI FAN TUTTE par Jonathan Miller à Londres en 2010

Sir Jonathan Miller est décédé en novembre dernier, à l’âge de 85 ans. En proposant en streaming une représentation de Così fan tutte diffusée initialement dans les cinémas le 10 septembre 2010, le Royal Opera House permet de rendre hommage à celui qui fut longtemps une éminente personnalité du théâtre britannique. En 1982, bien avant le scandale causé par Peter Sellars, Jonathan Miller avait choqué les spectateurs d’opéra en transposant Rigoletto dans l’univers de la mafia new-yorkaise ; la production de l’opérette de Gilbert and Sullivan The Mikado qu’il signa en 1987 continue à faire les beaux jours de l’English National Opera à chaque reprise. A l’Opéra de Paris, sa vision de La Bohème fut à l’affiche de décembre 1995 à décembre 2014 (avant d’être remplacée par la version « cosmonautes » de Claus Guth).

C’est en janvier 1995 qu’il monta Così fan tutte à Covent Garden, dans une production qui fut alors très remarquée pour plusieurs raisons. Reprise jusqu’en 2012 (avant de s’exporter dans d’autres théâtres), elle connut pourtant diverses modifications qui en transformèrent peu à peu la physionomie. Principal changement : après s’être d’abord été déguisés en « Albanais » en 1995, Ferrando et Guglielmo ont vite adopté un autre genre de travestissement, puisque c’est en bikers qu’ils tentent de faire chavirer le cœur de leurs belles (version gothique en cuir noir pour l’un, hippie à rouflaquettes seventies pour l’autre). Les costumes  signés Giorgio Armani ont eux aussi changé pour suivre l’évolution de la mode sur près de deux décennies ; si les tailleurs-pantalons des dames ont persisté, les messieurs ont adopté une élégance très discrète, et leur tenue du premier tableau ne se distingue guère du costume gris le plus standard. Le décor unique est une vaste pièce aux murs blancs, très peu meublée, dont la porte donne sur un fond noir (en 1995, elle laissait voir un arbre et un ciel clair).

Un quart de siècle après sa création, quel effet produit ce spectacle ? Disons qu’il laisse une impression un peu mitigée. Malgré les nombreux gros plans que permet la captation, l’œil s’ennuie un peu dans ce camaïeu de blanc, de beige et de gris. Malgré sa formation de médecin et son intérêt pour la psychanalyse, Jonathan Miller semble rester à la surface de l’intrigue, sa principale contribution consistant à souligner la futilité des personnages. Les deux sœurs deviennent des stylistes – on les voit annoter des croquis de mode qu’elles examinent avec un sérieux tout professionnel – et ne cessent de contempler leur image, surtout dans une grande psyché, mais jusque dans le miroir frontal qu’arbore Despina travestie en médecin. Tout ce beau monde utilise la technologie moderne (téléphones portables, ordinateurs) pour s’immortaliser en selfie, mais ce qui put frapper le public de 1995 comme audacieux relève désormais du banal sur une scène d’opéra.

La distribution, de bon niveau, n’est pas non plus inoubliable. Après la mise en scène de Patrice Chéreau à Aix-en-Provence en 2005, Stéphane Degout retrouvait Guglielmo, rôle de jeunesse auquel il a renoncé depuis quelques années maintenant. Pavol Breslik ne chante plus guère Ferrando : son émission en force, acceptable dans « Tradito, schernito », ne semble guère adaptée pour « Un’ aura amorosa ». Désormais promue à de grands rôles comme la Maréchale à Cardiff, Rodelinda à l’ENO ou Alice Ford à Madrid, Rebecca Evans est une Despina soprano dont le timbre n’a cependant rien de celui d’une soubrette. Quant aux deux héroïnes, jumelles dans la blondeur et presque dans la voix, rien d’indigne, mais rien de renversant. Jurgita Adamonyté est plus seconda donna que mezzo, ce qui est tout à fait possible pour Dorabella ; Maria Bengtsson, qui fait une belle carrière mozarto-straussienne dans le monde germanique, est une Fiordiligi crédible, malgré un léger déficit en graves dans « Come scoglio ». L’élément le plus remarquable n’en est pas moins Sir Thomas Allen, 66 ans à l’époque de cette captation (et de nouveau Don Alfonso en 2019 dans la production de Jan Philipp Gloger qui a succédé à celle de Miller à Covent Garden). Présent à chaque reprise de cette mise en scène, il y évolue comme un poisson dans l’eau, et même si la voix n’est plus ce qu’elle était du temps de sa splendeur, l’acteur met le public dans sa poche grâce à ses mimiques et son aisance inimitable en scène, qui tire néanmoins le spectacle du côté du boulevard.

En fosse, Thomas Hengelbrock adopte des tempos généralement rapides, mettant à rude épreuve les capacités d’articulation des chanteurs dans les ensembles, mais on savoure les couleurs fruitées qu’il imprime à un orchestre vitaminé, ainsi que l’ornementation très présente des reprises pour les chanteurs, selon une tradition présente en Grande-Bretagne depuis Sir Charles Mackerras.

Cette production de Jonathan MIller peut être vue ici, captée en 1997, avec une distribution différente.

Les artistes

Fiordiligi   Maria Bengtsson
Dorabella   Jurgita Adamonyté
Ferrando   Pavol Breslik
Guglielmo   Stéphane Degout
Despina   Rebecca Evans
Don Alfonso   Thomas Allen

Choeur et orchestre du Royal Opera House, dir. Thomas Hengelbrock

Mise en scène   Jonathan Miller

le programme

Così fan tutte, ossia La scuola degli amanti

Opera buffa en deux actes de Wolfgang Amadeus Mozart, livret en italien de Lorenzo da Ponte, créé le 26 janvier 1790 au Burgtheater de Vienne.

Production du Covent Garden de Londres, enregistrée en septembre 2010.

image_printImprimer
Stéphane DegoutJonathan MillerPavol BreslikThomas AllenMaria Bengtsson
0 commentaires 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
HAMBOURG Staatsoper 21-22
prochain post
Streaming – Les Contes d’Hoffmann sans Jonas mais avec Vargas

Vous allez aussi aimer...

Salade russe à Lyon

16 octobre 2025

Florence : un Macbeth musicalement captivant au Teatro...

14 octobre 2025

Firenze: al Teatro del Maggio Musicale un Macbeth...

14 octobre 2025

Petite Messe solennelle à Fontainebleau : Hengelbrock rencontre...

14 octobre 2025

Festival Verdi 2025 – Falstaff : l’humour et...

14 octobre 2025

À Liège, Vincent Dujardin met platement en scène...

13 octobre 2025

Pour ses 200 ans, l’Opéra d’Avignon invoque le...

12 octobre 2025

Le beau, le borgne et le boiteux :...

12 octobre 2025

Otello au Teatro Regio de Parme : la...

12 octobre 2025

Gala Verdiano 2025 à Parme : la relève...

11 octobre 2025

En bref

  • Les brèves d’octobre –

    8 octobre 2025
  • Les brèves de septembre –

    29 septembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Billy dans Naples pleure la disparition de ROBERTO DE SIMONE (1933-2025), barde génial de la cité parthénopéenne
  • Ivonne Begotti dans 10-10-2025: Auguri, Maestro Verdi! 212 anni e un’intensa vitalità!
  • Renza dans 10-10-2025: Auguri, Maestro Verdi! 212 anni e un’intensa vitalità!
  • LE CLERRE dans La traviata à l’Opéra de Rouen, ou le triomphe des deux Germont
  • Ivonne Begotti dans Ouverture de la nouvelle saison de l’Opéra-Comique : applaudissements chaleureux pour Les Contes d’Hoffmann

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Salade russe à Lyon

16 octobre 2025

Florence : un Macbeth musicalement captivant...

14 octobre 2025

Firenze: al Teatro del Maggio Musicale...

14 octobre 2025