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Barcelone – Concert Asmik Grigorian/Matthias Goerne : sous le signe des deux Richard

par Hervé Casini 12 juillet 2025
par Hervé Casini 12 juillet 2025

© ABofill

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C’est dans une salle pleine et à la qualité d’écoute exceptionnelle que s’est déroulé le programme Strauss-Wagner concocté par Josep Pons à la tête de son orchestre symphonique du Grand Théâtre du Liceu, dont les solistes n’étaient rien moins que Matthias Goerne et Asmik Grigorian.

Josep Pons, grand artisan du succès de la soirée

Les raisons de la réussite complète d’une soirée musicale qui donne à l’orchestre un rôle primordial ne sont pas à chercher bien loin : elles se trouvent, le plus souvent, dans le travail acharné, et sur le long terme, que le chef a pu réaliser avec la phalange dirigée.

A la tête des forces musicales du théâtre du Liceu depuis treize ans, le maestro catalan Josep Pons a évidemment pu établir un rapport d’authentique complicité avec la plus ancienne formation orchestrale d’Espagne, conduite en quelque cent soixante dix ans d’activité par des maestrissimi du calibre d’Arturo Toscanini, Erich Kleiber, Riccardo Muti ou … Richard Strauss. De cet orchestre dont il connait chacune des qualités individuelles, Josep Pons parvient à parfaitement mettre en pleine lumière une compétence collective qui, surtout avec les œuvres à l’affiche, trouve ici tout particulièrement matière à se manifester. Comme nous avions pu le remarquer la veille, lors de l’exceptionnelle représentation de Rusalka, l’orchestre du Liceu et son chef maison parviennent à immédiatement créer un climat qui se focalisera, tout d’abord, sur la poétique de textes génialement mis en musique par Richard Strauss, avec toute une succession de clairs-obscurs mis en relief par des pupitres de grande école (le cor dans « September », le premier violon dans « Beim Schlafengehen », les flûtes dans « Im Abendrot »).

Suit un accord de Tristan, dont les quatre notes introductives sont abordées avec une totale liberté, donnant la mesure d’un Prélude concis mais sans intellectualisme introspectif et dont les belles sensations d’appoggiature se développeront, tout comme la « Mort d’amour » qui suivra, dans un espace sonore jamais corseté, à l’intérieur duquel le maestro pourra recourir, à l’occasion, à des rubati irrésistibles. Après l’entracte, et un « récit du Roi Marke » où l’orchestre sait magnifiquement dresser une arche sonore en mode arioso – noblesse mélancolique du son de la clarinette basse dont la ligne descendante est bien plus émouvante que celle du chanteur ! -, les étincelles du Feuerzauber (Magie du Feu) sont bien au rendez-vous de la section des cordes, miraculeuses, avant que les cuivres – déjà si appréciés la veille, dans Rusalka – ne fassent retentir le dernier leitmotiv de La Walkyrie, grandiose comme il se doit.

Ce programme, tour à tour lumineux et crépusculaire et dont le maître-étalon pourrait bien se résumer dans l’idée de sérénité, Josep Pons nous le fait partager en gourmet qui déguste chaque note, n’hésitant pas à se faire, à l’occasion, sorcier et à nous faire – mieux – entendre des citations musicales empruntées, chez Richard Strauss, à son poème symphonique Mort et transfiguration (« Im Abendrot ») et, chez Richard Wagner, aux Adieux de Wotan (Mort d’Isolde) : on ressort de ce concert comme rasséréné sur la capacité de la musique à nous rendre meilleur !

Une interprétation qui côtoie les sommets : les Quatre derniers lieder et La mort d’Isolde selon Asmik Grigorian

Ce n’était pas la première fois que nous avions la chance d’entendre Asmik Grigorian dans Les Quatre derniers lieder. Disons-le tout net : il nous a manqué dans les deux premiers opus, « Frühling » et « September », cette respiration de l’âme qui, sans aucun artifice, doit d’emblée ne faire qu’un avec l’orchestre. Sans doute, un effet secondaire de la soirée vocalement intense de la veille ? Si la projection garde la netteté de la lame, l’égalité du souffle ne sera finalement au rendez-vous que dans la somptueuse phrase finale de « September », bien préparée par le noble solo de cor qui la précède. C’est, pour nous, avec « Beim Schlafengehen » (Au moment d’aller dormir) que l’interprète entre véritablement en osmose avec la respiration de l’orchestre, qu’elle favorise même, sous-tendue ici par les phrases splendides du premier violon de Kai Gleusteen. Dans « Im Abendrot » (Dans la lueur du soir), le chant sur le souffle, bien retrouvé et toujours étonnant de maîtrise technique, vient s’unir à la section des vents, particulièrement sollicités ici, et nous laisse sur un bonheur musical accompli.

La partie du programme consacrée à Richard Wagner nous laisse davantage dubitatif pour ce qui est de l’adéquation de Matthias Goerne à des types d’emploi de basse (Marke) ou de baryton-basse (Wotan) dont il semble ne pas posséder les moyens. Il est triste d’écrire qu’au-delà d’un chant peu expressif, ce soir-là, l’émission de la voix paraît le plus souvent en arrière – bien éloignée de la clarté du discours orchestral – et que non seulement le grave – peu sonore – mais, plus inquiétant pour un baryton, l’aigu nous a semblé tiré, en particulier dans Les Adieux de Wotan, loin de ce qui peut être attendu à un tel niveau d’excellence orchestrale.

Reste donc « La mort d’Isolde », cette « mort d’Amour » dont le visage d’Asmik Grigorian semble avoir revêtu les traits alors qu’à l’écoute de l’orchestre, l’artiste n’a pas encore ouvert la bouche. Oubliées les quelques réserves émises sur les lieder de Strauss : ici, tout n’est que long crescendo continu vers un émerveillement quasi-surnaturel, tant la voix qui incarne cette Liebestod est soudain devenue comme détachée des choses terrestres. Dans cette succession de motifs bien connus, la chanteuse lituanienne, ayant rejoint le chef, semble comme délivrée de toute contrainte et n’est plus qu’à la joie transfigurée d’un accomplissement musical qui viendra mourir dans ce Fa terminal, chanté pianissimo sur les mots « höchste lust », « extrême plaisir » qui n’a jamais aussi bien porté son nom !

Les artistes

Asmik Grigorian, soprano
Matthias Goerne, baryton

Kai Gleusteen, Premier violon solo

Orchestre symphonique du Grand Théâtre du Liceu, dir. Josep Pons

 

Le programme

Richard Strauss (1864-1949)
Vier letzte Lieder (Quatre derniers lieder) pour soprano et orchestre (1946-1948) d’après des poèmes d’Hermann Hesse (n°1-3) et de Joseph von Eichendorff (n°4).

Richard Wagner (1813-1883)
Vorspiel und Liebestod « Mild und leise », Tristan un Isolde (1865)
« Tatest du’s wirklich ? », Récit du roi Marke, Tristan un Isolde (1865)
« Leb’wohl, du kühnes, herrliches Kind ! », Adieux de Wotan, Die Walküre (1870)

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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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