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Les festivals de l’été –
Didon et Énée par les Arts florissants à Beaune

par Nicolas Darbon 26 juillet 2023
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Le Festival de Beaune s’appuie sur des collaborations fidèles. William Christie y est présent depuis 1985. Souvent, il met en avant des lauréats de son festival Jardin des Voix, qui a lieu dans sa maison de Vendée : pour la présente édition, ce sont Helen Charlston (Didon) et Renato Dolcini (Énée). Les conditions acoustiques de la Basilique sont bien entendu différentes de la cour des Hospices, mais toujours aussi bonnes ; d’où nous nous trouvons (au centre), la Basilique empêche la vue sur ses collatéraux mais des écrans ont été installés. Le public remplit intégralement l’église, après avoir littéralement submergé les cafés et restaurants alentours : c’est dire le succès de ce festival. William Christie est au clavecin, en retrait, mais on l’aperçoit bien qui écoute paisiblement derrière ses lunettes rondes ! Le reste du continuo est à droite, avec une contrebasse et un violoncelle – le seul en tee-shirt noir, musicien inspiré, notamment lors d’un interlude en solo. À gauche, les trois violons sont flanqués d’une flûte (prenant le piccolo) et d’un hautbois baroque (sans clef, prenant une flûte), s’amusant également à proférer des cris de démons quand il le faut. Ces bois, tout comme les cordes, produisent des effets d’écho ou semblent écraser l’archet lors de la scène de l’orage avec les sorcières – mais évitent les clusters contemporains que s’est permis l’orchestre de Spinosi la veille dans L’Olimpiade de Vivaldi. Devant, les chanteurs et le chœur sont efficacement mis en espace par Sophie Daneman, rendant ce concert vivant et l’action compréhensible.

L’œuvre, qui dure une heure environ, est un opéra –  ce n’est pas un masque : il n’y a pas de texte parlé – typique du baroque anglais. Sur un sujet tiré de l’Antiquité, l’œuvre mêle les genres de la tragédie, du burlesque, de la pastorale, convoque le fantastique, adopte un extraordinaire langage musical tonal varié, monodique mais aussi imitatif, alternant les solistes, duos, chœurs et les ambiances, parfois figuralistes et bruitistes, sans inutiles longueurs.

S’inspirant de Virgile dans une adaptation de Nahum Tate, Henry Purcell la compose en 1689 à l’âge de trente ans, pour une école de filles, le compositeur étant lui-même au clavecin. « Je ne connais pas d’autre musique qui, en si peu de temps, parvienne à créer une atmosphère aussi dramatique et extraordinairement vivante » déclare William Christie. Didon, reine de Carthage (située dans la Tunisie actuelle), et le prince Énée, revenant de la guerre de Troie (sur le littoral de la Turquie actuelle) s’éprennent l’un de l’autre.

Pour commencer, en guise de « symphonie » d’ouverture nous avons l’ode Celestial Music Did the Gods Inspire : on y célèbre la nature et les dieux ; la jouissance de cet instant découle des longues tenues sensuelles des solistes et de la bonne humeur générale.

L’acte I est centré sur la reine. Bélinda, confidente de Didon, l’invite à retrouver le sourire ; en effet, la reine aime Énée… en secret, craignant de décevoir son peuple ; là se place son aria « Ah Belinda I am prest with torment ». La solution est d’épouser Énée, tant par amour que pour assurer la paix à Carthage. Didon est incarnée par la mezzo-soprano Helen Charlston qui possède toutes les qualités vocales : soutien, rondeur du timbre, volume, jouant de toutes les facettes de l’émotion. Elle montre également un détaché parfait sur des gammes ultra-rapides ou des modulations d’intensité prenantes (parfois un pianissimo trop exagéré pour cette basilique, notamment à la fin ?). Quant à Belinda, c’est la souriante, énergique soprano Ana Vieira Leite qui investit son rôle avec une belle présence scénique ; son aria « Shake the cloud from off your brow » est joliment amené.

L’acte II commence dans une caverne et finit dans une forêt, ce qui n’est évidemment pas visible en version de concert. Énée garde ainsi son costume dans le rôle d’une Magicienne, reine des sorcières, appelant les esprits malfaisants pour se liguer contre Didon. On a donc l’impression qu’Énée est possédé. La reine des sorcières ourdit un stratagème : il s’agit de faire croire à Enée que Mercure (en réalité, un Esprit) l’enjoint d’accomplir sa destinée en Italie.  Les sorcières s’en réjouissent dans le duo « But ‘ere we this perform ».

Pendant ce temps, Didon et Énée se promènent dans la nature mais un orage éclate, suscité par les sorcières, les obligeant à rentrer au château. C’est alors qu’Énée subit le stratagème ; il se trouve donc face à un dilemme : aimer Didon, ou fonder Rome. Les rôles de la magicienne et d’Énée sont dévolus à Renato Dolcini, baryton, maîtrisant les techniques baroques, notamment les tremolo et trille. Les sopranos Maud Gnidzaz et Virginie Thomas incarnent les deux sorcières, souvent en duo et accompagnées du chœur expressif mais juste (auquel prennent part Bastien Rimondi, Daniel Brant, Padraic Rowan et Christophe Gauthier), multipliant les contrastes baroques notamment forte/piano. Dans son air assez court sur une basse obstinée, Virginie Thomas emploie également les techniques de chant baroque dont la voix plate, suivie (lorsque « le complot a réussi, la reine est abandonnée ») d’effets quasi-« violonneux » et quasi-« cuivrés » aux cordes, pour marquer la sorcellerie.

L’acte III se situe dans le port de Carthage où les marins s’affairent aux préparatifs du départ. Les rôles du marin et de l’Esprit sont correctement endossés par les ténors Jacob Lawrence et Michael Loughlin Smith, ce dernier allant jusqu’à danser. Énée annonce à Didon qu’il doit la quitter ; elle le rejette ; il revient sur sa décision ; elle le repousse parce qu’il a songé à le quitter ; elle lui demande de partir ; il s’exécute ; elle absorbe un poison et meurt. Un chœur final déplore sa mort, réalisé avec subtilité. Il va sans dire que le succès de l’opéra repose en grande partie sur le lamento « When I am laid in earth » qui clôt l’œuvre. Hormis une diction qui pourrait être légèrement plus nette, la voix de mezzo d’Helen Charlston fait ressortir toutes les nuances, y compris les plus infimes. Le public ne s’y trompe pas, qui lance des brava, et quitte la salle, après un bis, le cœur encore tout embué du « Remember me » de Didon et du talent de la troupe des Arts Florissants.

Le concert sera retransmis sur France Musique samedi 12 août à 20h.

Les artistes

Didon : Helen Charlston
Énée / une Magicienne : Renato Dolcini
Belinda : Ana Vieira Leite
Première sorcière : Maud Gnidzaz
Seconde sorcière, Seconde dame : Virginie Thomas
Un marin : Jacob Lawrence
Un Esprit : Michael Loughlin Smith
Chœur : Bastien Rimondi, Padraic Rowan, Daniel Brant, Christophe Gauthier

Les Arts Florissants, dir. William Christie
Mise en espace : Sophie Daneman

Le programme

Didon et Enée

Opéra en trois actes d’Henry Purcell, livret de Nahum Tate, créé à la Boarding School for Girls, Chelsea, Londres, en 1689.
Festival international Opéra baroque et romantique de Beaune, Basilique Notre Dame de Beaune, représentation du dimanche 23 juillet 2023.

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William ChristieHelen CharlstonRenato Dolcini
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Nicolas Darbon

Nicolas Darbon est maître de conférences (HDR) à Aix-Marseille Université. Avant sa carrière universitaire, il a été , il a été pendant plus de vingt ans professeur de musique en collèges-lycées. Spécialiste de la musique des XXe-XXIe siècles, il a organisé de nombreux colloques. Il coordonne le Groupe de recherche sur la musique (GRiiiM), encadre le Journal du GRiiiM et les journées d'études organisées aux Antilles. Parmi ses derniers livres Musique et Littérature en Guyane : explorer la transdiction, publié en 2018 chez Garnier Classiques ; ainsi que Les Musiques du chaos ; Dutilleux... du cristal à la nuée, Messiaen... les sons impalpables du rêve, Musica y Complejidad. Il contribue à l'Histoire de l'opéra français publié chez Fayard, à L'Avant-scène opéra, et rédige de nombreux articles sur l'opéra. Il est compositeur et président de Millénaire III éditions.

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