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Schubert et Lachenmann en miroir au festival les Volques à Nîmes

par Sabine Teulon Lardic 15 décembre 2021
par Sabine Teulon Lardic 15 décembre 2021
© Carole Dauphin-Roth, directrice artistique
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2,5K

Mettre en miroir les œuvres de Franz Schubert et d’Helmut Lachenmann (né en 1935), c’est le pari du Festival les Volques à Nîmes et au Pont du Gard, du 8 au 12 décembre. Musique de chambre, lieder entrent en résonance sur de multiples lieux investis, avec une pléiade d’instrumentistes et chanteurs européens.

Un festival inédit de musique de chambre intégrant le chant

Amphithéâtre et Musée de la romanité (Nîmes)

Éclaté dans différents lieux de Nîmes et du site du Pont du Gard, le festival Les Volques affiche son ambition de faire dialoguer passé et présent, à l’instar de l’architecture de la cité gallo-romaine où le face-à-face Maison Carrée/ Carré d’Art n’a rien à envier à celui de l’amphithéâtre / Musée de la romanité . Du 8 au 12 décembre, 12 manifestations de musique de chambre entremêlent les œuvres de Franz Schubert et d’Helmut Lachenmann (1935- ), sans compter les rencontres avec artistes.

Le compositeur allemand invité, disciple de Luigi Nono, puis de Karlheinz Stockhausen, a développé la notion de Klang Komposition (composer avec le son) depuis les fertiles années 60. Celles qui, de G. Ligeti à L. Berio, de L. Nono à Lucia Ronchetti, ont engendré une modernité décapante après la percée futuriste des bruitistes italiens. 

Helmut Lachenmann

Recréant la rugosité de la musique concrète et «le rejet profond de toute forme d’ordre pré-codifiée», l’œuvre de Lachenmann exploite toute ressource sonore produite par le corps humain et l’instrumentarium occidental. Son œuvre et ses qualités de pédagogue lui valent de jouir d’une considération mondiale et d’être l’invité de festivals et conservatoires d’Europe jusqu’aux États-Unis. L’atout du jeune festival nîmois (2e édition cette année) est double. Si ce face à face entre 2 compositeurs est une utopie, sa réalisation à Nîmes est d’aller à la rencontre de la cité, selon les mots du directeur, le chef d’orchestre François-Xavier Roth (Les Siècles). C’est le cas pour les lieux investis (notamment une salle du Musée de la Romanité face aux arcades de l’amphithéâtre), partenariats et actions vers les scolaires. De plus, la médiation de chaque concert, conjointement assurée par Corinne Schneider (France Musique) et Patrick Hahn (Orchestre de Cologne) dynamise cette proximité avec les publics. Selon notre approche d’auditrice aux concerts du 12 décembre, le second atout réside dans la qualité des ensembles chambristes et chanteurs, qualité relevant le défi de mettre Schubert et Lachenmann en miroir. Et ce d’autant mieux que le son Schubertien s’épanouit sur des instruments de facture XIXe siècle (piano Erard 1870, flûte et clarinette de facture 1830), et que les interprètes de Lachenmann ont  travaillé en étroite collaboration avec le créateur. De ce fait, la singularité de chacun des deux univers captive l’écoute : nous percevons la texture sonore, soit « historique » avec naturel, soit affirmée et documentée, toujours musicale. Le public ne s’y trompe pas, écoutant avec ferveur.

De Schubert à Lachenmann : du vivant dans la matière sonore

Évidemment, ni la forme ni l’écriture ne rapprochent les univers et esthétiques du viennois Franz Schubert (1798-1828) et du compositeur de Bade-Würtemberg (Lachenmann). Mais ce frottement stylistique n’est pas sans surprises … Le concert de clôture du 12 décembre place l’alternance au cœur du programme de la soirée au Théâtre Bernadette Lafont de Nîmes. Et de cette alternance naît une perception intime du vivant à l’écoute de chaque œuvre.

Le vivant, ce sont les méandres mélodiques des Variations sur Trockne Blumen pour flûte et piano (D. 802), comme autant de lianes dansant sur la structure du thème, issu du lied éponyme (cycle Die Schöne Müllerin, La Belle meunière). Les interprètes (la flûtiste Marion Ralincourt) font résonner la suavité viennoise. Lui succède la matière vivante et en fusion du trio TemA (1968) dans lequel la complicité des musiciennes est un miracle. Au sein d’une composition en arche, entre quiétude épurée et agitation centrale, la permanence du geste inspirer/expirer maintient une tension quasi insoutenable.  Les variantes sonores paraissent dépasser celles déjà audacieuses de la Sequenza de L. Berio, sans jouer sur la déconstruction du langage comme les Récitations de G. Aperghis. Ici, la théâtralisation du dialogue entre flûte (effets de slap, double son), violoncelle (chanté-joué) et voix ramène à la chair du son. Entre borborygmes articulés et (faux) silences, la chanteuse Tara Stafford-Spyres mène le jeu avec ses complices.

Le vivant, versus organique et même cri, c’est la performance musicale de Diotima dans le 3e Quatuor Grido (2001) de Lachenmann. Présent sur tous les plateaux du festival, le compositeur affirme sa vision audacieuse du créateur : trouver le métier dans chaque pièce, comme Robinson Crusoé sur son île. Ici, l’hétérogénéité des sons et bruits disséminés (crissements, raclements, attaques, glissandi)  est bluffante. Les quatre archets rivalisent en coups de scalpel (entrées différées) ou bien s’unissent dans une chorégraphie violente de gestes : à la corporéité des sons correspond la gestuelle des musiciens.

© Carole Dauphin-Roth

Le vivant dans son expression intériorisée, c’est la sélection de trois lieder schubertiens, parmi les plus connus,  interprétés par deux chanteurs de prestige. La soprano Tara Stafford-Spyres dialogue avec ses complices (Christian Laborie, clarinette et Mathieu Pordoy, piano) dans Der Hirt auf dem Felsen (D 965). Le trio restitue le naturel bucolique de cette pièce sublime, sans affèterie ni rubato. Lorsque la clôture du concert s’opère avec Du bist die Ruh D 935 (Tu es le repos) et la Sérénade du Schwanengesang D 957 (Chant du cygne), tous deux chantés par Michael Spyres, le paradis s’entrouvre. Chanté-murmuré jusqu’au pianissimo le plus ineffable, le premier lied fait valoir la souplesse, la luminosité des aigus et la parfaite diction allemande de l’artiste. Le second lied fait valoir son double registre vocal, soit « basse-taille » dans le médium-grave, soit ténor. Une voix revendiquée dans son récent enregistrement chez Erato, Bariténor (CD Bariténor avec l’Orchestre national de Strasbourg, Erato).  Sans monopole sur le programme, sa prestation contribue à rappeler que l’ artiste peut tout incarner avec subtilité, du bel canto au drame beethovénien, du Postillon de Lonjumeau au récital de lieder.

 

© Carole Dauphin-Roth

En sortant du dernier concert des Volques, on se prend à rêver au futur face-à-face de l’édition 2022, révélé par le directeur : Robert Schumann / Olga Neuwirth …

Les artistes

Marion Ralincourt (flûte), Amaryllis Jarczick (violoncelle), Christian Laborie (clarinette), Mathieu Pordoy (piano), Tara Stafford-Spyres (soprano), Michael Spyres (ténor).

Le programme

Helmut Lachenmann
TemA pour flûte, voix et violoncelle ; 3e Quatuor Grido.

Franz Schubert
Der Hirt auf dem Felsen D 965  (Le pâtre sur le rocher) ; lieder Du bist die Ruh, D 935 ; Schwanengesang, D 957 ; Introduction, thème et variations sur Trockne Blumen D. 802 .

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Sabine Teulon Lardic

Sabine Teulon Lardic est chercheure à l'université de Montpellier 3. Spécialiste de l'opéra-comique du XIXe siècle et des spectacles lyriques dans les Théâtres de plein air (XIXe-XXIe siècles), elle a collaboré aux volumes collectifs de Carmen Abroad (Cambridge Press), The Oxford Handbook of the Operatic Canon (Oxford Press), Histoire de l'opéra français, t.3 (Fayard, 2022). Elle signe également des articles pour les programmes de salle (Opéra-Comique, Opéra de Montpellier) ou la collection CD du Palazzetto Bru Zane.

2 commentaires

Théâtre de Nîmes 15 décembre 2021 - 12 h 39 min

Excellent article et très beau festival !

Répondre
Daniel Dahl 15 décembre 2021 - 15 h 03 min

Le dernier lied chanté était « An die Musik »…..et pas une sérénade….

Répondre

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