À la une
Se préparer au REQUIEM de Verdi / TEREZIN –Grand Amphithéâtre...
Les brèves d’octobre –
Vienne : Une Nuit à VeniseJoyeux anniversaire, Johann !
À la Fenice, un Wozzeck d’autrefois, traduit en italien, anachronique…...
Il aurait 100 ans aujourd’hui : Luciano Berio
Mozart des grands soirs : Luxembourg fait un triomphe à Idomeneo
« Polimnia : l’opéra pour tous », un projet en...
Ça s’est passé il y a 300 ans : mort...
Polimnia: l’opera per tutti
CD – Véronique Gens, Les divas d’Offenbach
Elle aurait 100 ans aujourd’hui : Virginia Zeani
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Avignon – Une LUISA MILLER hors du temps : Axelle Fanyo et Sehoo Moon remettent les pendules à l’heure !

par Aurélie Mazenq 21 mai 2024
par Aurélie Mazenq 21 mai 2024

© Studio Delestrade - Avignon

© Studio Delestrade - Avignon

© Studio Delestrade - Avignon

© Studio Delestrade - Avignon

© Studio Delestrade - Avignon

© Studio Delestrade - Avignon

© Studio Delestrade - Avignon

© Studio Delestrade - Avignon

0 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
1,8K

Composé dans un contexte politique incertain où Verdi voit s’effondrer ses espoirs d’une Italie nouvelle, républicaine et unie, Luisa Miller apparait comme un chef d’œuvre méconnu. Dans cet opéra ici porté par une distribution de jeunes artistes prometteurs, l’auditoire navigue sans cesse entre le pathos collectif et la sensibilité individuelle.

Pour l’entrée au répertoire de l’ouvrage à l’Opéra Grand Avignon, le directeur de l’institution prend en charge la mise en scène et propose une métaphore autour du temps. Au lieu de caractériser les différences sociales rendant impossible l’union de Luisa et Rodolfo, Frédéric Roels met en lumière les différentes temporalités de l’action. Le cadran d’une grande horloge rythme les différents tableaux et personnifie les manifestations du destin. Un décor unique cloisonne les espaces par de grandes parois mobiles où sont dessinées des fenêtres closes et des arches gothiques.
Les deux amants apparaissent tout d’abord unis et portés par leur candeur juvénile. Il est donc question ici d’un voyage dans le temps pour accompagner le passage à l’âge adulte des deux héros. Le personnage de Wurm, aux allures d’un Mephisto tout de rouge vêtu, vient interrompre leurs projets d’avenir. L’horloge se fige alors.
Une série de quiproquos et d’aléas chronologiques rendront par la suite impossible l’union des deux jeunes amants malheureux. L’aiguille du cadran deviendra tour à tour une épée vengeresse brandie par Rodolfo contre son père, puis l’aiguillon d’un poignard tombé du ciel au moment du duel final entre le ténor romantique et Wurm. Le temps apparait clairement comme dangereux et fatal.
Le trio final nous offre, comme le suggère la mise en scène, un moment suspendu de musique où chacun des spectateurs peut partager le touchant bonheur retrouvé des amants dans leur ultime agonie.
Les costumes sobres et épurés conçu par les ateliers de l’opéra Grand Avignon renforcent le caractère intemporel confié à l’ouvrage, alors débarrassé de son ancrage dans le XVIIIe siècle. Ils permettent une identification rapide des protagonistes ainsi que de leur position sociale.
La production proposée s’avère sobre, minimaliste et construite autour d’une idée centrale déclinée tout au long de l’ouvrage. Elle est servie par un plateau vocal constitué de jeunes artistes prometteurs, dont le couple de protagonistes principaux, qui tous deux faisaient leurs débuts respectifs dans leur rôle.

Axelle Fanyo incarne une héroïne douce, innocente et fragile. Son air d’entrée, parfaitement maîtrisé, est gai et enthousiasmant, avec une voix toujours bien projetée et empreinte d’un délicieux entrain juvénile. Soprano aux aigus agiles et aériens, la jeune française capte l’essence de la pureté et de l’innocence du rôle pour la retransmettre à l’auditoire. Elle sait également se faire beaucoup plus dramatique, révélant des graves particulièrement convaincants et ajoutant ainsi une profondeur émouvante à son interprétation. À n’en pas douter, nombreux sont ceux, parmi le public, qui garderont son nom en mémoire !

A ses côtés, Rodolfo est interprété par Sehoon Moon. Il constitue l’archétype du ténor romantique. Véritable révélation de la soirée, son personnage d’amant sensible et rêveur convainc par son authenticité et sa profondeur. Son timbre clair et élégant sied parfaitement à la romance de l’acte II, qu’il interprète avec une sobriété rafraîchissante, débarrassée des excès de l’opéra italien. Moon fait siens avec brio tous les codes du jeune amoureux romantique, laissant une impression durable sur le public.

La prestation de Mischa Schelomianski, que le public avignonnais avait déjà acclamé lors du Chevalier à la rose la saison dernière, s’avère tout aussi irréprochable. Dans le rôle de l’amant éconduit, vil et manipulateur, il incarne à la perfection toutes les caractéristiques d’un personnage détestable. Son chant, riche en nuances et en couleurs, emporte l’adhésion du public dès les premières notes. À travers sa performance, on perçoit clairement l’ampleur nouvelle que Verdi souhaitait insuffler à ce personnage complexe. Schelomianski réussit à donner vie à cette vision, captivant l’auditoire par son interprétation très personnelle.

Miller, figure paternelle mue par le désir ardent de préserver l’honneur de sa fille, prend vie sous les traits du baryton Gangsoon Kim. Sa maîtrise technique indéniable se traduit par un chant empreint d’une élégance et d’une noblesse rares, contrastant avec la noirceur du personnage du comte Walter. Wojtek Smilek, habituellement reconnu pour être une basse fiable et convaincante, passe malheureusement à côté de sa soirée. Sarah Laulan, authentique contralto, confère à la duchesse Federica un caractère passionné et intrépide. Ses graves menaçants tentent d’arracher la vérité à la pauvre Luisa, qui lui a ravi le cœur de Rodolfo.  La douce Céline Lastchenko et le convaincant Julien Desplantes complètent une distribution très solide.

Sous la direction de Franck Chastrusse Colombier, l’orchestre national de l’Opéra Grand Avignon fait résonner les notes d’une des plus belles ouvertures composées par Verdi, dont l’écho se fait entendre tout au long de l’ouvrage. La direction d’orchestre est précise et affirmée, bien qu’elle s’éloigne parfois de l’esthétique italienne de l’œuvre. Cependant, quelques lenteurs surprenantes, notamment lors du chœur d’entrée, viennent briser la dynamique créée par les chanteurs et les chœurs bien préparés par Alan Woodbridge.

Place de l’horloge où se situe l’opéra d’Avignon, le temps a suspendu son vol durant une représentation qui aura permis d’offrir aux spectateurs une véritable expérience jubilatoire. L’audace de cette programmation ainsi que le superbe plateau vocal de jeunes artistes réunis pour l’occasion sont à saluer. Au plaisir de la découverte de l’ouvrage s’ajoute une énergie communicative. Le public, visiblement conquis, réservera un accueil particulièrement chaleureux à l’ensemble des parties prenantes de cette soirée.

Les artistes

Luisa : Axelle Fanyo
Miller : Gangsoon Kim
Rodolfo : Sehoon Moon
Wurm : Mischa Schelomianski
Il Conte Walter : Wojtek Smilek
La Duchessa Federica : Sarah Laulan
Laura : Cécile Lastchenko

Orchestre national Avignon-Provence, dir. Franck Chastrusse Colombier
Chœur de l’Opéra Grand Avignon
Mise en scène : Frédéric Roels
Scénographie et costumes : Lionel Lesire
Lumières : Laurent Castaingt
Assistante à la mise en scène : Nathalie Gendrot
Études musicales : David Zobel

Le programme

Luisa Miller

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Salavatore Cammarano d’après Kabale und Liebe de Schiller, créé le 8 décembre 1849 au San Carlo de Naples.
Opéra Grand Avignon, représentation du vendredi 17 mai 2024

image_printImprimer
Gangsoon KimSehoon MoonWojtek SmilekFranck Chastrusse ColombierSarah LaulanFrédéric RoelsMischa SchelomianskiAxelle Fanyo
0 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
Aurélie Mazenq

Tombée depuis seulement quelques années dans la potion magique de l'art lyrique, Aurélie n'a, depuis lors, de cesse de rattraper le temps perdu en sillonnant les plaques-tournantes de l'Europe opératique... à la recherche des grandes voix de demain tout en se consolant par une collection impressionnante de vinyles de ne pas avoir pu entendre celles d'hier voire d'avant-hier...

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Théâtre du Châtelet : saison 2024-2025
prochain post
Brèves de mai

Vous allez aussi aimer...

Vienne : Une Nuit à VeniseJoyeux anniversaire, Johann !

27 octobre 2025

À la Fenice, un Wozzeck d’autrefois, traduit en...

25 octobre 2025

Mozart des grands soirs : Luxembourg fait un triomphe...

22 octobre 2025

Le Voyage de Komitas à Palaiseau : un...

19 octobre 2025

Fuoco di gioia 2025 au Festival Verdi de...

18 octobre 2025

JULIE M. ou l’insoumission baroque à l’Opéra de...

18 octobre 2025

Fuoco di gioia 2025: a “Festival Verdi”, un...

18 octobre 2025

KANDINSKY ET LA MUSIQUE DES COULEURS Philharmonie de...

17 octobre 2025

King Arthur de Purcell au TCE : comme...

17 octobre 2025

Naples – Double Mascherate pour Un Bal de...

16 octobre 2025

En bref

  • Les brèves d’octobre –

    27 octobre 2025
  • Les brèves de septembre –

    29 septembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Renza dans Polimnia: l’opera per tutti
  • Farquet dans Mairi, Marianna, Maria : les années grecques inconnues de la Callas : une image authentique de l’art de Maria Callas
  • Van de kerchove dans Aida revient à l’Opéra Bastille dans la mise en scène de Shirin Neshat
  • Sandra Bonazzi dans Fuoco di gioia 2025: a “Festival Verdi”, un eccellente concerto in nome della solidarietà
  • Renza dans Fuoco di gioia 2025: a “Festival Verdi”, un eccellente concerto in nome della solidarietà

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Vienne : Une Nuit à VeniseJoyeux anniversaire,...

27 octobre 2025

À la Fenice, un Wozzeck d’autrefois,...

25 octobre 2025

Mozart des grands soirs : Luxembourg fait...

22 octobre 2025