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Cabaret pour Rigoletto : quand l’opéra rencontre le théâtre

par Patrice Gay 8 juin 2022
par Patrice Gay 8 juin 2022

© Prokoand Penka

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La DESCHONECOMPANIE propose au Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet une très intéressante et amusante version du destin tragique de Triboulet/Rigoletto et de sa fille Blanche/Gilda : mêlant théâtre et opéra, de Victor Hugo à Giuseppe Verdi, le spectacle parfois loufoque se veut iconoclaste.

Il n’y a pas de lever de rideau : alors que le public s’installe, les acteurs et chanteurs évoluent déjà sur la scène, bavardent et paraissent procéder aux derniers ajustements, voire faire signe au public. Le procédé crée une véritable proximité entre la salle et le plateau ; il convient bien à un spectacle dont l’esprit cabaret est omniprésent. Cette production s’inscrit bien dans la ligne que suit depuis 2017 le metteur en scène Tom Goossens, qui tient ici le rôle de Saltabadil/Sparafucile : il s’agit de métamorphoser l’opéra en un spectacle populaire digne du café-théâtre. Au demeurant, c’est bien une troupe que forment les acteurs et chanteurs dont le jeu complice donne une grande cohérence à l’ensemble. Avec un art consommé de la suggestion, les comédiens se saisissent régulièrement d’objets fort ordinaires, comme un escabeau ou des casques de chantier et nous font entrer dans un univers qui confine parfois à l’absurde du théâtre des années 50. Il est assez amusant de voir une intrigue romantique gagnée par un burlesque fort moderne.

Au milieu d’un décor inachevé, éclairé par des lampions de guinguette, se trouve un plateau tournant qui constitue l’élément central de la scène. Il permet de passer d’un tableau à un autre et de dessiner différents espaces. Mais c’est surtout là que se trouve l’indispensable piano droit au clavier duquel Wouter Deltour assure la direction musicale. Cette réduction pour piano de quelques airs célèbres de Gilda et du duc de Mantoue s’avère essentielle : d’elle dépend l’esprit du spectacle proposé ce soir.  

La scène finale du meurtre de Blanche/Gilda fait office de scène primitive à partir de laquelle tout le drame se déroule de façon rétrospective. L’osmose entre la pièce et l’opéra est immédiatement perceptible : alors que le bouffon savoure sa vengeance et qu’il est sur le point de jeter le corps du tyran libertin à l’eau, l’air La donna è mobile se fait entendre mais avec de tout autres paroles : « Je chante en français […] ». Le monarque n’est pas mort et le sac contient donc un autre corps… L’enchaînement funeste des événements qui ont conduit au drame peut alors être représenté. Le spectacle est plus théâtral que lyrique : les dialogues dominent, notamment à travers les répliques d’un père d’une indéniable présence interprété par un Filip Jordens très brelien. Les voix ne sont cependant pas en reste et Lars Corijn (François 1er/duc de Mantoue) est doté d’une belle voix de ténor, claire et ronde. Il joue et chante avec une désinvolture amusée qui sied bien aux partis-pris de Tom Goossens. Quant au beau timbre de soprano d’Esther Kouwenhven (Blanche/Gilda), il convainc moins, tant le personnage, seul rôle exclusivement chanté, semble détaché du drame qui se joue. La légèreté du timbre et la distance presque flegmatique de la jeune fille nous invitent peut-être à ne pas trop prendre au sérieux le drame qui se joue et à rire du désir masculin et de l’autorité paternelle.

L’idée de faire d’un drame romantique un spectacle sinon de foire, du moins de café-théâtre est fort séduisante, mais on peut regretter que ne se dégage pas davantage de poésie de l’ensemble. L’abondance des dialogues contemporains et le comique parfois un peu trop décalé ne nuisent-ils pas à l’harmonie d’un ensemble déjà fondé sur l’association de deux œuvres fort différentes ? Les passages chantés tendent à être absorbés par la théâtralité d’un spectacle que l’on attendait plus lyrique. Le drame hugolien visait à tirer une grande force expressive de l’association entre le sublime et le grotesque : en dépit d’indéniables moments d’émotions, la mise en scène de ce soir semble refuser de choisir entre le rire et les larmes.

Les artistes

Texte : Victor Hugo

Musique : Giuseppe Verdi

Mise en scène : Tom Goossens 

Adaptation : Waas Gramser, Kris Van Trier (Compagnie Marius) 

Traduction en français : Anne Vanderschueren

Piano et direction musicale : Wouter Deltour 

Chant et jeu : Filip Jordens, Karlijn Sileghem, Lars Corijn, Esther Kouwenhoven, Tom Goossens 

Dramaturgie musicale : Lalina Goddard 

Régie et réalisation du décor : Johannes Vochten 

Éclairage : Luc Schaltin

Production : DESCHONECOMPANIE et Muziektheater Transparant

Coproduction : Comp. Marius, Opéra Grand Avignon, Athénée Théâtre Louis-Jouvet et Perpodium

Le programme

RIgoletto ou Le Roi s’amuse

Spectacle musical et théâtral, d’après Le Roi s’amuse (Paris, 22 novembre 1832) de Victor Hugo et Rigoletto (Venise, 11 mars 1851) de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave

Théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet, représentation du jeudi 2 juin 2022. 

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Patrice Gay

Patrice Gay est agrégé de Lettres modernes. Après des études de Lettres à l’Université de Clermont-Ferrand, il enseigne en collège, puis en lycée. Il est aujourd’hui professeur de culture générale en classe préparatoire économique à Versailles. Passionné d’opéra, il a conduit de nombreux projets pédagogiques autour d’un spectacle lyrique (Châtelet, Opéra national de Paris, TCE) avec des élèves de lycée (seconde et première) et également avec des étudiants de CPGE technologique.

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