« Car c’est dans le chant seul que fleurit la beauté ! » (Schiller)
Les neuf solistes réunis sur le plateau semblent en tout cas prendre beaucoup de plaisir à interpréter cette œuvre, et l’énergie qu’ils déploient est assez réjouissante à voir et à entendre. Le rôle le plus lourd est clairement celui d’Elmira, où Yun Jung Choimontre une voix virtuose mais charnue, à la hauteur des somptueux costumes de femme fatale conçus par Bruno Fatalot. Alors qu’Atys était un ténor chez René Jacobs (et une soprano dix ans auparavant, dans la première intégrale, dirigé par René Clemencic), c’est ici une mezzo-soprano, et Inès Berlet est étonnante sous ses divers visages, son timbre plein donnant une vraie personnalité à ce personnage muet pendant presque tout le premier acte. Obligé de camper un méchant ridicule, le baryton Wolfgang Resch s’en donne à cœur joie et survit à toutes les avanies. Charlie Guillemin en fait des tonnes mais les tenues les plus insensées lui vont comme un gant, rejoint dans son délire par l’Eliates de Jorge Navarro Colorado. Egalement ténor, Benoît Rameau est un Solon moins majestueux qu’on ne s’y attend (seul René Jacobs a choisi de confier le rôle à une basse) mais tire fort bien son épingle du jeu. Marion Grange a peu à chanter, mais sa voix s’assortit fort bien à celle de Yun Jung Choi dans leurs duos. Les clés de fa sont en fait les moins gâtés par la partition : si le rôle-titre concède au moins quelques airs à Ramiro Maturana, dont une belle lamentation, Andriy Gnatiuk n’a vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent en Cyrus et se rattrape par la forte présence scénique que le spectacle lui confère en faisant de lui une sorte de mafieux détestable à la clémence trompeuse.
Encore deux représentations à l’Athénée les 8 et 10 octobre, puis au Perreux (15-16 octobre) et à Herblay (15-16 avril 2021)