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Festival de Bergame 2/3 : Il campanello / Deux hommes et une femme, deux farces donizettiennes

par Renato Verga 18 novembre 2025
par Renato Verga 18 novembre 2025

© Gianfranco Rota

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Il campanello / Deux hommes et une femme, Bergame, samedi 15 novembre 2025

Le Festival Donizetti associe Il campanello et Deux hommes et une femme, deux farces tournant en dérision l’institution du mariage. La mise en scène de Stefania Bonfadelli, soutenue par une distribution jeune et vivante et la brillante direction d’Enrico Pagano, réunit ces deux univers, tantôt napolitain, tantôt français, avec intelligence et vivacité.

Le génie théâtral de Donizetti s’est développé tant sur les plans tragique qu’humoristique, avec d’excellents résultats dans les deux domaines. Dans les farces, la comédie a libre cours, comme dans les deux actes uniques présentés lors du deuxième rendez-vous du Festival Donizetti au Teatro Sociale, dans la partie haute de la magnifique ville de Bergame : Il campanello et Deux hommes et une femme.
Il campanello di notte (La sonnette de nuit) ou Il campanello dello speziale (La sonnette de l’apothicaire) ou simplement Il campanello (La sonnette) sont les titres alternatifs de cette farce en un acte datant du 1er juin 1836, tirée de La sonnette de nuit, une comédie-vaudeville de Léon Lévy Brunswick, Mathieu-Barthélémy Troin et Victor Lhérie, qui avait été donnée à Paris au Théâtre de la Gaité six mois auparavant. Toujours informé de ce qui se passait dans les théâtres, Donizetti était également très rapide dans la composition : pour ne pas perdre de temps, il avait écrit lui-même le livret. Polycarpe Coffignon devint Don Annibale Pistacchio, Cabassol Spiridione, le cousin David Enrico, Mme Coquard Madama Rosa. Seule Serafina (Séraphine) conserve son nom, même si elle est ici orpheline, le compositeur ayant supprimé le personnage de M. Coquard, l’inepte mari de Mme Coquard.
La jeune et belle Serafina est donnée en mariage à l’apothicaire Don Annibale Pistacchio, au grand dam de l’ancien amoureux de Serafina (et aimé en retour), le jeune Enrico. Malgré les tentatives pour empêcher le mariage, la cérémonie est fixée à la veille du départ de Don Annibale pour Rome, où l’apothicaire doit absolument se rendre pour assister à l’ouverture du testament d’une tante décédée et où il restera plus d’un mois. Ayant appris cela, Enrico, avec la complicité de Serafina, tente par tous les moyens d’empêcher le mariage d’être consommé cette nuit-là, afin de gagner du temps pour une tentative ultérieure d’annulation. Le pharmacien est tenu par la loi de fournir ses produits médicaux à toute personne qui en fait la demande, même pendant la nuit. La sonnette située à l’extérieur de la boutique, sous l’habitation du pharmacien, sera donc l’instrument utilisé par Enrico pour perturber la première nuit de noces de Don Annibale. Se présentant sous différentes apparences (un Français malade, un chanteur enroué et un vieillard), Enrico continuera à se faire recevoir par Don Annibale, en sonnant la cloche, sous les prétextes les plus farfelus, jusqu’à ce que, à l’aube, l’apothicaire doive partir en diligence pour Rome, laissant Serafina vierge à la maison.
Les travestissements féminins de la pochade deviennent masculins dans la farce de Donizetti, qui transfère ensuite la scène de Batignolles à Naples. C’est là que la première représentation a lieu au Teatro Nuovo. Pour sauver la compagnie de la faillite, le compositeur a très généreusement renoncé à sa rémunération, un geste qui a été ouvertement salué par la presse de l’époque. Certains dialogues étaient en dialecte napolitain, mais l’année suivante, le compositeur les transformera en récitatifs en italien avec l’aide de Salvadore Cammarano. À cette occasion, Donizetti ajoutera également le duo entre Don Annibale et Enrico, absent de l’original français. La nouvelle version sera mise en scène au Teatro Reale di Fondo le 23 mai 1837.
Les seize scènes de l’œuvre originale sont assez fidèlement conservées dans le livret, mais Donizetti fait preuve d’une verve humoristique de premier ordre en transformant David, déguisé en vieille femme du peuple bavarde, en Enrico, déguisé en mari de la pauvre Anastasia qui « est phtisique et diabétique, | aveugle et paralysée, | souffre de migraines, | souffre d’asthme et de sept fistules, | d’épines dorsales et de sciatique, | d’une tumeur à l’occiput ; | souffre de podagre, | qui, associé à la chiragre, | la fait beaucoup souffrir ».
Il s’agit d’un humour amer, presque noir, avec lequel Donizetti réagit aux malheurs de sa vie privée (à cette époque, ses deux parents étaient décédés et sa femme avait donné naissance à une petite fille morte-née) et à la fermeture des théâtres en signe de deuil pour la mort de la reine Marie-Christine de Savoie. On ne trouve pas dans ce petit opéra la touche pathétique que l’on trouve dans L’Élixir ou Don Pasquale ; la musique en est vive, tranchante, dominée par le tintement métallique obsessionnel de la cloche, déjà présent dans le court prélude, par les morceaux d’ensemble concis, par les commentaires du chœur, par les toasts en forme de valse, par les duos spirituels. De fréquentes parodies burlesques se moquent à la fois de Rossini (« Assise au pied d’un mûrier ») et de Donizetti lui-même (le toast de Lucrezia Borgia, la chanson du gondolier de Marino Faliero).

En 1838, Donizetti s’installe à Paris : La Fille du régiment fait ses débuts à l’Opéra-Comique et La favorite à l’Opéra, toutes deux en 1840. En 1841, en seulement huit jours, le compositeur achève les 95 pages de la partition de Rita ou Le mari battu, une farce en un acte sur un livret de Gustave Vaëz, qui ne sera toutefois représentée qu’en 1860, à titre posthume, et qui, en Italie, sera mise en scène pour la première fois à Naples en 1876 avec un texte en italien adapté par Enrico Colosimo.
L’autre titre sous lequel l’œuvre est connue, Deux hommes et une femme, révèle l’essentiel de l’histoire et sa distribution réduite : soprano, ténor et baryton. Rita est la veuve d’un premier mari qui la battait. Après avoir perdu tous ses biens dans un incendie – et son mari en mer, croit-elle – elle s’est remariée avec le timide Pepé, qui est désormais victime des manières brutales de son épouse. Leur vie est bouleversée par l’arrivée de Gasparo, le premier mari de Rita, que l’on croyait mort et qui est revenu pour demander le certificat de décès de sa femme, également considérée comme décédée, afin de se remarier. Pepé est ravi de se débarrasser de sa femme, mais Gasparo propose de confier le sort de la femme au jeu de la mourre. Tous deux trichent en essayant de perdre, mais c’est finalement Gasparo qui remporte Rita, laquelle ne veut toutefois pas redevenir sa femme. Entre-temps, Pepé se rend compte qu’il aime sa femme, et Gasparo peut prendre congé du couple réconcilié.
Les huit numéros musicaux (trois airs, trois duos et deux trios) sont reliés par des dialogues parlés dans la tradition de l’opéra-comique. Totalement différent de la comédie traditionnelle napolitaine de Il campanello, il s’agit ici d’un divertissement à la française, pétillant et un peu cynique, où l’institution du mariage est tournée en dérision encore plus que dans l’autre farce.
La mise en scène de Stefania Bonfadelli unit les deux actes uniques : les situations sont en quelque sorte symétriques, les personnages de l’un se retrouvent dans l’autre. L’humour n’est pas obtenu par une caricature facile des personnages, mais par l’imbrication précise des situations dans le parallélisme des deux mariages. La scénographie fonctionnelle et visuellement remarquable de Serena Rocco juxtapose la pharmacie d’Annibale Pistacchio (Il campanello) à l’auberge trois étoiles de Séraphine (Deux hommes et une femme). Les costumes colorés des années 60 de Valeria Donata Bettella et les lumières de Fiammetta Baldiserri recréent un univers savoureusement caractérisé par le cinéma du boom italien, dans lequel les personnages et les choristes s’immergent avec amusement. Tous font preuve d’un jeu spontané et fluide, avec des gags et des répliques très drôles.
Les élèves de la Bottega Donizetti réussissent brillamment l’épreuve, incarnant les différents personnages avec saveur et verve vocale. Dans Il campanello, Letizia Tacchi incarne une Serafina à la voix fraîche et à la bonne projection, tandis que Rosa Eleonora de Prez est une Madama Rosa hilarante. Pierpaolo Martella est un peu trop jeune pour incarner Don Annibale Pistacchio, mais il se montre vocalement irréprochable, avec une grande attention portée aux mots et au rythme comique. Enrico, initialement confié à Naples aux talents brillants du baryton Giorgio Ronconi, trouve en Francesco Bossi un interprète valable grâce à sa polyvalence et son agilité vocale : il est présent dans quatre numéros sur cinq et doit varier continuellement son registre et sa couleur, mais il réussit l’exploit en faisant preuve d’une habileté remarquable. Le Spiridione de Giovanni Dragano est également très amusant.

Dans Deux hommes et une femme, Cristina De Carolis (Rita) et Cristóbal Campos Marín (Pepé) font également partie de la Bottega Donizetti : la première fait preuve d’une voix sûre et d’un grand tempérament dans la construction du personnage de l’épouse qui, après sa première expérience matrimoniale, est passée aux mesures fortes avec son conjoint ; le second fait entendre un timbre lumineux et des aigus bien projetés grâce auxquels il dépeint avec ironie, et une touche de mélancolie, son personnage de « deuxième » mari maltraité.
Alessandro Corbelli s’intègre naturellement dans cette distribution jeune grâce à sa ligne vocale impeccable, son attention magistrale aux mots, et l’humour malicieux avec lequel il construit le personnage du premier mari, désormais vêtu à la Davy Crockett et attendant de se remarier avec une Canadienne, ironiquement présente sur scène dans cette mise en scène. Le chœur de l’Accademia del Teatro alla Scala, dirigé par Salvo Sgrò, est précis et vivant.
À la tête de l’orchestre Gli Originali, qui joue sur des instruments d’époque et s’est beaucoup amélioré depuis la dernière fois, et avec la précieuse contribution du pianoforte d’Ugo Mathieux, Enrico Pagano parvient à donner des tonalités distinctes aux deux œuvres : la transparence et les dynamiques changeantes de Campanello, la richesse de timbres et de couleurs dans Deux hommes. Dans les deux cas, on admire le travail précis et la légèreté avec lesquels le jeune chef d’orchestre a abordé les deux partitions, en restituant toute leur beauté. Un travail de ciselage qui a enthousiasmé le public, qui l’a chaleureusement applaudi, de même que les interprètes vocaux et les créateurs de la mise en scène.

Per leggere questo articolo nella sua versione originale in italiano, cliccare sulla bandiera!

Les artistes

Il Campanello
Serafina : Lucrezia Tacchi*
Madama Rosa : Eleonora de Prez*
Don Annibale : Pistacchio Pierpaolo Martella*
Enrico : Francesco Bossi*
Spiridione : Giovanni Dragano

Deux Hommes et une femme
Rita : Cristina De Carolis
Pepé : Cristóbal Campos Marín*
Gasparo : Alessandro Corbelli 

*Étudiants de la Bottega Donizetti

Orchestre Gli Originali, dir. Enrico Pagano
Pianoforte : Ugo Mahieux
Accademia Teatro alla Scala Chorus, dir. Salvo Sgrò
Mise en scène : Stefania Bonfadelli
Décors: Serena Rocco
Costumes : Valeria Donata Bettella
Lumières : Fiammetta Baldiserri
Assistante aux décors : Marta Solari
Assistante aux lumières: Veronica Varesi Monti

Le programme

Il campanello

Farce en un acte de Gaetano Donizetti (paroles et musique), récitatifs de Salvadore Cammarano, créée (dans sa nouvelle version) au Teatro del Fondo de Naples le 23 mai 1837.

Deux Hommes et une femme

Opéra-comique un un acte de Gaetano Donizetti, livret de Gustave Vaëz, créé à l’Opéra-Comique le 7 mai 1860 (en tant que Rita, ou Le mari battu).

Bergame, Teatro Sociale, représentation du samedi 15 novembre 2025.

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Enrico PaganoCristina De CarolisAlessandro CorbelliStefania Bonfadelli
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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