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Madrid : La puissance musicale et vocale de l’Iris de Mascagni

par Hervé Casini 8 octobre 2025
par Hervé Casini 8 octobre 2025

© Javier del Real | Teatro Real

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Iris, Teatro Real de Madrid, samedi 4 octobre 2025

Iris, sans doute le plus grand chef-d’œuvre de Pietro Mascagni, s’insère magnifiquement dans la programmation d’ouverture de la nouvelle saison lyrique madrilène. Cette version de concert permet de se concentrer sur l’essentiel : l’une des plus belles partitions de l’Italie fin-de-siècle.

On a peu l’occasion, ces dernières années, d’entendre Iris, l’opéra floral et symboliste du compositeur de Cavalleria Rusticana : en ce qui nous concerne, c’était la deuxième fois, après une fort belle soirée – déjà en version de concert – donnée au festival de Radio France Montpellier, en 2016, dans laquelle le rôle-titre était confié à une très convaincante Sonya Yoncheva.

Programmé en 2021, l’ouvrage – avec déjà Ermonela Jaho – n’avait pu être donné en raison de la crise sanitaire et constituait la dernière œuvre à reprogrammer par le Teatro Real de Madrid, depuis la période du Covid.

Certes, l’impact artistique d’un tel opus, aux connotations poétiques allant jusqu’à faire paraître l’héroïne avec le Soleil levant régénérateur puis disparaître avec lui – lorsque l’aube chasse les miasmes toxiques des humains – aurait supporté une mise en scène et une scénographie… à condition que celles-ci soient respectueuses de cette esthétique fin-de-siècle (Stile liberty dirait les italiens !), éprise d’Orient et de symbolisme. Pourtant, la version de concert proposée à Madrid offre l’immense avantage d’entendre – et de voir ! – comme rarement, les sonorités sophistiquées et les alliages entre les pupitres d’un orchestre rutilant et d’un chœur à son zénith.

Constituée autour de son interprète principale, la soirée trouve en Ermonela Jaho, comme on pouvait s’en douter, une interprète de très haut niveau qui a le sens de l’expression dramatique à fleur de lèvres et de souffle !

Sans avoir une voix particulièrement large – le grave reste limité – la chanteuse d’origine albanaise fait partie de ces rares artistes lyriques qui, dès son air d’entrée « Ho fatto un triste sogno pauroso », dont les variations de registre sont ô combien périlleuses, nous fait ressentir les peurs et les rêves d’une enfant – encore plus jeune que Cio-Cio-San au premier acte de Madama Butterfly – confrontée aux épreuves de l’innocence outragée, de la salissure extrême – elle est tout de même recouverte de boue par son propre père, à la fin de l’acte II ! – de l’égoïsme de ses proches jusqu’à la rédemption finale. On est toutefois bien loin ici d’une héroïne de mélodrame et Ermonela Jaho ne s’y trompe jamais, laissant toujours entrevoir ces « émanations de l’âme » dont a si bien parlé Magda Olivero, illustre titulaire du rôle. Au moment où la malheureuse enfant s’interroge sur sa destinée brisée, à l’acte III, la succession de ses « Perchè ? » permet à la chanteuse de varier, pour chaque reprise, les couleurs vocales de ce déchirant passage. Attendu, comme il se doit, par le public des connaisseurs de l’œuvre mascagnienne, l’air dit de la pieuvre (« aria della piovra ») « Un dì, ero piccina » permet au chant d’Ermonela Jaho de ne faire qu’un avec un orchestre aux harmonies impressionnistes, à l’instabilité maîtrisée, évoquant le tumulte de la mer et l’image de la pieuvre enlaçant la jeune fille souriante puis mourante. Ici, images du texte de Luigi Illica – le librettiste – et images sonores mascagniennes se retrouvent unifiées dans le chant inspiré de son interprète : sans nul doute, un rôle à reprendre d’urgence et pourquoi pas dans une version scénique de qualité ?

De la tessiture d’Osaka, Gregory Kunde maîtrise de façon étonnante la ligne de chant assez haut placée et sait varier les couleurs d’un phrasé sachant ce que douceur et expression signifient. Ainsi, l’air « Apri la tua finestra » – le seul à être resté célèbre en dehors de l’ouvrage – n’est pas abordé comme une démonstration de moyens vocaux mais bien plutôt, avec grande élégance, comme un lied ! La vigueur « tenorile » est cependant bien présente, là où la partition l’exige, en particulier au final de l’acte II au moment où Osaka revoit Iris, exposée au balcon de la maison de plaisirs du Yoshiwara (« Iris ancor, ancor… ti voglio ! ») : nous retrouvons là le Gregory Kunde que nous aimons tant, celui aux accents d’Otello ! Une fois de plus, une prise de rôle qui fera date pour cet artiste décidément hors-normes !

Du personnage de Kyoto, le baryton argentin Germán Enrique Alcántara possède le brillant indispensable dans la projection et ce sens de la théâtralité qui transparaît même en version de concert, dans un rôle parmi les plus vils de tout le répertoire lyrique.

Avec le personnage de l’aveugle (Il Cieco), si on n’évite pas le côté mélodramatique grandiloquent – en particulier dans ses phrases de malédiction à l’encontre de sa fille, prononcées à la fin des actes I et II – il faut saluer la belle ligne de chant de la basse Jongmin Park dans un monologue « Questo dramma è menzogna…Vieni !… Dammi il braccio ! » de parfaite école.

La version de concert présentée nous aura, en outre, permis de davantage percevoir l’importance de rôles de composition tels que celui du chiffonnier, de Dhia et de la geisha intervenant à bouche fermée au début de l’acte II. Du premier, il faut saluer la très belle performance de Pablo García-López dans un rôle qui, quoique bref, permet à son interprète de chanter à découvert un éloge de la lune (acte III), aux difficultés réelles, dont le chanteur se tire avec les honneurs. De la seconde – à laquelle reviennent les deux emplois pré-cités – on est séduit par un chant doté d’une sensualité mystérieuse, offrant à Carmen Solís l’occasion de se distinguer et de s’offrir un véritable succès public !

Enfin, la performance du chœur et de l’orchestre du Teatro Real, qui s’imposait sur le papier comme une évidence, a dépassé, en cette soirée de Première, toutes nos espérances ! Ici, les deux formations madrilènes ne font plus qu’une et s’imbriquent, dès l’introduction, au lever du jour, en un « Hymne au Soleil » frappé du sceau de la puissance et de l’élévation sonore. Sous la houlette de José Luis Basso, désormais bien installé dans sa nouvelle direction – après celle, déjà glorieuse, du Chœur du San Carlo de Naples – l’ensemble de cette formation sait déployer, tant chez les hommes que chez les femmes, une énergie poétique bluffante qui, tant dans le moment initial déjà cité que dans d’autres passages tels que le chœur féminin des musmè ou le chœur du Yoshiwara, est au firmament : tout simplement électrisant[1] !

Nous retrouvions, enfin, avec grand plaisir la baguette de Daniele Callegari, dont Première Loge a souvent eu l’occasion de relever les qualités de maestro concertatore e di canto. Dès les premières phrases confiées aux contrebasses puis aux violoncelles, avant qu’il ne revienne aux violons d’en développer la thématique, on sait que l’on va passer une grande soirée orchestrale. Avec la direction de Callegari, on est immédiatement plongé dans un océan sonore tour à tour rutilant, soyeux, raffiné, attentif à mettre l’accent sur les diverses influences d’une partition qui s’étend du post-wagnérisme au symbolisme en passant par un impressionnisme mâtiné d’Orient… .

Dans ces quelque deux heures de bonheur musical, c’est sans doute la musique du ballet des geishas, à l’acte I, et bien évidemment la totalité de l’acte III, si exceptionnel d’innovations musicales, de chromatismes et de sonorités troublantes – jusqu’à celles de ce résonateur de porcelaine adjoint au chevalet du violon – qui demeurent encore dans notre oreille alors que nous écrivons ces lignes sur une soirée d’exception.

[1] Nous ne pouvons que souligner l’accueil d’exception qui nous a été réservé par Mme Graça Ramos, attachée de presse du Teatro Real, qui nous a permis d’assister à la répétition finale du chœur et a organisé pour la presse, le soir de la représentation à laquelle nous avons assisté, une visite d’exception de l’ensemble des infrastructures étonnantes du Teatro Real : un inoubliable moment !

Les artistes

Iris : Ermonela Jaho
L’aveugle : Jongmin Park
Osaka : Gregory Kunde
Kyoto : Germán Enrique Alcántara
Dhia /Geisha : Carmen Solís
Un chiffonnier / Un marchand : Pablo García-López
Des chiffonniers : Inigo Martin, David Romero
Orchestre du Teatro Real, dir. Daniele Callegari
Chœur du Teatro Real, dir. José Luis Basso

Le programme

Iris

Mélodrame en trois actes de Pietro Mascagni, livret de Luigi Illica, créé au Teatro Costanzi de Rome le 22 novembre 1898.
Madrid, Teatro real, concert du samedi 4 octobre 2025.

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Gregory KundeErmonela JahoDaniele CallegariJongmin ParkGermán Enrique AlcántaraCarmen Solís
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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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