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Œuvres

GRISELDIS OU LES CINQ SENS, Adam (1848) – dossier

par Stéphane Lelièvre 10 août 2025
par Stéphane Lelièvre 10 août 2025
Carlotta Grisi en Griseldis (Huit maquelttes de costumes par Paul Lormier, Gallica/BnF)
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 Ballet-pantomime en 3 actes et 5 tableaux d’Adolphe Adam, livret de Dumanoir et Joseph Mazilier, créé le 16 février 1848 au théâtre de l’Académie royale de musique.

LES AUTEURS

Le compositeur

Adam en 1840 par Nicolas Eustache Maurin

Adolphe Adam (1803-1835)

Né à Paris en 1803, Adolphe Adam est le fils d’un pianiste et compositeur, professeur de piano au conservatoire. Il se consacre très tôt à la musique : il entre à l’École royale de musique et de déclamation en 1817, puis au Conservatoire de Paris en 1820. Il devient l’élève de Boieldieu. Il fait représenter de nombreux opéras-comiques (Le Chalet, 1834 ; Le Postillon de Lonjumeau, 1836 ; Le Toréador ou l’Accord parfait, 1849 ; Si j’étais roi, 1852 ; Falstaff, 1856 ; Les Pantins de Violette, 1856) ainsi que plusieurs ballets : 

Giselle, 1841 ; Le Diable à quatre, 1845 ;  Griseldis ou Les Cinq sens , 1848 ; Le Corsaire, 1856.
Sa renommée franchit progressivement les frontières de la France : il se rend à Saint-Pétersbourg en 1839, où est alors représenté son ballet La Fille du Danube (1836). En 1844, il est nommé membre de l’Académie des beaux-arts en composition musicale. En 1847, il décide de créer le Théâtre-National, censé permettre aux jeunes compositeurs de monter les ouvrages qu’ils ne parviennent pas à faire jouer. Hélas, la Révolution de 1848 mettra un terme à ce projet et ruinera le compositeur, qui décide alors de faire paraître divers articles afin d’augmenter ses revenus. Deux volumes de critique musicale  paraîtront de manière posthume : Souvenirs d’un musicien, 1857 et Derniers souvenirs d’un musicien, 1859.
Adolphe Adam meurt à Paris en 1856.

Les librettistes

Dumanoir (1806-1865)

Né en Guadeloupe, Dumanoir se rend à Paris en 1816 : il est scolarisé au collège Bourbon (futur lycée Condorcet). Il se lance ensuite dans des études de droit, mais se consacre très tôt à l’écriture dramatique. Auteur d’une œuvre pléthorique, il écrira 194 pièces en quarante ans, dont le succès lui assurera de confortables revenus. Parmi ses oeuvres les plus connues (toutes deux adaptées au cinéma) : Don César de Bazan (1844) et La Maison sans enfant (1863). C’est de Don César de Bazan que s’inspireront les librettistes de Massenet pour leur opéra-comique homonyme (1872).
Dumanoir est également l’auteur des livrets de deux opéras-comiques (La Perruche de Clapisson, 1840 ; Les Chaises à porteurs de Massé, 1858) et d’un ballet (Griseldis ou Les Cinq Sens d’Adam, 1848).

Joseph Mazillier (1797-1868)

Si Joseph Mazillier participa ponctuellement à l’écriture du livret de Griseldis d’Adam (il est l’auteur des paroles de l’air chanté par l’héroïne), il est avant tout est danseur et maître de ballet réputé : il fut notamment premier danseur à l’Opéra de Paris en 1830, maître de ballet de l’Opéra de Paris de 1839 à 1851, maître de ballet à Saint-Pétersbourg de 1851 à 1852, maître de ballet de l’Opéra de Paris de 1852 à 1857, maître de ballet au Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles de 1866 à 1867. Il réalisa entres autres chorégraphies celles de Paquita (1846), Griseldis ou les Cinq Sens (1848), Le Corsaire (1856).

L'ŒUVRE

La création et la fortune de l'œuvre

Griseldis ou les Cinq Sens, Paris : Opéra Le Peletier, 16-2-1848, gravure de Deschamps d”après Beaucé.

Le ballet d’Adam fut créé avec succès à la veille de la Révolution, le 16 février 1848, avec une affiche prestigieuse : Carlotta Grisi dans le rôle-titre,  Joseph Mazilier en Wladislas, roi de Bohême et Lucien Petipa en Prince Elfrid. Le Charivari estime qu’il s’agit « un des plus attrayants ballets d’action que nous ayons encore vus à l’Opéra », et Le Constitutionnel écrit : « M. Adam a charmé les oreilles par une musique fine, spirituelle, bien faite ». 

Malheureusement, l’insurrection éclate six jours plus tard, mettant un terme aux représentations (quatorze spectacles seulement eurent lieu salle Le Peletier, première incluse).  

Carlotta Grisi en Giselle (1842)

Carlotta Grisi, créatrice de Giselle,  remporta un très grand succès en Griseldis. « Mlle Grisi a ravi les yeux des spectateurs par la légèreté, par la vigueur, par la rapidité, la perfection de sa danse » peut-on lire dans Le Constitutionnel au lendemain de la première. Si Carlotta n’avait pas le talent vocal de ses illustres cousines Giuditta et Giulia, elle savait cependant chanter : aussi lui confia-t-on la reprise de la ballade chantée par l’héroïne au dernier acte – ce qui permettra au critique de La Revue et Gazette musicale de Paris d’écrire, dans son compte rendu de la première, que Carlotta Grisi « chante très joliment pour une danseuse » ! Cette ballade était d’abord chantée en coulisses, à l’acte I, par la soprano Cécile d’Halbert avant sa reprise par la ballerine au dernier acte : 

« Tant que Griseldis chante sans être vue, c’est mademoiselle Dhalbert qui lui prête sa voix fraîche et pure. Lorsque enfin elle apparaît, c’est Carlolta Grisi, qui répète elle-même la phrase favorite d’une voix à laquelle la frayeur imprime ses vibrations. Dans le rôle de Griseldis, cette frayeur et cette émotion sont tout à fait de circonstance ». (Revue et Gazette musicale de Paris, 20 février 1848).
Voici les paroles de cette ballade :

Arrête , enfant , arrête !
Ne quitte pas ces lieux!
Je suis la voix secrète ,
La voix qui vient des cieux.

Grande voix des orages, 

Murmure des ruisseaux,

Des forêts cris sauvages,

Chants des petits oiseaux,

Musique terrible ou touchante, 

Sons funèbres ou doux,

Bruits de la terre, quand je chante,

Taisez-vous ! Taisez-vous !…

Le livret

L’intrigue

Au royaume de Bohême règne le roi Wladislas, dont le fils Elfrid reste fermé à tous les plaisirs des sens. Un ambassadeur moldave vient demander la main du Prince pour la princesse Griseldis de Moldavie. Elfrid ne manifeste aucune émotion à cette nouvelle, accueillie avec indifférence – d’autant qu’il a rêvé d’une femme dont il a fait son idéal, la « fiancée de ses rêves ».

Extrait du livret paru dans le Théâtre contemporain en 1858

La Princesse Griseldis se déguise alors en chevrière : à la place de la couronne d’or offerte à Elfrid par l’ambassadeur, elle dépose sa couronne de bleuets, avec son propre portrait en médaillon. Lorsqu’Elfrid découvre le médaillon, il y retrouve l’image de la femme dont il a rêvé, ce qui le conforte dans son refus d’épouser la princesse qu’on lui destine.
Son père lui ordonne cependant de se rendre dans les états de son futur beau-père. Elfrid effectue ce voyage, dont chaque étape lui permet d’éveiller l’un de ses cinq sens. Arrivé en Moldavie, il se rend au palais où il voit pour la première fois sa promise. Il découvre alors stupéfait que la chevrière n’est autre que la Princesse elle-même, qui « tend la main au jeune prince et lui montre son anneau de fiançailles »…

Illustration pour la publication du livret dans le Théâtre contemporain (1858)

La partition

Si la Revue et Gazette musicale de Paris (20 février 1848) n’évoque la partition  qu’en trois mots : une « musique très agréable » – sans même citer le nom d’Adam ! -, la presse loue généralement la musique du ballet : « M. Adolphe Adam enveloppe ce canevas de son suave réseau de mélodies » (Le Charivari) ; « M. Adam a charmé les oreilles par une musique fine, spirituelle, bien faite » (Le Constitutionnel).
La partition se singularise notamment par sa vivacité, son adéquation aux diverses situations dramatiques, mais aussi par l’emploi original d’un chœur et d’une soprano soliste, ainsi que par la présence de plusieurs solos conséquents pour la harpe et pour l’harmonium. 

NOTRE SÉLECTION POUR VOIR ET ÉCOUTER L'ŒUVRE

CD

Dario Salvi / Marija Jelic, Chœur Philharmonique de Sofia (chef des chœurs : Tsvetan Krumov), Orchestre Philharmonique de Sofia, 2 CD Naxos (2025, enregistré en février 2024)

 

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Orchestre Philharmonique de Sofia, dir. Dario Salvi

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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