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L’ERCOLE AMANTE de Cavalli : une brillante réussite pour le Festival Monteverdi de Crémone !

par Renato Verga 29 juin 2025
par Renato Verga 29 juin 2025

© Lorenzo Gorini

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L'ERCOLE AMANTE de Cavalli au Festival Monteverdi de Crémone

Une réussite parfaitement équilibrée entre interprétation musicale et lecture scénique. Une reprise s’impose !

Si Crémone a Monteverdi, Crema a Cavalli...

Trois siècles s’étaient écoulés entre le 7 février 1662 et le 17 février 1961 : la première date étant celle de la création à Paris et la seconde celle de la première reprise au Teatro La Fenice de Venise de L’Ercole amante, l’opéra commandé par Mazarin pour célébrer le mariage de Louis XIV, roi de France âgé de vingt-quatre ans, avec l’infante d’Espagne Marie-Thérèse de Habsbourg, en juin 1660. En raison de retards dans la reconstruction du théâtre où la première était prévue, détruit par un incendie l’année précédente, l’opéra de Cavalli (né à Crema, dans la province de Crémone, en Lombardie) ne put être représenté qu’en 1662, inaugurant la nouvelle et grandiose Salle des Machines érigée aux Tuileries. Le cardinal avait choisi le compositeur d’opéra le plus populaire de l’époque, et Cavalli lui-même dirigeait sa création avec la présence du roi sur scène en tant que danseur. Née pour une occasion aussi particulière, l’œuvre n’a jamais été reprise avant l’époque moderne.

Tirée de la mythologie et des Trachiniennes de Sophocle, l’histoire raconte les efforts peu héroïques d’Hercule pour tenter de séduire la belle Iole – fille d’Eurythos qui fut tué par Hercule  parce qu’il avait refusé de lui donner sa fille comme épouse – déchaînant, dans cet ordre : la jalousie de la femme légitime d’Hercule, Déjanire ; l’angoisse de son fils Hyllos, l’amant bien-aimé d’Iole ; la vengeance de l’esprit d’Eurythos ; l’intervention de Vénus pour défendre son amour ; celle de Junon, protectrice des unions matrimoniales. Et puis Neptune, Mercure et d’autres dieux, roturiers et confidents viennent encore compliquer l’histoire. Avec les interludes dansés composés par Isaac de Benserade et Jean-Baptiste Lully, le spectacle durait presque une journée – et à ce propos je demanderais à ceux qui pensent que l’opéra devrait être reconstitué avec les décors et les costumes d’origine comment ils aimeraient que l’opéra de Cavalli soit mis en scène aujourd’hui, devant un public qui n’est pas celui de la cour royale française du XVIIe siècle… Les goûts, la technologie et l’environnement social ont changé, l’histoire, équilibrée entre le sublime et le ridicule, continue de fonctionner aujourd’hui : l’amour toxique, la domination éternelle de l’homme sur la femme, la complexité des relations conjugales, sont quoi qu’il en soit des sujets toujours d’actualité.

Étrange sujet cependant que celui consistant à célébrer un mariage ! Le livret de Francesco Buti se moque à plusieurs reprises des liens conjugaux, mais le thème sous-jacent est l’invincibilité herculéenne du monarque français… Ici donc, dès le Prologue, l’intention festive de l’œuvre s’exprime clairement avec le chœur des fleuves qui loue la période de paix et les « hyménées bienheureuses | de Marie et Louis »… En fait, après diverses vicissitudes, Hercule est conduit au ciel comme époux de la Belle, laissant son fils Hyllos libre d’épouser Iole, et la « veuve » Déjanire inconsolable.

Andrea Bernard entre dans le petit nombre des metteurs en scène les plus stimulants du moment !

Andrea Bernard - © D.R.

Le jeune metteur en scène Andrea Bernard se change en organisateur de mariage minutieux dans sa lecture de l’œuvre de Cavalli. De fait, l’histoire se déroule dans le lieu où est prévu le mariage d’Hercule et de Déjanire. Les invités sont présents avec des verres de vin mousseux, les serveurs sont occupés, mais le marié est absent, épris d’une autre femme, et Déjanire n’a d’autre choix que de s’appuyer sur la déesse Junon, qui est clairement enceinte, pour défendre ses droits conjugaux. 

Sur le mur du fond de cette scène unique s’ouvre le proscenium d’un petit théâtre, d’où arrivent dieux et déesses pour plier les destinées humaines à leur volonté. Dans la scénographie d’Alberto Beltrame, la boiserie est parsemée de petites fenêtres pour laisser apparaître des têtes ou des objets, tandis que les tables et les chaises sont les seuls éléments mobiles sur scène. Le décor rappelle le film Melancholia de Lars von Trier et la robe de mariée blanche que Déjanire portera presque jusqu’à la fin est similaire. Avec les costumes splendides d’Elena Beccaro, modernes pour les humains et baroques pour les dieux, et l’éclairage soigné de Marco Alba, Bernard construit un spectacle techniquement parfait, ironique et visuellement délicieux, qui recrée l’esprit de l’opéra baroque en termes intelligemment modernes, avec un jeu fluide et efficace confié à des interprètes jeunes et vifs. Cette fois, les chorégraphies modernes de Giulia Tornarolli, interprétées ironiquement par les mimes/danseurs Andrea Carlotta Pelaia, Teodora Fornari et Vincenzo Giordano, sont agréables et jamais envahissantes. Après de nombreuses productions intéressantes, cette production permet à Andrea Bernard d’entrer dans le petit nombre des metteurs en scène les plus stimulants du moment.

Brillante exécution musicale

Compte tenu de coupures appropriées, le maestro crémonais Antonio Greco porte à environ trois heures un spectacle qui, dans l’enregistrement DVD de la production du Nederlandse Opera de 2010 (chef d’orchestre Ivor Bolton, metteur en scène David Alden), dépassait les quatre heures et vingt minutes de musique à lui seul. La somptuosité de l’instrumentation – les percussions très efficaces du cortège funèbre, les fanfares de cuivres placées au fond du parterre, l’orgue pour accompagner les ombres d’outre-tombe – constitue le point fort de la direction de Greco au clavecin et à la tête de l’orchestre du festival Cremona Antiqua, fort de ses 23 instrumentistes. Précise et attentive dans ses attaques et avec un rendu sonore brillant, elle suggère habilement la sensualité de la musique de l’élève de Monteverdi, son recitar cantando flexible, les lignes vocales aériennes, la variété des émotions dans la musique, la dynamique changeante et l’extraordinaire immédiateté théâtrale. Inoubliables sont les ensembles – duos, trios, quatuors… – dont cet opéra est pourvu avec une richesse inhabituelle, et que la mise en scène et le chef mettent ici magnifiquement en valeur.

Les jeunes interprètes se distinguent tant par leur chant que par leur présence scénique. Renato Dolcini est un Hercule solide avec une ligne vocale pleine d’assurance. La fragilité sous-jacente du héros invincible est mise en valeur par le phrasé expressif et élégant du baryton milanais, très à l’aise dans ce répertoire. La Déjanire de Shaked Bar chante la page la plus dramatique de l’opéra : la complainte de l’acte II, « Misera, ohimè, ch’ascolto […] Ahi ch’amarezza » est vécue avec une grande intensité par la chanteuse. Iole trouve dans la personnalité vive d’Hilary Aeschliman une caractérisation adéquate. Son amant Hyllos est quant à lui interprété avec une certaine timidité par Jorge Navarro Colorado. La Junon de Theodora Raftis est très bien caractérisée, tout comme le Neptune/Ombre d’Eurythos de Federico Domenico Eraldo Sacchi. Trois personnages reviennent à Paola Valentini Molinari : Vénus/La Belle/Cinzia, tous trois efficacement dépeints. Pasithea est Chiara Nicastro, Mercure Matteo Straffi et le Tibre Arrigo Liverani Minzoni.

Les personnages qui font tout pour ne pas être considérés comme secondaires – et qui y parviennent ! – sont le Licco du contre-ténor turinois Danilo Pastore, ici une élégante dame des années 1930 en travesti, et le Page de Maximiliano Danta, le contre-ténor uruguayen qui s’est distingué au dernier Concours Cesti. Ce sont deux chanteurs à suivre de près pour leur personnalité. Les Trois Grâces Benedetta Zanotto, Giorgia Sorichetti et Isabella Di Pietro complètent cette distribution typique des œuvres de Cavalli. Souvent présent et vivant, le chœur du festival apporte sa précieuse contribution au dénouement triomphal de la soirée.

Seulement deux représentations, mais qui sait… Peut-être qu’un directeur artistique avisé permettra à un public plus large de profiter d’une telle beauté, permettant ainsi de lutter contre le caractère désuet des programmations de certains théâtres italiens.

Per leggere la versione originale in italiano di questo articolo, cliccare sulla bandiera!

Les artistes

Ercole : Renato Dolcini
Venere/Bellezza/Cinzia :  Paola Valentina Molinari
Iole : Hilary Aeschliman
Giunone :  Theodora Raftis
Hyllo :  Jorge Navarro Colorado
Deianira : Shaked Bar
Nettuno/Ombra di Eutyro : Federico Domenico Eraldo Sacchi
Pasithea : Chiara Nicastro
Licco : Danilo Pastore
Paggio : Maximiliano Danta
Mercurio : Matteo Straffi
Tevere : Arrigo Liverani Minzoni
Tre grazie : Benedetta Zanotto, Giorgia Sorichetti, Isabella Di Pietro

Orchestra e Coro Monteverdi Festival Cremona Antiqua, dir. Antonio Greco

Mise en scène : Andrea Bernard
Décors : Alberto Beltrame
Costumes : Elena Beccaro
Lumières : Marco Alba
Chorégraphie : Giulia Tornarolli

Le programme

Ercole amante

Tragédie en un prologue et cinq actes de Francesco Cavalli, livret de Francesco Buti, créée au Théâtre des Tuileries (Paris) le 7 février 1662.
Édition critique d’Álvaro Torrente, Bärenreiter-Verlag

Festival Monteverdi de Crémone, Théâtre Ponchielli. Représentation du 27 juin 2025.

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Renato DolciniHilary AeschlimanShaked BarAntonio GrecoAndrea Bernard
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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