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Gala Belle Époque au TCE : un voyage nostalgique illuminé par deux virtuoses, Marie-Nicole Lemieux et Mélanie Laurent

par Ivar kjellberg 29 juin 2024
par Ivar kjellberg 29 juin 2024
Musée Carnavalet
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1,6K

Avec cette coproduction de l'orchestre de chambre de Paris et du Palazzetto Bru Zane est mise à l'honneur, ce soir, une des périodes des plus prolifiques et inspirées de la musique classique française, enchâssée ici au TCE dans une appellation qui résonne toujours dans l’imaginaire collectif : La Belle Époque.

Les œuvres et extraits présentés ce soir, courant de 1870 à 1913, se répondent et se font écho, dans une mouvance naviguant encore dans le romantisme mais aussi le symbolisme et parfois dans un registre quasi sacré.

Fabien Gabel - © Stéphane Bourgeois
Marie-Nicole Lemieux - © Manuel Cohen

Avant toute chose, Marie-Nicole Lemieux rentre en scène avec Fabien Gabel, et prend la parole au micro pour expliquer que le Gala va commencer avec un hommage à Jodie Devos, avec une interprétation d’ »Urlicht« , extrait de la Symphonie n°2 de Mahler, suivi d’un deuxième hommage de la part de l’Orchestre de chambre de Paris sur la Pavane de Gabriel Fauré. Marie-Nicole Lemieux y met toute sa sensibilité, et la simplicité de l’accompagnement au seul piano ajoute encore en émotion à ce rendu impeccable et vibrant, surtout lors de la dernière strophe : « Der liebe Gott wird mir ein Lichtchen geben, / Wird leuchten mir bis in das ewig selig Leben! » (« Le Dieu bien-aimé me donnera une petite lumière, / Qui m’éclairera jusqu’à la bienheureuse vie éternelle ! ») La montée suivie d’une légère descente sur l’émouvant « …Leben » rend bien toute l’émotion perceptible par le public à la pensée de la chanteuse disparue – cette parenthèse rappelant combien la mort foudroyante de la jeune cantatrice nous ramène tous, artistes et admirateurs à notre condition de simples humains, au-delà du lien fort qui nous unit à travers la musique.

D’une atmosphère de recueillement, on passe à une nuit bienfaitrice et sereine avec une version orchestrale du Claire de Lune de Debussy. On retrouve alors le parti pris de Fabien Gabel de laisser l’espace nécessaire à l’orchestre pour briller, grâce aux nuances et au soin apporté aux couleurs, où chaque motif vient mettre en valeur ses interprètes. Dans le premier moment, on se prendra à prêter une attention particulière aux vents, particulièrement mis en avant, dans une œuvre qui privilégie la création d’une atmosphère plutôt que la virtuosité.

Le talent théâtral de Marie-Nicole Lemieux, de retour sur scène, fait merveille, entre déclamations et chant, avec les Expressions lyriques de Massenet. Dans cette pièce crépusculaire achevée un an avant la mort du compositeur, l’alternance parole-chant vient mettre l’accent sur des vers où transparaît la nostalgie d’un amour impossible alors que se profile la mort. La chanteuse québécoise y insère toute l’emphase nécessaire pour donner le ton juste à cette pièce étrange, alternant sursauts de vitalité et mélancolie, avec de surcroît un très beau dialogue entre cor et harpe.

La harpe est justement à l’honneur ce soir grâce aux Danses sacrées et profane de Debussy et au talent de virtuose de Mélanie Laurent. Les danses viennent typiquement représenter ces mélodies Art nouveau, toutes en courbes et arabesques chères au compositeur. 

Mélanie Laurent © D.R.

Le finale de la valse de la Danse profane intervient comme un point d’exclamation à cette partition dont on a souvent l’impression qu’elle ne va nulle part, jusqu’au moment où l’orchestre reprend le dessus, redonnant tout son sens à la mélodie et aux suites d’arpèges dont on pensait qu’elles étaient presque lancées au hasard. Le doigté précis et virevoltant de la harpiste donne tout son piquant aux deux morceaux, et lui permet de gagner le cœur du public qui l’ovationne.
Juste avant ces danses, l’Orchestre fait s’envoler la mélopée arabisante de l’Orientale de Fernand de La Tombelle. Ce morceau, qui figure aussi sur le disque Nuits de Véronique Gens dans une orchestration légèrement différente, n’en finit pas de fasciner son public, avec sa mélodie simple et répétitive mais enveloppante, agrémentée de crescendos élégants et d’harmonies s’imbriquant délicatement dans des arabesques grandissantes laissant une belle mise en avant des vents, notamment des flûtes.

Deux œuvres peu connues : La « Danse sacrée » de la compositrice Mel Bonis, connue aussi sous sa version piano seul, et la « Fantasietta » de Théodore Dubois où, dans sa division en quatre parties, on assiste à un dialogue léger entre violons d’un côté et trompette, cor et flûte de l’autre.

Le dernier sommeil de la Vierge de Massenet vient établir une transition idéale : cette fois-ci les violons ont, à leur tour, l’occasion de briller et de donner un sentiment de plénitude à cette œuvre se voulant sacrée mais dont on garde surtout une impression de drame sous-jacent.

Enfin, clou de la soirée, les Mélodies persanes de Saint-Saëns, dont Marie-Nicole Lemieux a justement gravé un enregistrement récent. Si la chanteuse fait preuve de beaucoup de fantaisie et d’entrain sur « La brise » et « La solitaire » où son sens du phrasé fait des merveilles, on ressort envoûté des airs centraux « La splendeur vide » et « Au cimetière ». Avant le premier, Marie-Nicole Lemieux s’accorde une légère pause… puis l’on retrouve dans son chant le sens aigu du texte qui la caractérise tant, cette ampleur dans la voix qui invite, avec elle, le spectateur dans ce palais imaginaire, où la voix tient des notes effilées mais ne perdant jamais en rondeur ; pendant le second air, le spectateur accompagne la chanteuse dans cette balade au cimetière sur un rythme évoquant une procession : la chaleur du timbre vient y compenser l’amertume du poème.

Ce 11e festival Palazzetto Bru Zane Paris a fait le choix d’une programmation mêlant classique et audace, avec des valeurs sûres comme le Clair de lune ou Les mélodies persanes, mêlées avec le courant orientaliste propre à l’époque, et des œuvres très peu connues, comme cette surprenante Fantasietta, tout en mettant en lumière deux solistes de grand talent : Mélanie Laurent et Marie-Nicole Lemieux, laissant au public l’envie d’aller applaudir l’une et l’autre à nouveau. Fabien Gabel et l’orchestre de chambre de Paris ont pu briller au même titre, grâce à une direction pleine de nuances… et aussi raffinée que notre Belle Epoque.

Les artistes

Orchestre de chambre de Paris

Fabien Gabel | direction

Marie-Nicole Lemieux | contralto

Mélanie Laurent | harpe

Le programme

Debussy Suite bergamasque « Clair de lune »
Massenet Expressions lyriques
La Tombelle Orientale
Debussy Danse sacrée et Danse profane
Bonis Danse sacrée
Dubois Fantasietta
Massenet La Vierge
Saint-Saëns Mélodies persanes

Représentation du 26 juin 2024 au Théâtre des Champs-Elysées

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Marie-Nicole LemieuxOrchestre de chambre de ParisFabien Gabelmélanie laurent
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Ivar kjellberg

Habitué de longue date du TCE et pianiste amateur, Ivar Kjellberg est venu à l'art lyrique grâce à ses parents, qui faisaient sonner Wagner dans tout l'immeuble pour l'amuser. Grand fan des interprètes des années 70 et de l'opéra allemand, Ivar peut écouter en boucle les disques d'Edda Moser et d'Hermann Prey avant d'enchaîner... sur un bon Offenbach !

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