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Elle aurait 100 ans aujourd’hui : VICTORIA DE LOS ANGELES

par Stéphane Lelièvre 1 novembre 2023
par Stéphane Lelièvre 1 novembre 2023
Photo : pochette de l'intégrale de "La bohème" (EMI), capture d'écran YouTube
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VICTORIA DE LOS ANGELES (1923-2005)

Un timbre doux, pulpeux, fruité, une sincérité dans l’interprétation, une grâce souriante dans la voix qui donnent raison à ce que semble annoncer son joli nom : la « victoire des anges »… Rien ne prédisposait a priori Victoria de los Angeles au chant : née à Barcelone le 1er novembre 1923, elle est issue d’un milieu modeste (son père est concierge à l’Université de cette même ville). Mais elle manifeste vite un goût et des capacités exceptionnels pour la musique : inscrite au conservatoire, elle finira ses études en 3 ans au lieu des 6 habituellement requis !

À 24 ans, sa victoire au Concours international de Genève (elle y chanta Fidelio) lance sa carrière qui sera presque immédiatement internationale : dès 1949, elle est Marguerite de Faust à l’Opéra de Paris; et en 1950, le Covent Garden de Londres l’invite pour Mimi (elle recevra une standing ovation de 11 minutes à la fin de la première représentation !) puis Rosine. Trois rôles qui feront l’objet d’intégrales discographiques très célèbres : Victoria de los Angeles aura même l’honneur de graver Faust deux fois (sous la direction d’André Cluytens, avec pour partenaires Nicolaï Gedda et Boris Christoff), afin de pouvoir léguer son interprétation dans une version stéréo – comme ce fut le cas pour les Norma ou Tosca de Callas. L’intégrale de La bohème (1956), sous la direction de Thomas Beecham et avec le Rodolfo de Jussi Björling, est considérée comme l’une des meilleures de la discographie. Si son Barbier de Séville (direction Tullio Serafin, 1952) est un peu moins célèbre, Victoria de los Angeles n’en campe pas moins une Rosine espiègle et pleine de fraîcheur, avec un timbre plus rond et plus corsé que ceux des sopranos légers que l’on distribuait alors souvent dans ce rôle (elle gravera de nouveau Rosine dix ans plus tard sous la direction de Vittorio Gui).

Au nombre des grands rôles que Victoria de los Angeles intègre progressivement à son répertoire – et qu’elle chantera sur les plus grandes scènes du monde, de la Scala au Teatro Colon de Buenos Aires, de Covent Garden au Metropolitan Opera ou au Festival de Salzbourg, il faut compter Violetta, Cio-Cio-San, Suor Angelica, Donna Anna, Micaëla – et même Carmen tardivement… -, mais aussi, dans le répertoire allemand, Agathe du Freischütz, Ariane d’Ariane à Naxos, Elsa de Lohengrin ou Elisabeth de Tannhäuser, chantée à Bayreuth au début des années 60 avec quels partenaires ! (Bumbry, Windgassen, Fischer-Dieskau).

Retrouvons-la ci-dessous dans deux de ses grands rôles : Mimi et Violetta, ainsi que dans deux raretés:  une Carmen version scénique captée en 1978 (rareté absolue !) et un lied de Schubert : « An die Musik« .

La bohème : "Si... Mi chiamano Mimi" (1960)
La traviata : "Parigi, o cara" (avec Carlo del Monte, 1960)
Carmen : "Près des remparts de Séville", "Les tringles des sistres tintaient" (1978)
Schubert : "An die Musik" (piano : Gerald Moore, 1957)

À la toute fin des années 70, elle grave une superbe Angelica dans l’Orlando furioso de Vivaldi dirigé par Claudio Scimone (1977), puis fait ses adieux à l’opéra avec le rôle de Mélisande, chanté à Madrid. 
Mais elle ne peut vivre sans chanter et continue à se produire en concert. Je l’ai pour ma part entendue dans un récital donné dans la petite cour Saint-Louis à Orange dans le cadre des Chorégies en 1987. Elle y chantait un superbe programme (Les Gedichte der Königin Maria Stuart de Schumann, des lieder de Schubert, des mélodies de Fauré, des mélodies espagnoles… et un extrait de Carmen donné en bis !), et j’avais alors été stupéfait de retrouver les couleurs, la pulpe, l’émotion d’une voix qui avait préservé l’essentiel de ses qualités – du moins dans le registre médian, désormais privilégié par la chanteuse – sans parler d’une fraîcheur, d’un enthousiasme, d’un bonheur tout simple d’être là et de chanter demeurés intacts chez une interprète alors âgée d’une soixantaine d’années…

Victoria de los Angeles  chantera encore lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Barcelone de 1992, puis fera définitivement ses adieux au public en 1998. Elle s’éteindra sans sa ville natale le 15 janvier 2005.

Pour retrouver Victoria de los Angeles au disque :

  • Les inconditionnels tenteront de mettre la main sur le coffret de vinyles Les introuvables de Victoria de los Angeles, comportant un numéro de l’Avant-Scène Opéra consacré à la chanteuse. Pour entendre Victoria de los Angeles interpréter la musique de son pays, procurez-vous le coffret de 4 CD paru chez EMI : Chants d’Espagne. Enfin, on regrette que le vinyle dans lequel la chanteuse interprète avec Dietrich Fischer Diskau des duos de Purcell, Bach, Beethoven, Schubert ou Berlioz (1961) ne soit pas disponible en CD… sauf à se procurer le coffret Warner de 59 CDS, qui regroupe les enregistrements réalisés par la chanteuse pour EMI, et sur lequel se précipiteront les aficionados !
  • Parmi les nombreux albums réédités en CD, les Airs d’opéras parus dans la collection « Références » d’EMI méritent particulièrement votre attention : Victoria de los Angeles y délivre de superbes interprétations d’Ernani, Otello, La Bohème, Mefistofele, la Cenerentola, Cavalleria rusticana, La Wally, Le nozze di Figaro, Tannhäuser, Lohengrin, Manon et Faust, gravées dans ses meilleures années. Indispensable !
  • Hors du domaine de l’opéra (mélodie, musique sacrée) :
  • Et nous vous proposons ci-dessous une sélection parmi les nombreuses intégrales célèbres gravées par la chanteuse :
Bizet, Carmen (1960)
Gounod, Faust (1953 et 1959)
Offenbach, Les Contes d'Hoffmann (1964)
Puccini, La bohème (1958)
Puccini, Madama Butterfly (1960)
Puccini, Il trittico (1958-1959)
Rossini, Il barbiere di Siviglia (1952)
Verdi, Simon Boccanegra (1958)
Verdi, La traviata (1960)
Wagner, Tannhäuser (1960)
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Victoria de los Angeles
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

2 commentaires

Sinniger Nicolas 2 novembre 2023 - 19 h 45 min

Très bel article où je retrouve tout ce que j’aime chez cette admirable cantatrice que j’ai eu l’immense bonheur d’entendre et de voir en concert dans les années quatre-vingt. A noter, pour compléter le volet discographique de ce texte, la sortie chez Warner d’un coffret de 59 disques regroupant la quasi totalité de ses enregistrements chez EMI de 1948 à 1977.

Répondre
Stéphane Lelièvre 3 novembre 2023 - 2 h 03 min

Merci beaucoup pour votre message cher Nicolas. J’ajoute le coffret Warner à la discographie !

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