À la une
Aux confins du sublime et de l’abject : le « Requiem...
Vienne : une production de PELLÉAS ET MÉLISANDE magnifiée par la...
LE VAISSEAU FANTÔME ou la rédemption par Asmik…
FLORA MIRABILIS : passionnante redécouverte à l’Opéra national  de Grèce
Les brèves de novembre –
À Bordeaux, le Purcell de Niquet… pas seulement pour les...
La magie invaincue d’Alcina à l’Opéra de Montpellier
La traviata conclut le « fil noir » de la trilogie de...
La traviata conclude il fil noir della trilogia piacentina
Vanessa de Barber à Lisbonne : saudade américaine
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Vu pour vous

La Romance de Paris

par Marc Dumont 10 mars 2022
par Marc Dumont 10 mars 2022
2 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
2,1K

Au coeur du quartier de La Nouvelle Athènes, où rodent encore les ombres de Liszt, de Chopin ou Georges Sand et bien d’autres romantiques, un concert intime proposait mardi dernier un programme aussi original que passionnant.

Qui connait Sophie Gail, Martin Pierre D’Alvimare, Antoine Romagnesi ou Victor Dourlen ? Reflets d’un temps et d’un certain gout d’une époque, leurs romances sont touchantes, expressives, toujours chantantes, particulièrement lorsqu’elles sont interprétées par Claire Lefilliâtre dont la diction, le timbre et la présence nous rendent ces musiques simples si proches et émouvantes.

L’originalité de ce concert de salon était multiple, autour de tant de découvertes.
Avant tout, il y avait le choix d’un instrument magique, ce piano carré Erard de 1806, magnifiquement retravaillé et restauré sur deux années par le facteur Christopher Clarke. Il permet des nuances, des couleurs, un sfumato que les deux interprètes, tour à tour, surent si bien mettre en valeur, avec ses quatre pédales permettant un jeu de luth ou de fagott (basson), ses résonances boisées et un toucher qui semblait particulièrement inspirer les pianistes au jeu tour à tour brillant ou subtil. La fluidité du clavier leur permettait des nuances ineffables dans les passages virtuoses comme dans les romances rêveuses.

Il y avait ensuite le choix d’un programme varié. On y entendait des œuvres pour piano seul de Jean-Louis Adam (1758-1848), François-Adrien Boieldieu (1775-1834), Hyacinthe Jadin (1776-1800) ou Hélène de Montgeroult (1764-1836) – dans le moment le plus faible du concert en raison du peu d’intérêt de la partition, mais 8 mars oblige, la compositrice devait se faufiler dans ce programme…

Ces sonates alternaient avec des partitions pour pianoforte et flûte romantique du frère Jadin, Louis-Emmanuel (1768-1853). Sa sonate op13 n°3 ouvrait le concert avec un premier mouvement bien faible dans un improbable dialogue des deux instruments, mais son Nocturne donnait une autre profondeur et permettait à Nicolas Bouils de nous régaler d’une sonorité et d’une virtuosité douce. Un ressenti à nouveau partagé par l’andante de la sonate K 377 de Mozart arrangée pour flûte et piano par Luca Montebugnoli lui-même.

Bien sûr, le cœur d’un programme riche et très fourni tournait autour des romances, ce genre qui imprégnait toutes les autres compositions instrumentales entendues. Là résidait sans doute le plus intéressant du programme, par ces découvertes de pièces superbes, éclairage vocal nouveau porté sur une période musicale encore à défricher. « Mon cœur soupire » de D’Alvimare (1772-1839) donnait immédiatement le ton, romantique en diable, alors que « L’orage » d’Hortense de Beauharnais[1] (1783-1837) nous entrainait vers des sommets de musique descriptive que le piano de Stéphane Fuget enflammait.

De gauche à droite : Stéphane Fuget, Claire Lefiliâtre, Luca Montebugnoli, Nicolas Bouils et, assise, Madame la Maire du 9e arrondissement, Delphine Bürkli.

On n’entend jamais ce répertoire et c’est plus que dommage. Chaque romance est une saynète, un monde dramatique (la bouleversante « Mort de Werther » de L.E. Jadin) ou poétique (« N’est-ce pas d’elle ? » de l’oubliée Sophie Gail, 1775-1819), héroïque (l’inénarrable « Bayard mourant » de Méhul, 1763-1817) voire même jouant sur le second degré avec un humour pastiche (« Le spectre de la tour » de Dourlen, 1780-1864) A chaque fois, Claire Lefilliâtre brossait une atmosphère sensible, avec sa voix envoutante, aux riches harmoniques. Elle aime ce répertoire, le ressuscite, le fait vivre et vibrer.

En bis, Claire Lefilliâtre incitait le public à chanter avec elle le célébrissime « Plaisir d’amour » de Martini (1784 !), accompagnée par un quatre mains et la flûte. Ce moment de partage reflétait toute la réussite de cette soirée : au diapason de l’intime. À quand un enregistrement de ces petits joyaux oubliés mais désormais accessibles grâce à l’initiative de La Nouvelle Athènes[2] ?

———————————————-

[1] Concernant les romances d’Hortense de Beauharnais, voir : https://imslp.org/wiki/12_Romances_dedicated_to_Stéphanie_de_Beauharnais_(Beauharnais,_Hortense_de)

[2] Pour en savoir plus sur La Nouvelle Athènes : www.lanouvelleathenes.net

Les artistes

Claire Lefilliâtre, soprano
Nicolas Bouils, flûte romantique
Stéphane Fuget et Luca Montebugnoli, piano carré Erard 1806

Le programme

Romances de Sophie Gail, Martin Pierre D’Alvimare, Antoine Romagnesi, Etienne-Nicolas Mehul, Victor Dourlen. Sonates de Jean-Louis Adam, François-Adrien Boieldieu, Hyacinthe et Louis-Emmanuel Jadin, François Devienne et Hélène de Montgeroult.

Mairie du 9e arrondissement – Mardi 8 mars 2022
Concert présenté par La Nouvelle Athènes (Centre de pianos romantiques)

image_printImprimer
2 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
Marc Dumont

Passionné par l’Histoire et la Musique, Marc Dumont a présenté des centaines de concerts et animé de multiples émissions à Radio France de 1985 à 2014. Il se consacre à des conférences et animations, rédige actuellement un livre où Musiques et Histoire se croisent sans cesse, et propose des « Invitations aux Voyages », qui sont des rencontres autour de deux invités, en vidéo.

2 commentaires

GARCIN 10 mars 2022 - 15 h 55 min

Excellent compte rendu d’un concert original et de très haute tenue. Merci à Sylvie Brely qui l’a organisé.

Répondre
Brely 10 mars 2022 - 16 h 10 min

Merci Marc pour ce compte rendu enthousiaste à l exception de notre Hélène de Montgeroult…

Répondre

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
La voix humaine/Point d’orgue, doublé intense et intime à Saint-Etienne
prochain post
Così Fan Tutte au Théâtre des Champs-Élysées – C’est Mozart qu’on enregistre !

Vous allez aussi aimer...

Aux confins du sublime et de l’abject :...

7 novembre 2025

Vienne : une production de PELLÉAS ET MÉLISANDE magnifiée...

6 novembre 2025

LE VAISSEAU FANTÔME ou la rédemption par Asmik…

6 novembre 2025

FLORA MIRABILIS : passionnante redécouverte à l’Opéra national  de...

6 novembre 2025

Les brèves de novembre –

6 novembre 2025

À Bordeaux, le Purcell de Niquet… pas seulement...

6 novembre 2025

La magie invaincue d’Alcina à l’Opéra de Montpellier

5 novembre 2025

La traviata conclut le « fil noir » de la...

5 novembre 2025

La traviata conclude il fil noir della trilogia...

5 novembre 2025

Vanessa de Barber à Lisbonne : saudade américaine

4 novembre 2025

En bref

  • Les brèves d’octobre –

    27 octobre 2025
  • Les brèves de septembre –

    29 septembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Renza dans La traviata conclude il fil noir della trilogia piacentina
  • Sabine Teulon Lardic dans Rigoletto trionfa a Piacenza e dà inizio a una trilogia popolare fedele all’originaria partitura
  • Renza dans Trovatore strepitoso a Piacenza, con una prodigiosa Teresa Romano come Azucena
  • Luciano barilli dans Rigoletto triomphe à Plaisance et donne le coup d’envoi d’une trilogie populaire fidèle à la partition originale
  • Renza dans Rigoletto triomphe à Plaisance et donne le coup d’envoi d’une trilogie populaire fidèle à la partition originale

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Aux confins du sublime et de...

7 novembre 2025

Vienne : une production de PELLÉAS ET...

6 novembre 2025

LE VAISSEAU FANTÔME ou la rédemption...

6 novembre 2025