Opéra en trois actes de Spyros Samaras, livret de Ferdinando Fontana, créé le 16 mai 1886 au Teatro Carcano de Milan.
Opéra national de Grèce, 27 septembre 2025
Les auteurs
Le compositeur
Spyridon-Filiskos Samaras (1861 – 1917)
Spýros Samáras est né à Corfou le 17 novembre 1861. D’abord formé au conservatoire d’Athènes, il se rend en France en 1882, où il étudie au Conservatoire de Paris avec Jules Massenet, Léo Delibes et Charles Gounod. En 1885, il part pour l’Italie, où il devient rapidement une figure majeure de l’art lyrique. Il fait représenter Flora mirabilis à Milan au Teatro Carcano en 1886 (l’œuvre est reprise l’année suivante à la Scala avec Emma Calvé), Medgè en 1888 au Teatro Costanzi de Rome (toujours avec Emma Calvé), La Martire en 1894 à Naples, Storia d’amore o La biondinetta en 1903 à Milan, Mademoiselle de Belle-Isle en 1905 à Gênes, ou encore Rhéa en1908 à Florence.
Ses œuvres sont rapidement montées sur les principales scènes européennes : Paris, Monte-Carlo, Cologne, Berlin, Vienne, Malte, Bucarest, Athènes,…
Il compose également l’hymne olympique qui lui assurera une grande notoriété. L’hymne est interprété pour la première fois lors des Jeux de la première Olympiade à Athènes en 1896.
Spýros Samáras rentre en Grèce en 1911 : il espère (en vain) être nommé directeur du Conservatoire d’Athènes. Il compose alors divers opérettes mais aussi un dernier opéra, Tigra, demeuré inachevé. Il meurt à Athènes le 25 mars 1917 à l’âge de 55 ans.
Le librettiste
Ferdinando Fontana (1850-1919)
Ferdinando Fontana naît à Milan en 1850 dans une famille où l’art occupe une place essentielle (son père et son frère sont artistes peintres). Il commence sa carrière comme copiste au Corriere di Milano, avant se tourner vers le journalisme et la littérature. Il publie des ouvrages ressortissant à des genres on ne peut plus variés (articles, guides de voyages, poèmes,…), avec une prédilection pour les livrets d’opéras : il en écrivit plus d’une quarantaine, le plus souvent pour des musiciens aujourd’hui plus ou moins oubliés. Il est surtout resté célèbre pour avoir écrit les livrets des deux premiers opéras de Puccini (Le Villi et Edgar), pour avoir adapté La Haine (Odio) de Victorien Sardou (Ponchielli, après Offenbach, aurait dû en composer la musique), et pour avoir traduit plusieurs livrets d’opérettes viennoises (La Veuve joyeuse, Le Comte de Luxembourg,…).
Socialiste passionné, il prend part aux manifestations milanaises contre la cherté de la vie en 1898. Devant la répression sanglante qui s’ensuit, il fuit en Suisse où il s’éteint près de Lugano en 1919.
L'œuvre
La création
Flora mirabilis est créée le 16 mai 1886 au Teatro Carcano de Milan avec, dans les rôles principaux, Osvaldo Bottero (basse, Il Principe Cristiano d’Orèbro), Ernestina Bendazzi-Secchi (soprano, Lidia), Alfonso Garulli (ténor, Valdo).
C’est un grand succès, qui vaudra à l’oeuvre d’être reprise l’année suivante à la Scala de Milan avec Emma Calvé dans le rôle principal.
L’opéra fut ensuite repris dans plusieurs opéras italiens, à Cologne, Vienne, Corfou puis Athènes (en 1889), à l’occasion du mariage du prince héritier Constantin.
Livret et partition
Flora mirabilis (la Fleur merveilleuse) est sous-titrée « légende musicale en trois actes ». Le livret italien a été écrit par Ferdinando Fontana, auteur, entre autres, des livrets d’Edgar et des Villi. Comme pour ces deux opéras de Puccini, le livret de Flora mirabilis s’inspire de légendes médiévales d’Europe du Nord, pour lesquelles Fontana avait de toute évidence un goût particulier… L’intrigue, allégorique, se déroule dans la Suède médiévale. Il s’agit de la première collaboration de Samaras avec le librettiste italien, qui écrira également par la suite, pour le musicien grec, les livrets des opéras Medgè (1888) et Lionella (1891).
Bien que d’origine grecque et formé en France, les œuvres lyriques de Samaras et tout particulièrement la partition de Flora mirabilis s’inscrivent dans l’esprit et l’esthétique propres aux compositeurs italiens de la fin du XIXe siècle : Puccini, Mascagni ou Leoncavallo. La musique du compositeur corfiote est réputée pour son inspiration mélodique, son langage harmonique imaginatif, sa connaissance de la voix, son grand sens dramatique. Dans Flora mirabilis, danses folkloriques, chœurs et pages orchestrales contribuent à dessiner le cadre géographique dans lequel prend corps l’action. La page la plus célèbre de l’ouvrage, « La Danse des fleurs », a acquis une certaine notoriété : elle fut interprétée lors d’un concert dirigé par Samaras pour les Jeux olympiques de 1896 à Athènes, puis reprise en 2011 par la Société philharmonique de Corfou à l’occasion des commémorations du 150e anniversaire de la naissance du musicien.
Malheureusement, la partition de Flora mirabilis fut détruite en 1943, lors du bombardement de Milan par les forces alliées. Seule subsista l’édition de la réduction pour voix et piano, à partir de laquelle une nouvelle orchestration fut créée pour la reprise de l’œuvre par l’Opéra national de Grèce en avril 1979. Cependant, une partie importante du matériel musical orchestral original a récemment été redécouverte dans les archives musicales de la Compagnie philharmonique « Mantzaros » de Corfou. Ce nouveau matériel, ainsi que l’arrangement original de deux extraits de danse conservé à la Bibliothèque musicale de l’Opéra national de Grèce, ont été examinés par Yannis Samprovalakis, musicologue et professeur associé à l’Université ionienne. Samprovalakis a complété et restauré l’orchestration originale de l’opéra, et a également assuré la réédition de la partition. Ainsi, en septembre 2025, l’Opéra national de Grèce peut proposer à ses spectateurs de redécouvrir l’opéra de Samaras dans sa version « restaurée ».
Pour écouter l'œuvre
LP et CD
Dimitriadis / d’Orebro, Gavakou, Kouloubis, Stefanou. Greek national Opera, 1979. 2CDs (Disponible sur https://www.premiereopera.net/)
Extraits en streaming
La "Danse des fleurs" par l'Orchestre Philharmonique de Mantzaros
Zachos Terzakis, air de Valdo: "O sole della vita"(répétition au piano avec Nikos Kyriosoglou, Athènes, Mai 2011)
Les artistes du concert de l'Opéra national de Grèce
Le chef d'orchestre
Konstantinos TERZAKIS
Nommé chef assistant de l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham pour la saison 2022/23 et lauréat du Prix de l’Orchestre lors du 16e Concours de direction d’orchestre Mitropoulos, Konstantinos Terzakis vit au Royaume-Uni depuis 2019. Il s’est forgé une solide réputation dans les répertoires symphonique et lyrique, notamment dans la musique contemporaine.
Ces dernières saisons, il a fait ses débuts avec l’Ensemble Ergon et le Festival d’Épidaure d’Athènes, en collaboration avec l’Union des compositeurs grecs et l’Opéra national de Grèce.
En 2023-2024, il se produit à l’Opéra national de Grèce dans Coppélia de Delibes et la suite de Carmen (Shchedrin). Il dirige La Cenerentola au Théâtre Olympia et rejoint le Birmingham Contemporary Music Group et l’Orchestre symphonique de la ville d’Athènes.
Avec l’Ergon Ensemble il crée des œuvres contemporaines de compositeurs chypriotes, et dirige à l’Opéra National Grec Flora mirabilis et La bohème, ainsi que Fidelio au théâtre Olympia.
Les chanteurs
Yanni YANNISSIS, baryton-basse (Il Principe Cristiano d’Orèbro)
Né à Athènes, Yanni Yannissis se forme au Conservatoire d’e cette ville puis poursuit ses études à la Juilliard School de New York. Il fait ses débuts en 1989 à l’Odéon d’Hérode Atticus dans le rôle de Lord Guglielmo Cecil (Maria Stuarda), puis se produit sur les plus grandes scènes lyriques : le Metropolitan Opera de New York dans le rôle de Jake Wallace (La fanciulla del West), Cirillo (Fedora) ; la Monnaie de Bruxelles dans le rôle de Cesare Angelotti (Tosca) ; San Diego, États-Unis dans le rôle de Colline (La bohème) ; le Scottish Opera dans le rôle de Leporello (Don Giovanni), …. Il se produit fréquemment au GNO (dans Tosca, Andrea Chénier, Carmen, Don Giovanni, Fedora, La Flûte enchantée, Anna Bolena, Il trovatore, Peter Grimes,…) et a réalisé plusieurs enregistrements. Entre 2008 et 2010, il a également été directeur artistique de l’Opéra de Thessalonique, où il a chanté le rôle éponyme de Don Giovanni.
Vassiliki KARAYANNI, soprano (Lidia)
La soprano grecque Vassiliki Karayanni se produit fréquemment dans des productions du GNO, ainsi que dans les salles de concert d’Athènes et de Thessalonique. À l’étranger, elle a été invitée par le Royal Opera House (Covent Garden, Londres), La Scala (Milan), la Komische Oper de Berlin, la Deutsche Oper am Rhein (Düsseldorf), le Teatro Nacional de São Carlos, le Teatro del Maggio Musicale Fiorentino, le Queen Elizabeth Hall, le Carnegie Hall, le Teatro Carlo Felice (Gênes, Italie),…
Son répertoire comprend notamment les rôles suivants : la Reine de la nuit (Die Zauberflöte), Lucia (Lucia di Lammermoor), Violetta (La traviata), Amina (La sonnambula), Rosina (Il barbiere di Siviglia), Norina (Don Pasquale), Olympia (Les Contes d’Hoffmann), Gilda (Rigoletto), Zerbinetta (Ariadne auf Naxos), Zerlina (Don Giovanni). Elle a enregistré Il marito disperato de Cimarosa et Il barbiere di Siviglia de Paisiello.
Yannis CHRISTOPOULOS, ténor (Valdo)
Le ténor grec Yannis Christopoulos est né à Athènes. Après avoir étudié la musique byzantine et le chant classique, il poursuit ses études musicales en Italie (Crémone). Il est fréquemment invité par l’Opéra national de Grèce, ainsi que les salles de concert d’Athènes et de Thessalonique. En Europe, il s’est produit au Maggio Musicale de Florence ou à l’Auditorium national de musique (Madrid). Aux États-Unis, il a chanté au Carnegie Hall de New York).
Il a participé à divers enregistrements discographiques (Le Retour d’Hélène de Thanos Mikroutsikos, Le Satyricon de Dimitris Papademetriou, Le Docteur Miracle de Bizet, etc.) Depuis 2011, il est membre permanent des solistes de l’Opéra national grec.