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LIVRE – Jules Massenet de Jean-Christophe Branger – le grand nerveux et sa scandaleuse musiquette

par Laurent Bury 1 avril 2024
par Laurent Bury 1 avril 2024
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Qui n’a pas sa Cendrillon ? Depuis une dizaine d’années, il ne se passe plus une saison sans qu’un nouveau théâtre inscrive à son répertoire la Cendrillon de Massenet (ce sera en avril le tour de l’Opéra de Lausanne), à tel point que l’auteur de Manon et de Werther est en passe de devenir aussi « l’auteur de Cendrillon ». Et comme l’Opéra de Paris a eu la bonne idée de programmer en mai une nouvelle production de Don Quichotte confiée à Damiano Michieletto, Massenet pourrait bien redevenir enfin l’homme de plus que deux titres. D’autant que l’Opéra de Reims vient de remonter L’Adorable Bel-Boul, opérette de jeunesse longtemps crue perdue, et que le Palazzetto Bru Zane a révélé l’admirable Ariane grâce à un enregistrement dûment salué par la critique (après avoir ressuscité Le Mage et en attendant une très prometteuse Grisélidis à paraître).

Il est donc permis de considérer que la réputation posthume de Massenet ne se porte pas trop mal, et qu’il était grand temps, même en l’absence de tout anniversaire à célébrer, que la fameuse collection de biographies chez Fayard ouvre ses portes au Stéphanois. Pour avoir beaucoup écrit sur lui et pour avoir encadré différents colloques et ouvrages collectifs, Jean-Christophe Branger est sans doute aujourd’hui l’un des musicologues qui connaissent le mieux Massenet, et le millier de pages qu’il a rédigé pour Fayard le montre de manière éclatante. De la vie privée du compositeur, il est assez peu question dans ce volume, essentiellement parce que le principal intéressé fut toujours très discret, sa seule toquade attestée – et toute platonique – fut la passion que lui inspira Lucy Arbell dans les dernières années de sa vie. Quant à sa personnalité, Massenet lui-même ne cachait pas combien il était sensible, nerveux, prompt à s’inquiéter ou à craindre le pire. L’homme suscita les réactions les plus contradictoires, aimé et respecté par ses élèves admiratifs, détesté et jugé hypocrite par ses adversaires.

Car l’un des grands mérites de cet ouvrage est de rappeler combien, en son temps, Massenet divisa l’opinion, son succès même ayant inévitablement suscité des jalousies. D’abord perçu comme symphoniste (il semble que cette facette soit aujourd’hui bien négligée, les programmateurs de concert ayant oublié les nombreuses suites pour orchestre qu’il composa tout au long de sa carrière), puis comme spécialiste de l’oratorio, c’est seulement ensuite qu’il sut s’imposer sur les scènes lyriques, au point de les monopoliser, selon ses détracteurs. Trop wagnérien ou pas assez, trop en rupture avec la tradition ou trop conforme aux modèles en vigueur, Massenet s’attira tous les reproches et toutes les inimitiés, mais sut toujours conserver la faveur du public même lorsqu’il déconcertait la critique par son apparente absence de modernité autant que par son renouvellement des formes. Il fit aussi scandale dans certains milieux, par la sensualité de sa musique, surtout lorsqu’elle s’associait à des thématiques religieuses. Le compositeur sut toujours défendre ses intérêts pour s’imposer au mieux : alors qu’il composait le ballet du Roi de Lahore, il prévoyait qu’il faudrait pour le danser « des femmes nues, vraiment nues » ; plusieurs décennies après, il ne lui déplut pas que sa Thérèse soit créée le même soir que L’Heure espagnole. Et si ses ennemis avaient la dent dure – Leconte de Lisle, très contrarié qu’on impose une musique de scène à sa pièce Les Erynnies, déclarait : « Sans Massenet et sa musiquette, ma satisfaction serait complète », mais d’autres n’hésitaient à recourir à toutes sortes d’insultes abjectes – le compositeur n’était pas dénué d’un humour assez rosse. Apprenant l’incendie de la salle Le Peletier en 1873, il confia à Vincent d’Indy : « j’espère au moins que la partition de Mermet [l’opéra Jeanne d’Arc] n’aura pas échappé au désastre »…

Jean-Christophe Branger, Jules Massenet, 1.080 pages, Fayard, 2024

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Laurent Bury

Une fois hors d'un charnier natal assez septentrional, Laurent Bury a longtemps habité sous les vastes portiques du 123, rue Saint-Jacques, du 45, rue d'Ulm et du 1, rue Victor Cousin (et même ensuite du 86, rue Pasteur, 60007). Longtemps, il s'est couché de bonne heure aussitôt après les spectacles que, de 2011 à 2020, il allait voir pour un autre site opératique. Papillon inconstant, farfallone amoroso, il vole désormais entre divers sites, et a même parfois l'honneur de prêter sa plume aux volumes de L'Avant-Scène Opéra.

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