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CD – Un vague extrêmement précis : le songe d’une nuit d’été, un 8 août 1985

par Ivar kjellberg 6 septembre 2025
par Ivar kjellberg 6 septembre 2025
CC BY-SA 4.0
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Les artistes

Delphine Seyrig et Sami Frey, récitants
Carlos d’Alessio, piano.

Le programme

Un vague extrêmement précis

Œuvre de Carlos d’Alessio pour piano, 2 récitants et bande magnétique sur des textes de Marguerite Duras.

1 CD INA (1997) – Enregistré le 8 août 1985 à 21h30, création mondiale diffusée après remontage le 14 août sur France Culture.

Si l’opéra tend à élever la voix humaine jusqu’à ses extrémités en terme de puissance ou d’expressivité, la voix parlée peut-elle avoir le même impact ? Un simple chuchotement peut-il avoir la même puissance que le contre-fa de la Reine de la nuit ?

La fameuse citation de Debussy comme quoi la musique « commence là où la parole est impuissante à s’exprimer » revient à l’esprit à la lecture de certains livrets d’opéra, parfois d’une pauvreté rythmique ou poétique, où il est clair que si ce n’était pour la musique, jamais ces textes ne seraient passés à la postérité. Des rimes pauvres émaillent les plus célèbres opéra bel cantistes, où la richesse et l’inventivité musicales font oublier un texte parfois mièvre ou sans relief. Que serait le fameux « Ah non credea mirarti.… » sans cette ligne de souffle merveilleusement tenue sur un fil ? Que deviendrait le livret d’Emmanuel Schikaneder pour La Flûte enchantée sans le génie de Mozart donnant ses couleurs à une histoire sans queue ni tête ?

Un soupir peut-il dépasser un cri ?…

Une tentative de réponse émerge a posteriori, d’une performance unique réunissant un couple d’acteurs culte du théâtre au XXe siècle, des textes de Marguerite Duras et la musique de son compositeur fétiche Carlos d’Alessio. Tous présents un jour d’été au Festival de la Roque d’Anthéron.

Pour paraphraser Yehudi Menuhin « La musicalité n’est pas seulement dans l’exactitude des notes, mais dans le souffle, le phrasé, l’intention qui relie chaque son au suivant. » Phrase s’appliquant aussi bien aux instruments qu’à la voix, chantée ou parlée. Si les spectacles de lecture musicale gardent tout leur succès encore aujourd’hui, c’est parce qu’à chaque représentation, un acteur va donner vie à un texte grâce à son seul talent vocal. La voix, cet outil qui nous rapproche le plus les uns des autres, parfois presque identiques mais toujours différents, imprime à chacun – et a fortiori à chaque chanteur – sa personnalité et son identité, comme

Ainsi en ce début du mois d’août 85, le Festival de la roque d’Anthéron, encore tout récent, passe commande à un pianiste et compositeur pas si classique : Carlos d’Alessio. Pianiste brésilien, après avoir voyagé dans toute l’Europe, il se fixe à Paris où, de sa rencontre avec Copi et le groupe TSE, émerge la musique du spectacle « Luxe » parodiant le music-hall. Marguerite Duras, admirative, en fait son compositeur attitré. Alessio écrit donc la musique d’ India Song mais aussi de Vera Baxter du Navire Night et d’autres encore… Musique familière mais s’échappant toujours car rappelant d’autres morceaux, elle demeure insaisissable. Ce qui explique aussi comment le Festival de la Roque d’Anthéron a pu être intéressé par cet homme au parcours atypique mais à l’univers durassien fascinant, et sa volonté de faire intervenir sur sa musique des bruits de la nature environnante, et deux acteurs de théâtre, familiers de Duras : Delphine Seyrig et Sami Frey.

Refusée au Théâtre National Populaire car jugée « trop particulière », précieuse et fabriquée, la voix de Delphine Seyrig, son élocution un peu lente mélangeant un accent suisse et les séquelles d’une maladie pulmonaire, l’a toujours démarquée des autres actrices. C’est ce côté insaisissable qui a donné à Delphine Seyrig toute la marge nécessaire pour se laisser porter par les textes de Duras.

Sami Frey, plusieurs fois partenaire de Delphine Seyrig sur scène – ils avaient triomphé dans La bête dans la jungle d’Henry James, revu par Duras – constitue le contrepoint masculin idéal pour l’auteure, avec une voix faussement tranquille, à la douceur purement superficielle dont les accents de dureté viennent comme des éclats trancher sur les accords rassurants d’Alessio.

Pour les deux comédiens, la voix se promène sur les mots en donnant à chacun une note distinctive, à laquelle le texte va apporter la tonalité. Lors du spectacle donné à la Roque d’Anthéron, comme lors de la lecture une partition, le ton est parfois tendre, parfois nostalgique, parfois inattendu, neutre ou dur, et la voix de Seyrig et de Frey répond à ses injonctions. La corrélation avec la musique d’Alessio n’est jamais fusionnelle : tels des instruments, les voix lui répondent, s’accordent avec elle, et rentrent parfois en confrontation. Chaque intonation se fait sur une note, en parallèle de la partition comme si elle la commentait plutôt que de l’illustrer. Plutôt que du parlé-chanté (le fameux Sprechgesang), on s’approche d’un parler musical voisin d’un parlando qui n’imite pas la parole mais utilise l’accroche musicale inhérente à la voix, pour insuffler une modulation mélodique au texte, le musicien venant donner la direction souhaitée. Ainsi, sur des bruits enregistrés en pleine nature, le piano apporte en ce concert de plein air des rêveries contradictoires tour à tour sombres mais de voix claire « On entend des bruits d’eau… » ou « Où est-ce ? », érotiques mais de voix détachée « Elle lui dit… » « Je pourrai me tromper… », mondaines mais nostalgiques « J’entends que la femme… » « La soupe au poireau », voir fantasmagoriques « La monitrice » et « Comme il est tôt ». Des atmosphères aux reflets aquatiques, orageux, ou paisibles de par la bande magnétique en fond sonore.

Sans doute le clou de cette soirée, pour l’auteur, demeure-t-il cet extrait de L’après-midi de Monsieur Andesmas où le bruitage d’une cigale est venu réveiller celles proches du public lors de l’enregistrement ; et sur une mélodie de fausse chanson populaire, le trio « chante » la nostalgie de l’amour et le déclin de l’été, faisant alterner silences, arpèges et refrain, le tout en parfait accord avec le moment présent. Un moment de calme et de charme absolu.

Un vague extrêmement précis : "Quand les lilas... " (Delphine Seyrig)

Que nous reste-t-il de cette soirée ? Une performance hybride entre lecture musicale, récital, et concert. Presque une bande-sonore illustrant le passage éphémère de l’été, telle une allégorie changeant de forme à chaque morceau, et où la puissance évocatrice de l’ensemble est aussi forte que l’émotion procurée par l’Opéra.

Un enregistrement est disponible sur Youtube et édité par l’INA dans la collection Mémoires Vives, qui a heureusement gardé la trace de cette unique soirée, dans la lumière basculante du jour et baignant dans l’atmosphère particulière quelque part parmi les platanes centenaires du parc de Florans.

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Ivar kjellberg

Habitué de longue date du TCE et pianiste amateur, Ivar Kjellberg est venu à l'art lyrique grâce à ses parents, qui faisaient sonner Wagner dans tout l'immeuble pour l'amuser. Grand fan des interprètes des années 70 et de l'opéra allemand, Ivar peut écouter en boucle les disques d'Edda Moser et d'Hermann Prey avant d'enchaîner... sur un bon Offenbach !

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