À la une
Le cycle FOLIES PARISIENNES du Palazzetto Bru Zane
Se préparer à FAUST, Opéra Royal de Wallonie-Liège, 12-20 septembre...
CD – The World Feels Dusty, récital de Sarah Connolly...
Les brèves de septembre –
JULIE, Boesmans (2005) – dossier
OPERAFEST 2025 – LISBONNE & OEIRAS : Amours interdites !
CD – Erin Morley-Lawrence Brownlee : GOLDEN AGE, un parcours idéal sur...
Les festivals de l’été – Lisbonne – JULIE de Boesmans : cauchemar...
CD – Un chaînon manquant : Hortense, compositrice de son...
In memoriam : CHRISTOPH VON DOHNÁNYI (1929-2025)
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

CDMédiathèque

CD – POLYDORE de Stuck – Tout près de Rameau

par Laurent Bury 28 avril 2023
par Laurent Bury 28 avril 2023
0 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
1,5K
Les artistes
Vénus, Déidamie : Judith Van Wanroij
Ilione : Hélène Guilmette
Polydore : Tassis Christoyannis
Polymnestor : Thomas Dolié,
Un Triton, Timanthe, Sthénélus, un Thrace, un Grec : Cyrille Dubois
Neptune, le Grand Prêtre de l’Hymen, l’Ombre de Déiphile : David Witczak
Thétis, une Matelote, Théano : Chloé Briot
 
Purcell Choir, Orfeo Orchestra, dir. György Vashegyi
Le programme

Polydore

Tragédie en musique en un prologue et cinq actes de Jean-Baptiste Stuck, livret de Simon-Joseph Pellegrin, créé à l’Académie royale de musique, le 15 février 1720.

3 CD Glossa, enregistrement réalisé à Budapest en septembre 2022.

Une admirable partition, servie au mieux par le Purcell Choir, l’Orfeo Orchestra (dirigés par György Vashegyi) – et une superbe distribution !

Jusqu’ici, pour le mélomane, le nom de Stuck n’évoquait guère qu’une cantate jadis enregistrée par Jennifer Smith et Thierry Félix avec Marc Minkowski, Héraclite et Démocrite, qui n’était pas la plus intéressante d’un programme où elle était associée à des œuvres de Clérambault et Collin de Blamont. Près de trente ans après la sortie de ce disque-là, on pouvait donc se demander à quoi ressemblerait Polydore, coffret de trois CD qui constitue, sauf erreur, la toute première intégrale d’un opéra de Stuck.

Il n’est peut-être pas inutile de préciser que, comme son nom ne l’indique pas du tout, ce Jean-Baptiste Stuck (1680-1755) était italien, natif de Livourne, et que c’est en arrivant en France, peut-être vers 1705, que Giovanni Battista devint Jean-Baptiste. Grand producteur de cantates françaises et italiennes, jouissant à partir de 1715 de la protection du Régent, il réussit à faire jouer trois tragédies lyriques à l’Académie royale de musique entre 1709 et 1720. Après l’échec en 1725 d’une quatrième, Orion, restée à l’état de projet, il reviendra à son premier métier de violoncelliste. Polydore semble être son meilleur opéra, qui fut repris en 1739 avec quelques remaniements.

De trois ans l’aîné de Rameau, Stuck compose une musique qui, à nos oreilles, n’est pas sans évoquer celle du Dijonnais : Polydore fut créé treize ans avant Hippolyte et Aricie, et il n’est pas question de prétendre que Stuck soit un génie au même titre que le père de Castor et Pollux, mais son opéra n’en est pas moins d’excellente facture et nous rappelle que Rameau n’est pas apparu dans un désert sonore. Polydore présente aussi l’avantage d’avoir un bon livret, de ce même Pellegrin auquel on doit aussi le texte du premier opéra de Rameau, livret que l’abbé tira lui-même d’une pièce qu’il avait précédemment écrite pour le théâtre : autrement dit, une tragédie conçue sur un modèle encore racinien, mais enrichie des divertissements indispensables sur la scène de l’Académie royale de musique. Le meilleur de deux mondes, en quelque sorte, qui offre à Stuck l’occasion d’écrire des récitatifs et des ariosos lourds d’émotions, et de proposer de riches scènes avec chœur et ballets. On est frappé par certaines audaces, par la grande beauté de certains airs, et enfin par la sécheresse stupéfiante de la fin du drame, achevé sur les seuls mots du roi Polymnestor qui se suicide, sans déploration générale, sans même aucune formule musicale conclusive.

Cette admirable partition, le CMBV a tout fait pour qu’elle soit parfaitement servie, en la confiant au chœur et à l’orchestre de György Vashegyi, qui dirige cette musique avec autant d’amour que de science. On connaît tout l’art que manifeste Tassis Christoyannis dans ce répertoire ; dans le rôle-titre, ce n’est pourtant pas un père noble qu’il incarne cette fois, mais un fils, le jeune amoureux de la princesse Déidamie, et il se montre tout aussi convaincant malgré ce radical changement d’emploi. Selon le nœud central de l’intrigue, Polydore, fils de Priam, croit être Déiphile, fils du roi de Thrace Polymnestor : avec ce dernier personnage, Thomas Dolié trouve lui aussi un rôle différent des « méchants » auxquels il est habitué. En père aimant qui découvre finalement la trahison dont il a été victime, son ultime monologue lui permet de déployer toute une palette d’affects. Cyrille Dubois, pour une fois, n’est pas le héros, mais collectionne cinq rôles secondaires (il en enchaîne trois rien qu’au premier acte), où il profite brillamment des airs virtuoses que lui confient les divertissements. Dans une tessiture plus grave, David Witczak interprète avec bonheur lui aussi trois de ces figures annexes. Dans les deux grands rôles féminins s’opposent deux sopranos idéalement taillées pour cette musique. Judith van Wanroij montre ici de quoi elle est capable dans un vrai rôle dramatique plutôt que dans un personnage léger, avec une diction et un investissement théâtral totalement irréprochables. Face à cette belle Déidamie, une voix que l’on n’a pas encore l’habitude d’associer aux productions du CMBV, mais que l’on espère retrouver souvent dans cette musique : Hélène Guilmette, Ilione qui, malgré sa jeunesse – bien que mariée à Polymnestor, elle est en fait la sœur de Polydore –, n’en est pas moins impressionnante en reine de Thrace, Stuck lui prêtant des accents pleins de grandeur tragique.

image_printImprimer
0 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
Laurent Bury

Une fois hors d'un charnier natal assez septentrional, Laurent Bury a longtemps habité sous les vastes portiques du 123, rue Saint-Jacques, du 45, rue d'Ulm et du 1, rue Victor Cousin (et même ensuite du 86, rue Pasteur, 60007). Longtemps, il s'est couché de bonne heure aussitôt après les spectacles que, de 2011 à 2020, il allait voir pour un autre site opératique. Papillon inconstant, farfallone amoroso, il vole désormais entre divers sites, et a même parfois l'honneur de prêter sa plume aux volumes de L'Avant-Scène Opéra.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
REQUIEM de Verdi à la Philharmonie : un orchestre et des chœurs au sommet !
prochain post
ROME – Académie nationale de Sainte Cécile
TONY ET ASMIK : L’ÉTAT DE GRÂCE

Vous allez aussi aimer...

CD – The World Feels Dusty, récital de...

12 septembre 2025

CD – Erin Morley-Lawrence Brownlee : GOLDEN AGE, un parcours...

9 septembre 2025

CD – Un chaînon manquant : Hortense, compositrice...

8 septembre 2025

CD – Georges Bizet, Les mélodies

7 septembre 2025

CD – Un vague extrêmement précis : le songe...

6 septembre 2025

Livre – Jérôme Pesqué : Villes lyriques – L’Opéra...

5 septembre 2025

CD – Kévin Amiel :  BACKSTAGE, premier essai discographique de...

5 septembre 2025

Livre – Hugues R. Gall – Mélanges

4 septembre 2025

CD – TOSCA : premier enregistrement opératique de...

3 septembre 2025

CD – Les Italiens à la cour de...

13 août 2025

Annonces

OPERAFEST LISBOA & OEIRAS 2025

En bref

  • Les brèves de septembre –

    12 septembre 2025
  • La vidéo du mois – TERESA BERGANZA chante Gluck

    7 septembre 2025

Humeurs

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito

  • Édito de septembre –
    L’opéra aujourd’hui : marcher – et chanter – sur des œufs !

    2 septembre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Stéphane Lelièvre dans LA RONDINE, Puccini (1917) – dossier
  • Panossian dans Les festivals de l’été –
    TRISTAN ET ISOLDE à Bayreuth : une mise en scène figée dans la mort
  • Wim Nikolas Wiemert dans LES ITALIENS À PARIS (9) : Donizetti, Les Martyrs (1840)
  • Stéphane Lelièvre dans In memoriam : Bob Wilson (1941-2025)
  • Repetto Robert dans LA RONDINE, Puccini (1917) – dossier

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

CD – The World Feels Dusty,...

12 septembre 2025

CD – Erin Morley-Lawrence Brownlee : GOLDEN AGE,...

9 septembre 2025

CD – Un chaînon manquant :...

8 septembre 2025