CD – Rossini & Donizetti : French Bel Canto Arias par Lisette Oropesa

Les artistes

Lisette Oropesa, Soprano

Solistes du chœur :
Kristina Fuchs, Mezzo-Soprano 
Frank Blümel, Ténor 
Juan Carlos Navarro, Ténor 
Zhi Yi, Ténor
Meinhardt Möbius, Basse
Alexander Födisch, Basse

Dresdner Philharmonie (violoncelle solo :  Ulf Prelle), Sächsischer Staatsopernchor Dresden, dir. Corrado Rovaris

Le programme

Rossini & Donizetti : French Bel Canto Arias

Extraits du Siège de Corinthe, Guillaume Tell, Le Comte Ory, Les Martyrs, Lucie de Lammermoor, La Fille du régiment.

1 CD Pentatone (65:13′), 2022. Enregistré en avril 2021 au  Kulturpalast Dresden.

Après la relative déception de sa Traviata, récemment chroniquée dans nos colonnes, nous sommes heureux de pouvoir dire ici tout le bien que nous pensons de l’art de Lisette Oropesa à l’occasion de ce CD : Rossini & Donizetti : French Bel Canto Arias.

Si la soprano affronte dans ce récital la version française de Lucia et La Fille du régiment, elle n’est pas pour autant un simple soprano léger colorature. Certes l’aigu et le suraigu sont faciles, et la virtuosité au rendez-vous (on a peut-être déjà entendu vocalises plus précises et plus éblouissantes dans la cabalette d’Adèle ; en revanche, celles – redoutables – du premier air de Pamyra sont impressionnantes !) ; mais le médium et le grave sont eux aussi très assurés, et la chanteuse fait montre d’une autorité dans l’accent qui lui permet de donner corps aux personnages interprétés, et de respecter la noblesse de ton de certains récitatifs, parfois encore empreints d’un certains classicisme (tel celui du dernier air de Pamyra : « L’heure fatale approche »). On retrouve avec plaisir la musicalité sans faille de la chanteuse, une ligne de chant soignée mais jamais purement hédoniste, une émotion discrète affleurant constamment au détour des notes… mais aussi des mots, car la diction est excellente, la pyrotechnie ne conduisant jamais Lisette Oropesa à sacrifier la clarté du texte. Enfin et peut-être surtout, nous ne pouvons que nous réjouir de l’intelligence et de la grande cohérence d’un programme qui aurait pu illustrer les premiers épisodes de notre feuilleton « Les Italiens à Paris » ! Les extraits du Comte  Ory, de La Fille du régiment ou de Guillaume Tell n’apportent peut-être pas grand chose à notre connaissance de ce répertoire (on est content cependant de constater qu’après avoir été confié à des sopranos telles Teresa Zylis-Gara, Eva Marton, Nancy Gustafson  ou Malin Byström, le rôle de Mathilde soit désormais systématiquement rendu à des voix plus légères et d’école belcantiste) ; mais quel bonheur de réentendre, après les versions déjà anciennes laissées par Dessay et Ciofi, la cavatine de Lucie (« Que n’avons-nous des ailes », nouvel avatar d’un air de Rosmonda d’lnghilterra : « Perche non ho del vento »), le « Mais après un long orage » du Siège de Corinthe (version remaniée et « sopranisée » du « E d’un trono alla speranza » de Calbo dans Maometto secondo), la sublime cantilène de Pamyra « Juste Ciel, ah ! ta clémence est ma seule espérance »), ou encore le rarissime « Qu’ici ta main glacée » de Pauline (Les Martyrs).

Ajoutons pour finir que l’orchestre et les chœurs, sous la direction d’un Corrado Rovaris respectant parfaitement l’esprit et le style des œuvres, apportent à ce projet une contribution extrêmement soignée.

Qu’un soprano américain enregistre ce programme fort intelligemment conçu avec un orchestre et des chœurs allemands sous la baguette d’un chef italien dit assez l’incompréhensible mépris dans lequel est tenu ce répertoire en France… Sachons leur gré de nous offrir ces pépites belcantistes franco-italiennes, servies avec talent et probité !

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Pour en savoir plus sur les œuvres interprétées dans ce CD, consultez notre feuilleton Les Italiens à Paris : Le Siège de Corinthe, Guillaume Tell, Le Comte Ory, Les Martyrs, Lucie de Lammermoor, La Fille du Régiment.