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Édito de février –
Culture, éducation, enseignement : les indissociables maillons d’une même chaîne

par Stéphane Lelièvre 5 février 2024
par Stéphane Lelièvre 5 février 2024
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La nomination de Rachida Dati au ministère de la culture en a surpris plus d’un : cinquième « ministre de la culture » d’Emmanuel Macron (en sept ans de présidence), les uns ont salué le caractère emblématique de cette nomination (une femme dont la famille est d’origine marocaine chargée de défendre la culture dans notre pays, voilà un beau symbole) ; d’autres se sont étonnés, Rachida Dati n’ayant que très exceptionnellement pris la parole sur les questions d’ordre culturel dans le cadre des différentes fonctions qu’elle a occupées (voyez à ce sujet l’éditorial de nos confrères de Télérama). Parmi les toutes premières déclarations de Rachida Dati en tant que ministre de la Culture, on relève sa volonté de rendre la culture accessible au plus grand nombre, mais aussi de la décentraliser. Intentions louables (même si, somme toute, assez attendues). Qu’il nous soit pourtant permis de douter que, dans le domaine de la culture, les choses changent beaucoup – et changent en bien. Les différents ministres qui se sont succédé à la Culture ont eu beau multiplier les déclarations d’intention, clamer leur attachement à l’art et à la défense de notre patrimoine, tous se sont retrouvés pris dans d’insolubles problématiques, liées à des contraintes budgétaires bien sûr, mais aussi à des querelles ou des pressions d’ordre idéologique : quelle(s) culture(s) défendre ? Y a-t-il une forme, des forme(s) de culture(s) plus valable(s), plus digne(s) d’être défendue(s) que les autres ? Si l’on accorde trop d’importance à la culture dite « populaire », ne risque-t-on pas d’être accusé de démagogie ? À l’inverse, privilégiez une culture dite « classique » et vous serez immanquablement taxé d’élitisme…

Le problème, pourtant, ne se pose pas en des termes opposés de façon aussi caricaturale. Chacun devrait avoir accès à toute forme de culture, être capable de s’intéresser à toute la variété de musiques, de livres, de films, de peintures que l’histoire de l’art nous a léguée. Il est vrai cependant que les formes d’art les plus anciennes sont souvent les moins accessibles, parce qu’on en a plus ou moins perdu les codes ou les clés d’accès. Certaines formes d’art – dont l’opéra – demandent ainsi parfois une appropriation progressive, une initiation, voire un enseignement… Dans un monde où, surtout pour la jeune génération, tout se vit sur mode du « ici et maintenant », ce discours est peut-être difficile à entendre. Pourtant, combien de jeunes se privent-ils / sont-ils privés d’émotions dont ils ne soupçonnent pas même l’existence ni la force, et que pourraient leur apporter telle tragédie grecque, tel tableau de Goya, telle nouvelle de Pirandello, tel opéra de Mozart…

On ne va qu’assez rarement vers ce qu’on ne connaît pas. Il faut donc que ce soit la culture, dans ses formes les plus rares et/ou les plus exigeantes, qui aille à la rencontre du public, en faisant tomber les barrières – parfois souvent virtuelles – qui la tiennent éloignée du grand public. Rendre la culture « classique » accessible aux jeunes, ce n’est pas – ou pas seulement – inclure un ballet de hip-hop dans les Indes galantes. Tout au plus cette mesure permet-elle de faire dialoguer et de mettre en perspective de façon intéressante deux langages esthétiques différents. Mais en tant que procédé favorisant la venue des amateurs de musiques actuelles  à l’Opéra, elle reste pour le moins cosmétique… Allons plus loin et affirmons que les plus contents, dans l’affaire, seront sans doute, paradoxalement, certains spectateurs chevronnés, érudits et plus ou moins blasés, satisfaits de voir du nouveau, du « dépoussiérage » (quel concept laid et stupide…) et s’achetant à peu de frais une bonne conscience en se disant qu’un effort a été fait en direction du jeune public. Beaucoup plus riche, plus difficile aussi, mais ô combien plus efficace sur le long terme, est la démarche consistant à apporter les codes esthétiques d’un langage artistique à ceux qui n’ont pas la chance de les posséder. En d’autres termes, tout est affaire d’éducation et d’enseignement. Bravo aux très nombreux théâtres, musées, salles de concert ou opéras pour les très riches dispositifs pédagogiques qu’ils ont conçus et qu’ils mettent à la disposition de plus jeunes. Mais l’enseignement, ce sont avant tout bien sûr les établissements scolaires, écoles, collèges et lycées qui l’assurent. En cela, le retour annoncé (ou le renforcement ?) de l’histoire de l’art dans les programmes du secondaire est une excellente nouvelle. Elle devrait contribuer à renforcer l’enseignement artistique et culturel si maigrichon au collège et quasi inexistant au lycée. À condition toutefois que les conditions de son enseignement soient convenablement assurées. Et qu’on n’oublie pas, comme on le fait trop souvent, que l’Art, ou les arts, ne se résument pas aux seuls arts plastiques, aussi nobles et riches soient-ils !

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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