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Guilhem Worms, basse (très bien) chantante : « Vivement les diables… et Don Quichotte ! »

par Stéphane Lelièvre 7 mars 2021
par Stéphane Lelièvre 7 mars 2021
© Charles Plumey
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Après des débuts remarqués à l’Opéra de Paris il y a tout juste un an dans Yvonne, Princesse de Bourgogne, Guilhem Worms aurait dû retrouver cette saison la première scène nationale pour Carmen. La pandémie en a décidé autrement… Mais avec un peu de chance, il y aura Tosca (en mai-juin) ; et le jeune chanteur français à d’ores et déjà d’autres projets en vue… et des rêves plein la tête !
Rencontre avec un chanteur talentueux, sympathique et humaniste…

Comment êtes-vous arrivé au chant classique Guilhem Worms ?

J’ai grandi dans un milieu où la musique était très présente : tout petit, je pouvais écouter La Flûte enchantée ou Les Noces de Figaro ! En revanche, à partir de l’adolescence, la musique est restée importante mais je me suis tourné vers d’autres répertoires : les musiques populaires, ou l’ethnomusicologie à l’université… Le chant classique, ce n’était donc pas spécialement prévu au départ. Les choses se sont faites un peu par hasard, suite notamment à ma rencontre avec Pierre Mervant : je lui ai chanté un chant corse… et cela a débouché sur un an de travail avec lui ! À la suite de quoi il m’a présenté à Agnès Mellon, et puis les choses se sont enchaînées : École supérieure de musique de Dijon, CNSM de Paris où j’ai suivi la classe d’Yves Sotin…

Il vous reste quelque chose de vos premières amours pour le répertoire autre que lyrique ?
Bien sûr ! J’insère assez régulièrement des morceaux « traditionnels » dans mes récitals ou enregistrements, même si je ne travaille plus ce type de répertoire. Mais c’est resté un grand plaisir.

Comment s’est passée cette année de quasi non-activité artistique et musicale ?
Il y a des hauts et des bas… Je suis bien sûr déçu de n’avoir pu concrétiser certains projets, comme la Carmen de l’Opéra de Paris par exemple, ou ce récital que j’aurais dû faire en janvier avec Camille [Delaforge] à la Mairie du XIe arrondissement de Paris… Heureusement, je bénéficie de soutiens précieux, notamment celui de l’agence Backstage Opéra Management avec laquelle je travaille depuis 4 ans maintenant. Et puis finalement, cette situation me permet de travailler calmement, sereinement, et non dans le rush comme c’est trop souvent le cas : ayant des projets jusqu’en 2023, cela me permet d’anticiper et de travailler les œuvres bien en amont. Et puis voyons le côté positif des choses : ce temps libre me permet de me confronter à des répertoires, de travailler des rôles que je n’aurais pas la possibilité d’étudier (ou en tout cas pas aussi bien) en temps normal. 

Par exemple ?
Oh, il y a de nombreux exemples… De Rossini par exemple, je n’ai pour l’instant chanté sur scène que La Petite Messe et Le Barbier. Mais en travaillant, dans  quelque temps, je pourrais m’essayer à Mustafa, Assur,…

Y a-t-il un espoir que vous reproposiez ce récital annulé de la mairie du XIe ? Qu’auriez-vous dû y chanter ?
Oui, nous allons essayer de le proposer de nouveau car le programme nous tient vraiment à cœur : c’était de la musique française pas forcément très connue, avec par exemple des pages d’ Édouard Lalo, Guillaume Lekeu, Pauline Viardot, Clémence de Grandval, Alfred Bachelet,… Quoi qu’il en soit, je tiens vraiment à pratiquer le récital, même si c’est un genre qui n’est forcément très fréquenté par les basses. Pourtant, nous autres basses chantons souvent des rôles certes riches et intéressants, mais qui sont rarement des rôles de premier plan . Or le récital nous permet de travailler à la fois la souplesse de la voix (on peut travailler sur l’ensemble de la tessiture, ce qu’un seul rôle ne permet pas toujours), mais aussi l’endurance. En récital, vous construisez votre parcours, vous vous permettez de prendre des risques à tel endroit, de vous ménager à tel autre : en d’autres termes cela vous permet de connaître votre  instrument de façon bien plus complète et approfondie que lorsque vous interprétez un rôle. Je vais donc essayer de continuer à proposer des récitals, ne serait-ce que pour montrer qu’au concert, le répertoire des basses ne se cantonne pas au Voyage d’hiver ! Il y a encore tant de belles musiques à faire découvrir…

Récital / opéra : le plaisir est-il le même pour un chanteur ?
Oh non, c’est très différent ! Ce que j’adore à l’opéra, c’est ce que j’appellerais « l’effet de masse » : il faut être partout, tout le temps, avec tout le monde ! Avec l’orchestre, et en même temps au-dessus de lui, avec les collègues, … C’est complètement grisant. En récital, l’ambiance est évidemment on ne peut plus différente : on est dans un discours intimiste, et on dispose bien sûr d’une marge de liberté plus grande…

On est plus exposé en même temps, non ?
Oui mais cela ne me dérange pas. Les gens sont venus pour vous, pour un moment de partage… C’est comme cela en tout cas que je prends le récital : une façon de partager, très simplement, la musique que j’aime. C’est quelque chose qui, curieusement, ne génère pas de stress chez moi : j’ai choisi la musique, les gens sont venus pour m’entendre, toutes les conditions sont là pour que ce « partage » se passe bien. À l’opéra, la réussite du spectacle dépend de vous mais aussi de tous les autres ; et je dirais qu’il y a une pression bien plus forte sur scène. Évidemment, lorsqu’on parvient à oublier cette pression et qu’on devient véritablement le personnage qu’on interprète, c’est extraordinaire !

Comment définiriez-vous votre voix actuellement ?
Je suis à l’aise dans les emplois de basse chantante, mais aussi de certains barytons-basses. D’ici quelques années (10 ans ?) et avec du travail, je pourrai peut-être me diriger vers Hans Sachs ou le Hollandais. Quoi qu’il en soit je laisse venir les choses sereinement : je travaille, et j’observe comment ma voix évolue. En tout cas j’ai sans doute des affinités avec le répertoire romantique allemand : je m’en suis aperçu en chantant des lieder de Loewe, ou encore Kaspar du Freischütz. C’est un répertoire réputé fatigant mais dans lequel, lorsque je le travaille, je me sens paradoxalement plutôt bien… À suivre, donc ! Et puis il y d’autres rôles encore qui devraient en principe bientôt être possibles pour moi : les Méphisto de Gounod et Berlioz, par exemple.

Et Don Juan, après votre succès en Leporello ?
Sans doute… C’est en tout cas l’avis de mon professeur de chant, avec qui je travaille le rôle. Plus encore que Leporello (qui m’a donné un peu de fil à retordre, notamment pour son côté bouffe), ce rôle devrait me permettre d’exploiter les possibilités expressives de ma voix. Et puis il y a Don Quichotte. Un rêve… C’est peut-être mon personnage de fiction préféré ! Et je crois que la vocalité du personnage me correspond vraiment bien. Il me faut juste, peut-être, un peu plus de maturité.

Questions Quizzz...

1. Le rôle que, même dans vos rêves les plus fous, vous adoreriez chanter ?
Don Quichotte. Et les personnages de diables ! J’adore ça…

2. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le métier ?
Le fait de ne jamais s’ennuyer. (Sauf peut-être un peu en cette période !…)

3. Ce qui vous plaît le moins ?
Les egos.

4. Qu’auriez-vous pu faire si vous n’aviez pas chanté ?
Des arts martiaux.

5. Une activité favorite quand vous ne chantez pas ?
De l’escalade.

6. Une œuvre ou un artiste que vous appréciez tout particulièrement mais qui n’appartienne pas au domaine musical? 
Pollock. Et George de la Tour : je suis fasciné par tout ce qui est jeu avec la lumière.

7. Une cause à laquelle vous êtes particulièrement attaché ?
L’accès à la musique pour tous. Je m’y suis d’ailleurs personnellement consacré, en IME, en apportant la musique aux enfants en situation de handicap… Et aussi dans un institut en Inde : un film a été tourné, qui garde trace de cette expérience dont j’ai rapporté des souvenirs extrêmement forts…

Interview réalisée par Stéphane Lelièvre en février 2021

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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