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Les révélations des Victoires de la musique classique chantent l’amour aux Invalides

par Fanny Bousquet Balian 5 décembre 2020
par Fanny Bousquet Balian 5 décembre 2020
© Adami 2017 ; Océane Amiel
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Instrumentistes et chanteurs (Marie Perbost, Kévin Amiel) donnent un concert à huis clos aux Invalides...

Le samedi 12 décembre à 21h, Radio Classique diffusera le concert des révélations des victoires de la musique classique 2020 placées sous les auspices de l’amour, dans le cadre majestueux de la basilique Saint-Louis des Invalides. Donné à huis clos le 3 décembre 2020, ce concert vise à faire boire à son auditoire l’élixir d’amour et à ressentir, le temps d’une soirée, tous les aspects de ce sentiment intense aux multiples facettes.

Les jeux badins de l’amour sont d’abord illustrés par deux oiseleurs de choix : Gabriel Pidoux au hautbois, et Théotime Langlois de Swarte au violon. Bienveillant et dans un souci didactique, G. Pidoux explique que le thème de l’opéra de Mozart La Flûte Enchantée, dont ils interprètent « Der Vogelfänger bin ich ja » a été transcrit dans une réduction pour hautbois et violon par Mozart lui-même, qui s’attachait à devancer ses critiques. Les musiciens se montrent particulièrement dynamiques, leurs notes virevoltant au gré de la partition, ils s’adaptent à l’acoustique de la basilique et parviennent, grâce à leur promptitude,  à contrer l’écho démesuré des lieux. Après avoir joué l’amour frivole et champêtre de l’oiseleur, ils entonnent l’aria principal de la Reine de la nuit («Der Hölle Rache »), le son de leurs instruments se substitue à la voix et en rendent toutes les couleurs.

L’air magnifique « Una furtiva lagrima » est alors entonné par Kevin Amiel, ténor exceptionnel qui se montre particulièrement expressif, emporté par son air. L’arrangement orchestral qui substitue le hautbois au basson contribue à atténuer la portée dramatique du chant. En effet, la hauteur du hautbois, plus aigu que le basson, nous donne à entendre une aria moins sombre que l’original. Les notes tenues par le jeune ténor font entendre la majesté de son vibrato effectué avec facilité, sans forcer sur la voix.

L’amour s’est affermi, la pièce n°4 pour deux violons de Chostakovitch en atteste grâce aux jeux d’archets tout emplis de mélancolie de Raphaëlle Moreau et de Théotime Langlois de Swarte. Cette tristesse que l’on sent poindre annonce celle de l’amour perdu évoqué dans l’Elégie de Massenet, interprété par Kévin Amiel, Raphaëlle Moreau et Claire Désert au piano. Suite au jeu lascif et envoûtant du  violon, le ténor reprend le thème en soignant son articulation tout en déployant son coffre, faisant profit de l’acoustique en dépassant ses contraintes. Les croches pointées doubles rythment l’élégie où l’on perçoit des effets jazzy bien avant l’heure. Le crescendo final est clos par un decrescendo subito parfaitement maîtrisé.

La place est alors faite à la soprano Marie Perbost, qui chante l’amour à son tour avec « Une revue.  La dernière valse » de Hahn. L’amour est-il une aventure ? La soprano nous emmène dans sa valse effrénée, portée par une voix claire et généreuse. Soucieuse d’effectuer des coupures brèves sur ses finales pour ne pas être soumise à l’écho ambiant et accentuant les consonnes, la soprano parvient à maîtriser l’acoustique de la basilique avec naturel et expressivité. S’ensuit une interprétation minimaliste de L’âme évaporée de Debussy laissant tinter des nuances affûtées et des aigus cristallins. Enfin, la jeune soprano culmine dans le rôle de Pamina avec « Ach ich fühl’s » de La Flûte enchantée – elle rôle qu’elle a tenu récemment à l’Opéra de Tours (en mars 2019). Soignant particulièrement ses montées chromatiques, elle laisse entendre des notes claires et distinctes malgré l’écho. Ce qui est remarquable c’est qu’il n’y a pas de rupture de timbre ni de couleur vocale entre ses graves et ses aigus, elle chante de grands écarts de notes avec une voix toujours homogène.

Enfin, l’amour est à son comble : la musique réunit les deux amants en deux duos tout emplis de la personnalité des jeunes solistes. Kévin Amiel entonne « Esulti pur la barbara » de l’Elixir d’Amour de Donizetti avec beaucoup de plaisir et d’aplomb. La majesté qu’inspire sa puissance vocale et l’apparente facilité d’exécution de son chant réjouit l’auditoire. Les deux solistes se regardent et chantent l’un à l’égard de l’autre tantôt rieurs, tantôt joueurs, ils prennent du plaisir à chanter et ils en donnent à les écouter. Dans le « Non ti scordar di me » de de Curtis, Kévin Amiel colore sa voix de ses intonations diverses. Le chant est emporté, les forte sonnent glorieux.

Gabriel Pidoux revient alors sur scène calmer les ardeurs de l’Amour éclatant par le calme pastoral de l’amour constant, évoqué par Saint-Saëns dans le deuxième mouvement de sa sonate pour hautbois, composé en 1921. Si l’instrumentiste déplore que Saint-Saëns ait laissé si peu de partitions pour hautbois, il prend un soin particulier à exécuter cette sonate, alternant les notes tenues retentissant dans le lointain et les notes légères virevoltant dans les verts pâturages. Une fois de plus, l’écho de la basilique est dompté.

Avant le finale qui réunit tous les musiciens, Raphaëlle Moreau nous propose un solo au violon virtuose agrémenté de descentes chromatiques pianissimo très subtiles. Ciboulette de Hahn est à l’honneur pour le finale exécuté avec engouement par les six musiciens. Parfois le dosage des voix chantant par à coups pour contrer l’écho tout en s’affirmant, sans prendre le dessus sur les autres instruments ? met à mal l’homogénéité de la ligne vocale des chanteurs. Toutefois, cela contribue aussi à donner davantage de dynamisme rythmique à un finale plein d’entrain.

Le prochain concert qui se déroulera à la cathédrale Saint-Louis sera consacré aux grands airs de Puccini. Les prochains interprètent parviendront-ils à allier lyrisme, puissance et subtilité tout en faisant face à l’écho ? C’est à cette prouesse que sont parvenus les jeunes talents des Victoires de la musique classique 2020 avec l’expression d’un amour manifeste pour leur art enchanteur.

Les artistes

Marie Perbost, soprano
Kevin Amiel, ténor
Gabriel Pidoux, hautbois
Raphaëlle Moreau, violon
Theotime Langlois de Swarte, violon
Claire Désert, piano

Le programme

– Donizetti, « Una furtiva lagrima » (L’Elixir d’amour)
–
Massenet, Élégie
– Hahn, Une revue. La dernière Valse
– Mozart, « L’amerò, sarò costante » (Il re pastore, K208)
– Donizetti, « Esulti pur la barbara » (L’Elixir d’amour)
– Chostakovitch, 2 Pièces pour 2 violons
– Saint-Saëns, Sonate pour hautbois – 2e mouvement
– Mozart, Der Hölle Rache et Der Vogelfänger bin ich ja (La Flûte enchantée)
– De Curtis, « Non ti scordar di me »
– Debussy, L’âme évaporée
– Finale : Hahn, Ciboulette

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Fanny Bousquet Balian

Fanny Bousquet l'opéra au sein du chœur d'enfants de l'opéra de Nice sous la direction de Philippe Négrel. Elle intègre ensuite les classes de chant maîtrisien et de chant lyrique soliste du conservatoire de Nice. Après trois années de classes préparatoires littéraires, elle consacre son mémoire de Master à la question de l'altérité à travers la voix dans l'opéra Turandot. Elle est licenciée d'arménien et mène une activité de journaliste culturelle, particulièrement sensible à la notion d'orientalisme.

1 commentaire

Jacqueline GRASSET 7 décembre 2020 - 17 h 32 min

super compte rendu ! bravo !

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