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Partenope : Morricone, au-delà du cinéma, dans un opéra-oratorio pour Naples !

par Hervé Casini 23 décembre 2025
par Hervé Casini 23 décembre 2025

© Luciano Romano – Teatro di San Carlo

© Luciano Romano – Teatro di San Carlo

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Partenope, Naples, Teatro san Carlo, vendredi 12 décembre 2025.

Au Teatro San Carlo, plus vieille maison d’opéra d’Europe, la première mondiale d’une œuvre lyrique unique qui célèbre la ville et sa sirène fondatrice.

Une mise en scène raffinée et d’une belle dimension poétique

Comme l’on pouvait s’y attendre, en ce vendredi 12 décembre, une grande majorité de napolitains mélomanes, membres des corps constitués, simples curieux voire touristes avaient pris leurs billets pour assister à un évènement, tout de même pas si fréquent : la création mondiale d’un opéra inconnu, certes, mais signé de l’un des monstres sacrés de la musique de film – Ennio Morricone ! – portant, surtout, sur l’un des mythes fondateurs de la cité napolitaine : la légende de la sirène Parthénope – Partenope en italien donc – dont la dépouille mortelle vient s’échouer sur les côtes de Néapolis, après l’humiliation subie par la résistance opposée par Ulysse et ses marins, parvenus à résister à son chant et à celui de ses sœurs.

La metteuse en scène Vanessa Beecroft, qui dans la note d’intention figurant dans le luxueux programme de salle met davantage l’accent sur la métamorphose de la sirène que sur sa prétendue déchéance, inscrit la légende de Partenope dans un projet visuel plus suggestif que narratif – d’où le fait que la terminologie d’« opéra » ne paraît guère adaptée pour désigner cette partition, assez proche d’un oratorio -, et s’appuie, en particulier, outre des costumes sculpturaux et… parfois transparents co-signés avec Daniela Ciancio, sur les superbes éclairages de Nunzio Perrella qui plongent le spectateur dans un monde d’onirisme antique faisant songer à la peinture préraphaélite et au célèbre tableau de Gustav Klimt, Nuda Veritas (1899).

Cela a déjà était écrit par nos confrères italiens : Vanessa Beecroft considère Naples comme un miroir qui, lui-même, n’est autre que Partenope. Si l’on en doutait, on ne s’étonnera donc plus de constater l’engouement de cette cité pour le chant… depuis 2500 ans !

Sauf que pour apprécier cet ouvrage, pendant les quelque 60 minutes d’acte unique, il faut oublier toute écriture vocale classique au service d’une action scénique – comme c’est la plupart du temps le cas dans un opéra, même dans les plus statiques ! – et se concentrer davantage sur le texte, fort en symbolisme, de Guido Barbieri et Sandro Cappelletto – présents dans la salle et aux saluts -, certes chanté par les deux solistes interprètes du rôle-titre, absorbées par la lecture de leur partition, et par le chœur de femmes, mais laissant surtout à un narrateur le soin de donner un semblant de théâtralité à l’ensemble, dans un parler napolitain censé incarner l’incrédulité des habitants de la cité face à sa mythologique ascendance !

Tout à la fois créature céleste et terrestre – sirène, femme, femme-oiseau – Partenope est avant tout, dans cette conception, une femme qui ne cesse de disparaître pour réapparaître sous des formes différentes, n’appartenant à aucun monde, descendant dans les abysses pour y trouver Perséphone – dont la présence se limite à des interventions parlées enregistrées, ainsi que le précise le livret – s’unissant à Melanio et finissant par choisir la chute… d’où finira par naître la cité parthénopéenne !

Malgré, de notre point de vue, un certain statisme, la mise en scène demeure suggestive et poétique, fonctionnant avant tout sur l’impact d’images fortes – celles, en particulier, suggérant par le geste chorégraphique signé Vanessa Beecroft et Danilo Rubeca le sacrifice de la chasteté au bénéfice d’ailes nécessaires pour voler vers les Enfers et Perséphone.

Une partition souvent hypnotique entre minimalisme et langage musical modal, dirigée par un Riccardo Frizza particulièrement investi

Stylistiquement marquée par la Nuova Consonanza, courant auquel adhérait Morricone, Partenope est la seule œuvre lyrique, terminée en 1996, par le compositeur mythique d’Il était une fois en Amérique. Bien évidemment, il faut oublier ici le Morricone du Septième Art mais se rappeler, par contre, que comme son compère Nino Rota, le compositeur romain fit ses classes dans les grands conservatoires italiens et fut nourri de musique savante dans ses jeunes années, ayant en particulier suivi les enseignements de Goffredo Petrassi. Musicien érudit, Morricone fait ainsi preuve, dans Partenope, de sa maîtrise du contrepoint modal de l’école romaine.

À la tête des forces orchestrales du Teatro San Carlo, Riccardo Frizza fait preuve d’une grande rigueur stylistique et met en évidence les staccati et le côté dissonant, davantage chambriste que symphonique, de cette partition qui fait souvent la part belle au chœur féminin – très bien préparé par Fabrizio Cassi – voilé et placé hors scène, mais toujours précis dans des attaques pas toujours faciles.

En outre, l’atmosphère mythique et primitive du thème de l’ouvrage se construit par l’usage dramatique des bruissements et frémissements orchestraux mis en relief par les percussions et l’absence de violons – un comble cependant quand on connaît la musique de films de Morricone ! – insérant, à l’occasion, des digressions populaires – tarentelles de réminiscence napolitaine – dans une structure formelle alternant chant et parole, hybridation stylistique d’une belle modernité, même si pas totalement exploitée selon nous.

Deux Partenope pour un même mythe

Dans le rôle-titre, on retrouve deux habituées de la scène du San Carlo : Jessica Pratt (Partenope 1) et Maria Agresta (Partenope 2), auxquelles il revient d’incarner le dualisme du personnage : de la passion latente à la chasteté profanée. La Pratt séduit par la richesse du phrasé, la subtilité du timbre et quelques aigus percutants chez cette belcantiste chevronnée quand l’Agresta captive, comme à son habitude, par sa maîtrise des écarts de registres, ses graves soignés et sa luminosité vocale. Le second duo entre ces deux protagonistes de luxe est d’une belle efficacité dramatique.

Francesco Demuro, pour sa part, campe un Melanio bien chantant quand Désirée Giove demeure, ici, dans un rôle parlé-chanté.

Quant à Mimmo Borrelli, narrateur en napolitain, il impose une parole dramatique, colorée et nuancée, soutenue par un langage gestuel toujours soigneusement maîtrisé : l’un des réels plaisirs de la soirée !

Au final, sans être une œuvre destinée à se maintenir au répertoire, un titre qui aura rencontré son public napolitain et qui, par son indéniable mystère, aura connu un beau succès auprès d’une large partie des fidèles du Teatro San Carlo.

Les artistes

Partenope 1 : Jessica Pratt
Partenope 2 : Maria Agresta
Melanio : Francesco Demuro         
Persefone : Désirée Giove
Le narrateur : Mimmo Borrelli

Orchestre du Teatro San Carlo, direction : Riccardo Frizza
Chœur du Teatro San Carlo, dir. Fabrizio Cassi
Mise en scène : Vanessa Beecroft
Costumes : Vanessa Beecroft et Daniela Ciancio
Lumières : Nunzio Perrella
Chorégraphie : Vanessa Beecroft et Danilo Rubeca

Le programme

Partenope. Musica per la sirena di Napoli.

Opéra en un acte d’Ennio Morricone, livret de Guido Barbieri et Sandro Cappelletto, créé au Teatro San Carlo de Naples le 12 décembre 2025.
Naples, Teatro san Carlo, représentation du vendredi 12 décembre 2025.

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Maria AgrestaVanessa BeecroftJessica PrattFrancesco DemuroRiccardo Frizza
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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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